Rencontre avec Karine Lalieux

Karine Lalieux est Député fédérale du Parti socialiste et Echevine de la culture et de la propreté à la ville de Bruxelles.

Elle a accepté de livrer son regard sur la communauté africaine de Belgique, évoque ses actions en RDC et donne son point de vue sur le projet à controverse de la place « Lumumba » à Bruxelles. Au premier plan ces derniers mois pour dénoncer le scandale financier au sein du cabinet de la ministre des transports et de mobilité Jacqueline Galant, Karine Lalieux a fait de l’exclusion son combat. 

Quel est votre regard global sur la communauté africaine de Belgique ?

Il s’agit d’abord de citoyens comme tous les autres, on les retrouve dans tous les milieux économiques et culturels. Évidemment il y a des quartiers qui sont plus identifiés subsahariens, mais les africains sont présents partout, y compris dans toutes nos institutions publiques. Ce qui est beau à Bruxelles c’est qu’on n’est plus étonné d’avoir des personnes d’origines différentes derrière un guichet de banque par exemple. Même si on sait qu’il y a parfois des problèmes d’intégration, à côté de cela il y a des dizaines de milliers de personnes qui ont parfaitement réussi leur intégration. Il y a encore et il ne faut pas le nier, des problèmes de discrimination chez les jeunes surtout, mais quand ils ont leurs diplômes, je ne pense pas qu’ils soient encore confrontés à cette discrimination.

La lutte contre les exclusions se révèle de par votre parcours politique comme une priorité. Pourquoi avoir choisi cet axe?

Quand on s’engage au parti socialiste avec des valeurs progressistes de gauche, d’égalité des chances… On doit tout faire pour arriver à ce que chacun puisse s’épanouir dans la société. Il n’est pas normal qu’on puisse être exclu du logement, de la culture, du travail, il faut ouvrir ces portes. Comme je le dis toujours, une personne qui se sent bien dans sa vie, dans sa peau, reconnu et respecté par les autres, c’est quelqu’un qui va vivre aussi dans le respect de l’autre et dans la solidarité. Nous souhaitons un développement harmonieux dans les quartiers, pas un environnement de conflit ou d’opposition comme le fait ce gouvernement fédéral actuel qui monte les gens contre les autres, les réfugiés contre les sans abris, les chômeurs contre ceux qui sont au CPAS… Ces tensions créées entre les uns et les autres n’a pour rôle que de faire passer des politiques de droite. Je suis triste de cette situation depuis plus d’un an. Les tensions de tout type sont portées par les membres de ce gouvernement.

Parlez-nous de votre collaboration avec la ville de Kinshasa lorsque vous étiez Echevine (adjoint au maire) de l’informatique en 2012.

La politique de la ville de Bruxelles est de réserver une petite part de son budget à la coopération au développement. Nous savons que c’est une compétence du fédéral et de la région, mais nous, à notre petit échelle, on essaye de faire des partenariats avec les communautés les plus représentées comme le Maroc et la RDC. Dans ce partenariat, nous allons directement sur le terrain, jamais on ne rentre dans la politique politicienne du Congo. Nous avons envoyé des ordinateurs, ainsi que des informaticiens à Kinshasa, donner des formations. J’ai été heureuse de développer aussi le volet propreté. Nous y avons envoyé des camions pour déboucher les égouts. Ces camions sont parfois déclassés ici après 5 ans alors que la plupart fonctionne encore bien. Nous avons donné des formations en matière de propreté publique. Nous avons fait un grand projet d’assainissement du marché de Matété à Kinshasa où nous avons posé du béton partout, en organisant le tri de déchets et en réorganisant ce marché qui était considéré comme abominable en matière de salubrité publique.

Quelle est votre position par rapport au projet de baptiser une place « Lumumba » à Ixelles comme porté par un collectif de citoyens depuis quelques années ?

On sait la triste histoire de Lumumba, on sait quel a été son combat pour la démocratie et comment il a été lâchement assassiné avec la responsabilité sans doute de la Belgique aussi. Il faut reconnaître à un moment donné les erreurs et les crimes qu’on a pu commettre ailleurs. Cela grandit tout le monde. Le Parti socialiste a toujours été pour cette reconnaissance et je pense qu’à Ixelles le MR étant au pouvoir, ce sont les libéraux qui ne voulaient pas en entendre parler. C’est important d’en parler, j’ai toujours été pour que cette histoire soit enseignée dans les écoles aux cours d’histoires. On sait tout sur la préhistoire, le moyen âge… il est temps de raconter une histoire contemporaine qui ne s’arrête pas à la deuxième guerre mondiale. C’est aussi l’histoire de la colonisation. C’est important de donner ces clés à nos jeunes adolescents pour qu’ils puissent décoder la difficulté du monde actuel qui est tellement complexe aujourd’hui plus qu’avant.

Il existe une nouvelle droite montante au sein de la communauté africaine qui estime que le parti socialiste jouerait sur la misère des afro descendants pour s’installer.

Les valeurs de gauche et de droite sont des valeurs qui traversent le monde entier. Que l’on soit d’origine subsaharienne, marocaine ou latino… en fonction de son vécu, on peut être à droite ou à gauche. Ce n’est pas parce qu’on est africain qu’on doit forcément être à gauche. Il y a pas mal de chefs d’entreprises ou indépendants marocains et africains qui sont à droite et il n’y a aucun problème. Par contre, je trouve que c’est méprisant pour cette communauté de les croire stupides pour voter bêtement pour le PS. Que des populations qui ont des difficultés à vivre, des difficultés de discriminations, qui ont besoin d’allocations sociales, qui ont des difficultés de santé, qui veulent faire des regroupements familiales soient plus proches des valeurs de gauche, c’est normal. Quand vous voyez le quart monde de Charleroi, ils votent l’extrême droite malheureusement, mais ils votent surtout la gauche. Quand le parti ouvrier est né, c’était pour aider la classe ouvrière qui était méprisée par les patrons. C’était pour défendre les personnes fragilisées, y compris les classes moyennes. Les gens savent que nous les défendons quand on défend la sécurité sociale. Quand nous défendons le droit au chômage à durée indéterminée ce n’est pas parce qu’on défend les glandeurs, c’est parce qu’on sait qu’il n’y a pas d’emploi pour tout le monde. Le jour où il y aura de l’emploi pour tous, je veux bien qu’on en rediscute.

Quand nous défendons les allocations familiales, c’est parce que c’est important pour les familles qui ont des difficultés ; car il faut le dire, un enfant ne vaut pas un autre. Un enfant né à Waterloo dans une villa quatre façades avec ses deux parents qui travaillent, avec la possibilité d’aller en vacances de ski, n’équivaut pas à un enfant qui vit chez moi à Molenbeek en appartement avec 5 frères et des parents au chômage. C’est à nous de créer les conditions pour que cet enfant puisse à un moment donné devenir médecin ou cadre d’entreprise et c’est cela le socialisme !

Où puisez-vous autant d’énergie pour être présente sur tous ces fronts ?

Je suis arrivée dans ce métier un peu tard, car j’étais professeur d’université pendant 12 ans. Si on n’a pas de conviction, d’empathie à donner et de temps de réflexion, on ne peut pas faire ce métier. Le jour où je perdrai ma passion j’arrêterai tout. Tant qu’on ne fait pas ce job par opportunisme, on a de l’énergie.

Vous iriez boire un verre avec madame Jacqueline Galant ou Bart De Wever ?

Je choisirai sans hésiter madame Galant. Mr De Wever est un type de la droite extrême, c’est quelqu’un qui n’aime pas la Belgique et qui aime diviser. Malgré les difficultés que j’ai rencontrées avec madame Galant, on n’a pas les mêmes valeurs, mais c’est une démocrate et je préfère de loin aller boire un verre avec elle.

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1 Commentaire
  • El maliji omar
    septembre 9, 2016

    Bjr ma chère madame bravo pour tout ceux que vous fai et le nouveux plan centre ville je voudrai avoir une autorisation svp de voutre part je suit un artiste peintre de puis 35an qui fau des très belle chause je viudrai metre de la couleur joi ou centre ville jai plus de 45 tableux tout les jour et pousible avoir une dérogation svp merci El maliji Omar 0486882851 vous pouvez venir les voire 35 r du l’avoir 1000 bxl maison de quartier bxl du lundi ou vendredi de 9 à 17h00 merci