Elections Cameroun : 10 propositions faites aux candidats

Les auteurs : Un collectif de jeunes camerounais dits amoureux de leurs pays. Ils brossent en 10 points, les attentes vis à vis de leurs prochains dirigeants

Promis à un brillant avenir dès son accession à l’indépendance en 1960, les multiples crises politiques et économiques qu’a traversées le Cameroun depuis cinquante ans n’ont pas permis à notre pays de se hisser au rang que les Camerounais estiment être le sien. Toujours locomotive de l’Afrique centrale, le Cameroun continue malheureusement d’évoluer bien en deçà de ses énormes potentialités.

A l’approche de l’élection présidentielle du 9 Octobre prochain et parce que le débat politique se doit d’être ouvert à toutes les filles et tous les fils de la Nation, nous avons décidé, en tant que citoyens camerounais, d’y apporter notre modeste contribution à travers quelques propositions que nous jugeons fondamentales pour un développement durable et participatif dans notre pays.

Les thèmes clés de nos propositions tourneront autour de la préservation des pans stratégiques de notre économie, de l’instauration d’une politique de transparence économique et de l’amélioration du climat des affaires, préalables selon nous à la relance économique. Ces propositions seront avant tout indicatives des orientations cadres que nous souhaitons voir l’État prendre. Elles s’adressent principalement aux candidats à l’élection présidentielle qui, en s’engageant à les mettre en oeuvre, s’assureront le large soutien des différents pans de la société amerounaise.

L’amélioration du climat des affaires devra permettre de relancer la machine économique en rendant la destination Cameroun plus attractive pour les investisseurs. Ces investissements supplémentaires ainsi attirés permettront notamment de stimuler le développement des industries manufacturières, de l’exploration et l’exploitation dans les secteurs énergétique et minier ainsi que l’amélioration des infrastructures routières et de télécommunications.

La transparence devra être un des autres principaux crédos de l’action gouvernementale : informer le public sur ce qui est fait, sur ce qui fonctionne et ce qui fonctionne moins, ainsi que sur les mesures correctives adoptées. Cette transparence et son pendant, la lutte contre la déresponsabilisation, devront être mises en oeuvre dans toutes les entités publiques afin d’en faire des modèles de bonne gouvernance pour le reste de la société.

La préservation du patrimoine économique de notre pays consistera, dans un contexte où il serait contre-productif de fermer le notre pays aux investisseurs étrangers, à garder le contrôle des secteurs de notre économie désignés comme stratégiques, tout en les exposant aux meilleurs standards internationaux. Cette préservation de nos secteurs stratégiques, à ne pas confondre avec un protectionnisme de principe, s’inscrira dans une logique de coopération totale et équitable entre investisseurs internationaux, acteurs locaux et État.

Les propositions que nous rendons publiques ici ne sauraient constituer un programme de gouvernement en soi. Elles ne constituent qu’un modeste recueil d’orientations exemptes de clivages partisans et issues d’un groupe de profonds patriotes, observateurs de la vie politique, et soucieux du développement de notre magnifique pays. Puissent ces orientations être mises en oeuvre pour l’avenir ou, tout au moins, susciter un véritable débat national sur le Cameroun que nous voulons pour demain.

Les 10 propositions aux candidats pour le Cameroun de demain :

Patriotisme économique

Mesure 1 : Définir des secteurs stratégiques pour la souveraineté de l’État et limiter dorénavant à 49% la prise de participation étrangère dans les entreprises liées à ces secteurs (propriété foncière, énergie, ressources naturelles…)

Mesure 2 : Créer une régulation « local content rule », obligeant les entreprises à capitaux majoritairement étrangers opérant sur le territoire à favoriser l’accès des populations locales aux fonctions dirigeantes et à assurer un transfert de compétences dans leur politique d’achat et de soustraitance (secteurs pilotes à définir avec extension à l’ensemble du tissu économique) Bonne gouvernance

Mesure 3 : Limiter à deux mandats successifs les postes électifs au Cameroun (députés, maires, président de la République…), proscrire le cumul de mandats électifs et mettre en oeuvre avec le concours de la société civile un code électoral unique

Mesure 4 : Renforcer la lutte contre le tribalisme à travers : · la création d’un observatoire contre le tribalisme en charge de recenser les actes de discrimination ethnique soumis par les victimes sur l’ensemble du territoire

· l’inscription des discriminations liées à l’ethnie comme délits de droit commun dans le code de procédure pénale ;

· la révision des conditions d’admission dans les établissements publics sur concours en découpant le quota d’admis en deux tranches : l’une, majoritaire, composée des admis exclusivement au mérite sans tenir compte de l’ethnie et l’autre, minoritaire, composée des admis sur la base des répartitions régionales en vigueur actuellement ;

· l’instauration de l’obligation dans tout établissement public secondaire d’apprendre une langue locale étrangère à la région d’enseignement à partir de la 4ème. Amélioration du climat des affaires et transparence économique

Mesure 5 : Déclarer les superficies de terres arables actuellement détenues par des capitaux locaux, étrangers et par l’État et réévaluer chaque année la superficie de terres arables disponibles au Cameroun

Mesure 6 : Émettre systématiquement un appel d’offre international, dument publié au journal officiel, pour toute attribution de nouvelle licence liée à l’exploitation des mines, de l’énergie et de toute autre ressource naturelle. Les processus et critères d’attribution seront partie intégrale des termes de l’appel d’offre. Les résultats seront également publiés au journal officiel, de même que les termes du contrat ou de la licence une fois attribués. A offre technique similaire, la licence d’exploitation sera attribuée en priorité à l’entreprise ayant découvert le gisement si sa proposition financière n’excède pas de plus de 15% celle de l’entreprise la moins disante.

Mesure 7 : Augmenter la capacité de traitement du guichet unique des entreprises (hommes, moyens technique, NTIC) avec pour objectif de réduire les délais de création d’entreprise à 7 jours à d’ici a fin décembre 2012

Développement

Mesure 8 : Rendre accessible la propriété et au capital : Tout terrain non privé, occupé de façon continue pendant 5 ans, bâti, servant de commerce ou d’habitation, donnera droit de propriété à son occupant et exploitant à la condition que celui-ci ne soit détenteur d’aucun titre foncier dans son patrimoine, afin d’en limiter l’accès aux populations les plus démunis.

Mesure 9 : Renforcer la lutte contre l’insécurité routière par : · la mise en place d’un régime de licences d’une durée de 6 mois renouvelables à attribuer aux transporteurs exclusivement pour le régime particulier des voyages de nuit. Les transporteurs qui n’auront pas especté certains critères de circulation (échec aux alcootests inopinés au départ des bus, quota fixé d’accidents ayant entrainé la mort dépassé, non respect des prérequis techniques pour les véhicules, etc) pourront voir leurs licences non renouvelées.

· Le balisage du triangle routier qui génère le plus d’accident (Douala-Yaoundé-Bafoussam) avec la création de bandes d’arrêt d’urgence, le déploiement de panneaux de signalisation sur les artères particulièrement dangereuses et la mise en place de lampadaires sur les portions de route où le manque de visibilité accroit considérablement le risque d’accident ; ce en attendant la mise en place complète d’infrastructures routières telles que des autoroutes.

Mesure 10 : Faire de l’éducation, du numérique, de l’agriculture et de la santé, des grandes causes nationales

1. Éducation a. Garantir l’accès a une éducation gratuite et obligatoire jusqu’à la classe de 3e au minimum

b. Octroyer systématiquement des bourses d’étude de 5 ans dans les universités nationales pour tous les bacheliers titulaires de la mention assez bien au minimum

c. Rénover et mettre à niveau les infrastructures (résidences étudiantes, bâtiments, bibliothèques, laboratoires) et équipements dans les établissements d’enseignement public, avec un minimum d’un ordinateur pour 15 étudiants dans le supérieur et d’un pour 30 dans le secondaire

d. Assurer une parfaite indépendance du système éducatif vis a vis de l’appareil politique.Les recteurs ne doivent plus être nommés par le gouvernement mais désignés parmi les enseignants les plus gradés.

e. Revaloriser les filières professionnelles et rendre plus cohérent le système de formations supérieures avec les besoins du marché du travail

2. Numérique

a. Déployer la fibre optique dans la totalité des administrations publiques, priorité étant donnée aux établissements d’enseignement secondaire et supérieur, au forces de sécurité (police, gendarmerie, forces armées) et à la santé publique

b. Augmenter la concurrence dans le secteur des telecoms et abaisser les couts via l’instauration du haut débit mobile (Lancement c’appel d’offre international pour l’octroi d’une troisième licence de téléphonie mobile ainsi qu’un appel d’offre national pour l’octroi d’une quatrième licence de téléphonie mobile à un opérateur à capitaux majoritairement locaux, octroi de licences de téléphonie mobile dernière génération, etc…)

3. Agriculture

a. Dynamiser la riziculture locale et promouvoir des alternatives à la farine de blé, afin deréduire massivement les importations de produits agricoles et notamment l’importation de riz et de blé

b. Augmenter significativement les budgets dédiés à la recherche agronomique et financer les intrants, les outils de production agro-pastoraux, les structures d’accompagnement et de formation du monde rural, afin d’augmenter la production locale et à grande échelle de cultures vivrières

4. Santé

a. Rénover les infrastructures hospitalières

b. Créer une agence de contrôle des services de santé (contrôle des médicaments et de leur distribution en milieu hospitalier, contrôle de la déontologie lors de la prise en charge despatients, contrôle sanitaire)

Site internet du collectif : cameroonpact.co

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