Au Cameroun, la presse pleure Pius Njawé, « une légende », « une icône »
La presse camerounaise rendait mercredi un hommage unanime au journaliste Pius Njawé, 53 ans, saluant notamment « une légende » et « une icône » de la lutte pour la liberté d’expression, deux jours après son décès dans un accident de la route aux Etats-Unis.
Trois des cinq quotidiens camerounais lui ont consacré leur Une et, en pages intérieures, des portraits, reportages et témoignages sur la vie et le parcours de M. Njawé, très critique à l’égard du régime du président Paul Biya. L’année dernière, le journaliste avait indiqué avoir été arrêté 126 fois en 30 ans.
Le quotidien Le Messager, basé à Douala (sud) et qu’il a fondé en 1979 à l’âge de 22 ans, évoque « le destin cruel d’un itinéraire exceptionnel ». M. Njawé « est mort comme il a vécu : dans le combat », déclare-t-il.
Né en 1957 à Babouantou (ouest du Cameroun), Pius Njawé est décédé dans un accident de la circulation vers lundi 23H00, heure du Cameroun (22H00 GMT) lorsque la voiture dans laquelle il voyageait en compagnie d’un neveu a été percutée par un camion sur une autoroute de Virginie, aux Etats-Unis, selon sa famille et ses collaborateurs.
Il était « l’un des avocats les plus déterminés de la liberté de la presse et des droits de l’Homme dans son pays et en Afrique », estime le journal Mutations (privé).
Le quotidien Le Jour, également privé, affirme qu’il a été « une légende » et déclare : « L’engagement (de Njawé) pour la liberté de la presse et pour la démocratie au Cameroun a fait du patron du Messager une icône ».
« Avec le décès de M. Pius Njawé, le Cameroun perd l’un des pionniers de la liberté de presse dans notre pays », dit le gouvernement dans un communiqué publié par le quotidien d’Etat Cameroon Tribune.
Dans une déclaration à Mutations, le chanteur Marco Mbella, une célébrité nationale, a appelé à organiser pour le journaliste « des obsèques nationales ».
Des organisations syndicales locales envisagent de saisir l’ambassade américaine à Yaoundé et les autorités américaines pour « que toute la lumière soit faite » sur les circonstances de l’accident ayant entraîné la mort de M. Njawé, a indiqué au même journal Alex Gustave Azebaze, journaliste et syndicalistes.