Belgique; autre drame de l’immigration sur ce camerounais menacé d’expulsion

Pas d’autorisation de séjour et plus de travail.

BELGIQUE – Un emploi à durée indéterminée ne donne pas un droit au séjour. Si le motif médical qui a donné droit au séjour disparaît, tout peut basculer. C’est la situation vécue par un Camerounais à Liège. 

Travailler sur base d’un contrat à durée indéterminée et devoir abandonner cet emploi au Tec à Liège car il n’est plus en ordre de séjour : c’est la situation particulièrement douloureuse vécue par un Camerounais de 33 ans.Qui du coup se retrouve depuis plusieurs mois sans revenus. Et surtout dans l’incertitude d’une expulsion, car il a reçu de l’Office des étrangers un ordre de quitter le territoire. C’est peut-être là un cas peu fréquent, mais qui a été jugé suffisamment emblématique par le service des étrangers de la FGTB pour qu’il mobilise un avocat afin de tenter de trouver une solution pour Léopold Chihimo qui, jusqu’à sa récente mésaventure, avait toujours été en ordre en matière de séjour.

Léopold Chihimo arrive à Liège le 7 novembre 2006 sur base d’un visa étudiant. Il comptait suivre des cours en informatique à la haute école ISET (Liège). L’année suivante, il commence à souffrir d’une grave maladie. Elle nécessitera quatre interventions en 2007 et 2008. « Je ne pouvais mener à bien mes études. J’allais à l’école un jour sur deux », dit-il, sans vouloir s’étendre sur la nature de sa maladie, sauf pour dire qu’elle est de nature génétique.

En 2009, il introduit une demande d’autorisation de séjour pour motif médical (9 ter), sur base de la loi du 15 décembre 1980. L’Office des étrangers lui accorde une autorisation de séjour, ce qui lui donne droit à une aide sociale. Mais ce type d’autorisation de séjour doit être renouvelé d’année en année. En 2010, il reprend des études. Il suit une formation en électromécanique, à Saint-Laurent à Liège. Il est diplômé en décembre 2010.

Léopold Chihimo se met à la recherche d’un emploi : « Je ne voulais pas rester les bras croisés à la maison », dit-il. Il décroche un premier travail en tant qu’intérimaire, d’une durée d’un mois et demi. Il sera suivi d’un deuxième contrat d’intérimaire à Arcelor-Mittal. Il travaille à Chertal pendant quatre mois. Il ne relâche pas ses efforts. En octobre 2011, il obtient un contrat à durée indéterminée. Il est engagé comme électromécanicien par les Tec Liège-Verviers. Il travaille au dépôt de Robermont.

Tout semble bien se passer pour Léopold Chihimo. Mais son titre de séjour repose sur l’autorisation de séjour pour motif médical sur base annuelle. En décembre 2012, il introduit sa demande à la ville de Liège car son permis de séjour expire en février 2013. « J’avais joint des copies de mon contrat, de fiches de paie. Je pensais obtenir un séjour définitif », explique-t-il.

Il n’en sera rien. La réponse est négative. Et cela a eu, comme on pouvait s’y attendre, des conséquences sur son travail. Léopold Chihimo n’était plus en ordre de séjour. « J’avais un bon comportement dans l’entreprise. Je n’ai jamais été malade. Jamais en retard », dit-il.

Les Tec n’ont pas licencié Léopold Chihimo. Ils ont simplement suspendu son contrat. « Nous devons en effet respecter la loi. Elle nous interdit d’employer une personne qui n’est pas en ordre de séjour », dit-on au Tec Liège-Verviers. Une porte-parole de la direction souligne que les Tec n’ont que suspendu son contrat; elle précise ainsi que Léopold Chihimo pourra retrouver son emploi si son séjour est en ordre.

Léopold Chihimo a introduit à l’Office des étrangers une demande d’autorisation de séjour pour circonstances exceptionnelles humanitaires (9 bis) à la suite de ce refus d’autorisation de séjour pour motif médical (9 ter). Et contre ce refus, il a introduit un recours devant le Conseil du contentieux des étrangers, qui est indépendant de l’Office des étrangers. Les deux procédures sont distinctes.

Léopold Chihimo est sans ressources depuis la suspension de son contrat. Son statut ne lui donne pas droit à l’aide sociale. « Mon moral était très bas. Depuis que je suis soutenu, cela me donne du courage. Je crois que j’obtiendrai gain de cause », dit-il. Ses collègues au Tec l’épaulent. Une cagnotte a été organisée et une urne a été ouverte. Une pétition a été lancée par ses collègues (ci-contre). La Croix-Rouge a suivi son cas. Il a reçu des colis. Il attend et il espère.

source: lalibre.be

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