Jacky Rapon face à Brukmer : »Sam fan Thomas m’a beaucoup influencé »

Le lover antillais était de passage à Bruxelles pour un spectacle. L’auteur de « doucement », « t’en vas pas », « amor amor » et plusieurs autres chanson zouk « love » à succès s’est confié au micro de brukmer. Jacky Rapon nous parle de lui, du Cameroun, de sa musique, et de son nouvel album « cordes sensibles »

bonjour Jacky, brukmer se fait un plaisir de te recevoir

L’honneur est partagé.

Tu es très aimé au Cameroun, en es-tu conscient ?

Oui c’est vrai j’ai eu l’occasion d’aller au Cameroun trois fois déjà , mais la dernière fois c’était il y a 8 ans. Je sais qu’au Cameroun j’ai un bon fan club.

On a l’impression que tu n’aimes pas te mettre sous la lumière, toujours dans l’ombre, on ne te voit pas beaucoup dans les médias pupulaires, est-ce volontaire ?

Écoute, si les médias ne m’invitent pas, je ne vais pas m’imposer aux médias. L’artiste ne doit pas courir après les médias. Il y a d’autres pays comme le Burkina, le Gabon, le Niger ou le Mali, dans ces pays là, à ma sortie d’avions les médias sont déjà là. Au Cameroun ça se passe autrement, je ne sais pas pourquoi, mais en tout cas, à chacun de mes voyages, j’ai été très fier et très flatté de l’accueil qui m’était réservé.

Tu es encore un des seuls artistes zouk à faire du zouk pure et peu commercial, comment tu fais pour maintenir le cap ?

Déjà le zouk c’est la musique de chez moi, puisque je viens des Antilles, et puis je suis fervent défenseur de la musique carraibéenne. C’est vrai qu’a travers le zouk on trouve plusieurs styles, un peu de salsa, de bigin, du sokar et beaucoup de musique africaine. En clair, il faut dire que le zouk est une dérivée de la musique africaine, qu’on le veuille ou pas, et on en est très fier. Je ne suis pas du tout le courant de la mode, j’ai jamais été dans la mouvance, je fais la musique comme je la ressens, avec mes tripes et ma sensibilité et ça donne les chansons que tout le monde connait.

Raconte nous tes débuts

J’ai commencé au collège, je faisais partie d’un groupe aux Antilles, puis je suis allé en france pour parfaire ma technique vocale, ensuite, j’ai fait partie de quelques groupes dans la région parisienne avant d’évoluer en solo dans les années 95.

Tu es l’auteur d’une chansson acoustique très profonde « ils ont sali mon passé  » dans laquelle, tu fais un Feedback sur l’esclavage, la traite des noirs, quel est ton réel sentiment vis-à-vis de cela aujourd’hui, beaucoup de rancœur ?As-tu pardonné ?

Chez nous on dit , pardonner n’est pas oublier. Pas de rancœur ni de rancune, mais pardonner c’est faire en sorte que ça ne se reproduise plus ; c’est une partie de notre histoire, il ne faut pas la nier et je pense qu’il serait temps que les esclavagistes et les colonialistes reconnaissent leurs fautes et les dégâts qu’ils ont causé.

Cette chanson qui est tout de même assez crue, ne t’a t-elle pas attiré des foudres ?

Je n’ai eu que des remarques positives, aucune négative ou désagréable jusqu’à présent. Elle a presque fait l’unanimité.

Nous ne pourrons pas manquer d’évoquer la qualité de tes textes. D’où te vient l’inspiration ?

Je suis littéraire au départ, j’ai toujours aimé la poésie, l’écriture, et puis comme je disais, j’écris ce que je ressens. De plus, toutes mes chansons sont inspirées de mes histoires vécues. On ne peut mieux parler que de choses vécues. Ce sont des chansons anecdotiques.

Mais… tu as vécu autant d’histoires d’amour ?

Tout à fait !

Jacky, avant de te rencontrer, j’ai eu à parler à plusieurs femmes et toutes ont eu la même question au bout des lèvres : Dans la vraie vie, es-tu aussi doux et romantique que dans tes chansons ?

(Éclats de rire) Je suis dans la vie comme je suis dans mes chansons, comme je suis sur scène, posé, pondéré, calme. Je suis un éternel romantique, je suis un sentimental, j’ai la sensibilité à fleur de peau. Ça ne m’empêche pas d’avoir des défauts, je pique des colères quand il le faut.

Sentimental mais prédateur, guerrier, beaucoup de conquêtes quand même.

Pas plus de conquêtes que les autres, pas guerrier, pas prédateur, mais je suis…du genre à me laisser faire quand ça m’arrange.

Pour l’instant, tu es un cœur à prendre ?

La musique déjà prend tout (rire)

Plus sérieusement, car elles ne seront pas très satisfaites de ta réponse.

Disons qu’il y a toujours moyen, dans la mesure ou les sentiments ne se maîtrisent pas. Quand on croit être pris, on ne l’est pas. Au détour d’une rue on se rend compte que finalement, le cœur qu’on croyait pris ne l’est pas.

Il y a plusieurs âmes sœurs ?

Oui je pense, mais avec plusieurs graduations et d’échelles de sentiments. Tout est possible dans la vie !

Tu fais souvent des reprises et tu en fais de magnifiques en chansons françaises…Mais que répondrais-tu à celui qui affirme que reprendre des chansons c’est un manque d’inspiration, c’est une faiblesse, un manque d’efficacité ?

Moi on ne me l’a jamais dit en face mais en fait, l’efficacité est là par ce que c’est une formule que beaucoup ont essayé de reprendre. j’ai été le premier à le faire, c’est-à-dire, reprendre des chansons françaises en medley, d’autres ont essayé de faire pareil ; je suis fier d’avoir créer une sorte d’émulation. Reprendre une chanson c’est prendre beaucoup de risques, il faut pouvoir la reprendre, sans la dénaturer, sans l’écorcher et il ne faut pas faire moins bien que l’original. Ce n’est pas si facile que ça. L’efficacité est là, puisque les gens adhèrent. En tout cas c’est une formule sous laquelle on m’aime bien.

Que dis tu du zouk actuel, celui d’mcm ?

Le monde change, la musique change, le zouk avec, c’est normal. Même si je pense que le zouk perd de son authenticité, d’ailleurs, je me suis rendu compte que les gens aiment plus encore le zouk des années 80-90. Les jeunes eux sont dans leur mouvance, et c’est normal. Mais les gens cherchent le zouk telque Kassav l’a créé et les jeunes devraient faire attention à cela.

Justement quels sont les artistes zouk qui t’ont influencé ?

Kassav, c’est clair ! phil Contrôle, Eric Broutard, pour ne siter que ceux là.

Et comme artistes camerounais tu en connais ?

Oui , l’ancienne génération, Guy Lobé, Moni Bilé, Sam fan Thomas, c’était des bons. Si tu écoute bien, il y a des schémas de guitare makossa dans le zouk. En nouvelle génération je ne connais que Petit Pays et Douleur, sans oublier la femme du peuple « K. Tino » que j’aime pour son caractère et sa personne, son feeling, son naturel.

Tu connais le contenu de ses chanssons ?

Oui tout à fait, je l’ai rencontré, à Yaoundé, elle m’a parlé de tout cela. C’est vrai il y en a qui ne l’aiment pas, on la trouve vulgaire, grossière, mais moi je l’adore cette femme !

En tout cas, sam fan thomas m’a beaucoup influencé, dans le rythme, dans mon chaloupé, d’ailleurs Kassav même le reconnait, il est exceptionnel. En Afrique je n’oublie pas meiway que je trouve très très fort ! je l’adore, il est incroyable, autant artistiquement que humainement.

les promoteurs de la soirée, Alain Ekodo et Christophe Kingoum à droiteTu compte faire une visite au Cameroun entre temps ?

J’aurai beaucoup aimer, mais on ne m’invite plus au Cameroun depuis je ne sais pas pourquoi. Le Cameroun me manque et les femmes camerounaises sont très douces et bonnes.

Ton avis sur la ressente élection d’Obama ?

Halala ! c’est une partie de l’histoire du monde qui se termine. Je suis très croyant tu sais, et je pense qu’au-delà de l’élection de l’homme, c’était un projet de Dieu de mettre un noir à la tête de la première puissance du monde et j’en suis très fier. Je crois que le monde comprendra désormais que la couleur de peau n’est qu’une façade.

Un mot sur ton nouvel album ?

Le nouvel album est à l’image de tous mes voyages, on trouve du Zouk pur, Zouk love ! le titre est « cordes sensibles », il est un peu plus chaloupé que d’habitude beaucoup plus dansant, mais pas moins sentimental en tout cas. C’est un album que j’ai mis 3ans à préparer. 14 chansons travaillée et retravaillées.

Interview réalisée par Nel Nziemi Tsopo

Source: Brukmer.be

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