Une autre CAN sans le Cameroun; les raisons de la mort des lions indomptables

Pourquoi depuis 2002, le Cameroun ne gagne t-il plus ? 10 années de disette, au cours des quelles, les lions jadis indomptables n’ont pas fait que perdre ; leur jeu s’est débridé, leur légendaire « fighting spirit » s’est évaporé cédant place au chaos et au K.O.

La mort lente et progressive  du 11 national camerounais ne cesse d’alimenter les colonnes de la presse.

Lions indomptables; un bilan qui parle

Trois  quart de final de coupes d’Afrique manqués en 2004, 2006 et 2010 face respectivement au Nigéria à la Côte d’Ivoire et l’Egypte ; une finale perdue face à l’Egypte en 2008 ; une non qualification pour la coupe du monde 2006 en Allemagne, sans oublier le fiasco légendaire de 2010 en Afrique du sud avec 3 matchs, 3 défaites, dernier de sa poule. Comme cerise sur le gâteau, le Cameroun n’ira pas à la coupe d’Afrique pour la deuxième fois consécutive (2012 ;2013), ce qui n’est pas arrivé depuis 30 ans.

Pourquoi ?

Prenons de la hauteur et épargnons nous du détail, et si l’on restait lucide ? posons sur la table les facteurs clés de réussite d’une équipe nationale. Le Cameroun a la chance d’avoir connu de grands moments de gloire sur deux générations différentes, ce qui facilite sommes toute, notre enquête.

1-Les joueurs

roger milla
roger milla

Certaines équipes nationales voient à certaines périodes de leur histoire, l’apparition d’une génération particulièrement douée baptisée «génération dorée ». Le Cameroun comme la plupart des grandes nations de football n’a lui jamais connu la rareté des talents. De Ndoumbé Léa à Alexandre Song en passant par Théophile Abéga, Réné Ndjeya, Ernest Ebongué, Roger milla, Emmanuel Kunde, Thomas Nkono, Omam Biyik, Joseph Desire Job, Bernard Tchoutang, Foe Vivien, Etame Mayer, Pierre Wome, Géréme Njitap, Song Rigobert, Salomon Olembe, Idriss Kameni, achile Emana, Nicolas Nkoulou, Aurelien ChedjouSamuel Eto’o, Fabrice Olinga !… La source n’a jamais tarie, les joueurs talentueux, il y en a toujours eut et la logique nous impose d’admettre que la source du mal se trouve ailleurs.

2-l’égo soi-disant des super stars

Admettons le, si le Cameroun a connu une pléiade de joueurs talentueux, il n’en demeure pas moins que deux de tous furent des génies du ballon rond, de véritables surdoués dont les exploits en auront donné des frissons à plus d’un supporter. L’un d’eux, Samuel Eto’o qu’on ne présente plus, homme de tous les records européens, au melon aussi gros que son revenu annuel, est souvent pointé du doigt  en interne comme fauteur de trouble, égocentrique, rancunier et diviseur.

Certains observateurs dont moi, l’ont même rendu à tort principalement responsable des problèmes au sein de l’équipe. S’il est fort probable que tous ces qualificatifs lui sciés, gardons de la hauteur et retournons dans les archives, enquêtons et interrogeons les anciens coéquipiers et les proches du magicien Roger Milla dans ses années de gloire. On s’aperçoit alors  que, hors mis les formes d’expression et les tempéraments différents, les attitudes de fond seraient sensiblement les même entre Eto’o et Roger Milla. Nos deux surdoués pourraient revêtir les même costumes de qualificatifs. De plus, tout psychologue de seconde zone le sait, derrière le génie, se cache la folie. Cependant, la réalité nous a montré que l’un a écrit les plus belles pages du football Camerounais, et l’autre a connu la phase la plus obscure. Deux génies pour deux époques différentes nous ont produit deux résultats opposés. Reprenons notre logique qui nous invite une fois de plus à chercher plus loin.

3-Le choix d’un entraineur, local ou étranger?

lechentre
Pierre lechentre

A chaque changement de coach; deux par an en moyenne depuis 1990; le même débat refait surface. Entre le choix d’un coach local et faire appel à l’expertise étrangère  presque toujours européenne. Faisons un constat simple et mathématique. Les grands moments de gloire furent la coupe du monde 1982 avec  jean Vincent (français),  vainqueur can 1984 avec Radivoje Ognjanović (serbe) , vainqueur can 1988 avec Claude Leroy (français), quart de finale 1990 –Valery Nepomniachi (Russe), Vainqueur can 2000 –Pierre Lechantre-(français), jeux olimpiques 2000 –jean Paul Akono-(Camerounais) vainqueur can 2002 – Winfried Schafer (Allemand),  finale coupe des confédération 2003 – Winfried Schafer (Allemand).

De la même manière, rétrospectivement, les derniers échecs; à savoir  la non qualification aux coupes d’Afriques 2012 et 2013, le fiasco du mondial sud africain, la finale de la can 2008 perdue et les CAN ratées de 2004, 2006 sans oublier le mondial allemand manqué avaient en chef de file 70% d’expatriés.

Comment donc expliquer ces curieuses statistiques?  90% de succès et 70% d’échecs  furent l’œuvre de sélectionneurs  expatriés?! C’est simplement dire que l’origine des sélectionneurs n’est pas le facteur clé de l’échec des lions indomptables.

4-La structure administrative.

On parle d’une structure corrompu depuis toujours, une lutte permanente de classes et de clans  à la recherche de profits personnels.  L’amateurisme dans l’organisation, les affaires de primes non payées et de détournement de fonds ne datent pas d’aujourd’hui. En réalité, le football camerounais dans sa structure et son organisation n’a jamais changé, mais le monde  si! la planète foot a changé.

La corruption ne pardonne plus, les choix discriminatoires ne pardonnent plus !  Le talent n’est plus suffisant. La rigueur et le professionnalisme prennent le pas  sur les ressources en talents. Les mieux organisés gagnent, le hasard se paye cash!  fin de l’amateurisme.

Le foot a changé, le Cameroun n’a pas bougé d’un pousse!  trop amoureux de son passé glorieux, et de ses victoires ancestrales ! la victoire ne se transmet pas par le sang. S’il peut y avoir transmission de gènes d’un talent,  la victoire elle, n’est pas un fait génétique.

Fin de « l’à peuprisme »

Les faibles d’hier, même en manque de talent ont travaillés leurs structures, leur discipline! Et à défaut de talents, ils se sont professionnalisés ! aujourd’hui, on paramètre et planifie des victoires, on copie les modèles de réussite… et on finit par réussir.

Les dirigeants du football camerounais se sont reposés sur leur lauriers et continuent  de croire que malgré leurs lacunes coutumières et traditionnelles, le miracle viendra des pieds des joueurs, des coups de génies. Le football n’est plus un hasard. finit l’époque où les matchs étaient joués d’avance, finit l’époque où le talent était au dessus de tout. Place à la stratégie, à l’organisation au poil de cul près.

Faire une analyse sans pointer les vrais responsables serait lâche et intellectuellement peu honnête.

iya mohamed
iya mohamed

Qui est responsable de l’organisation du football au Cameroun?

Deux instances! la fédération et le ministère. Comme par hasard  à la tête de la fédération, se trouve un homme installé depuis plus d’une décennies; monarque, aveugle et sourd en même temps. Le bateau ne cesse de boire de l’eau et son capitaine n’a qu’une seule préoccupation…rester capitaine.  Le ministère des sports quand à lui est une nébuleuse à la tête de laquelle se joue une valse des ministres faits et défaits du jour au lendemain selon des critères incompréhensibles.

Entre confusion des compétences et guerre des hommes à la tête des institutions, toute l’Afrique pleure la mort de son lion roi camerounais. Il faut faire le ménage!

Par Nel Nziemi TsopoBrukmer.be

 

 

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