Cameroun : l’opposition voudrait annuler la présidentielle, accusations de fraude

Plusieurs opposants camerounais ont demandé mardi l’annulation de l’élection présidentielle de dimanche avant même la proclamation des résultats qui doit intervenir avant le 24 octobre alors qu’une militante des Droits de l’Homme a porté des accusations de fraude.

Tout indique que le président Paul Biya, 78 ans, au pouvoir depuis 1982, sera réélu pour un sixième mandat, cette fois de 7 ans.

La France a jugé le déroulement du scrutin « acceptable » par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.

S’exprimant séparément, trois opposants ont demandé l’annulation du scrutin, deux d’entre eux comptant déposer des requêtes en justice.

« Nous sommes favorables à l’annulation du scrutin », a affirmé à l’AFP Joshua Osih, vice-président du Social Democratic Front (SDF), principal parti d’opposition, dont le leader John Fru Ndi est le principal rival du président Biya.

Le scrutin « ne peut pas donner de légitimité au vainqueur, y compris le SDF qui reste en course pour le gagner », a estimé M. Osih pour qui la présidentielle s’est déroulée dans une « cacophonie totale »

Anicet Ekane, candidat du Mouvement africain pour la démocratie et la nouvelle indépendance (Manidem) « compte d’ailleurs déposer une requête dans ce sens demain (mercredi) à la Cour suprême ».

Un autre des 23 candidats Albert Dzongang, du parti La Dynamique estime « Il n’y a pas eu d’élection » et promet « Notre avocat va déposer demain (mercredi) une requête dans laquelle nous exigeons l’annulation de l’élection ».

Madeleine Afité, figure de la société civile camerounaise, a affirmé à l’AFP avoir assisté à des fraudes destinées à minimiser le taux d’abstention.

« J’ai vu un monsieur portant une carte (badge) Elecam (Election Cameroon, commission électorale) (…) il donnait des lots (de cartes d’électeurs) aux enfants (qui) allaient émarger » à la place d’électeurs et « sans carte d’identité » dans un bureau de vote du quartier Bessangue à Douala, a affirmé Mme Afité.

« Ce n’était pas pour voter RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir) » mais parce que « les urnes étaient vides. C’était le problème du taux de participation », a-t-elle ajouté, « Il fallait qu’il y ait des bulletins dans les urnes ».

Les observateurs et les journalistes présents ont noté une faible affluence, à l’issue d’une campagne semblant susciter peu d’engouement. Le quotidien privé Mutations soulignait même que « les électeurs boudent la présidentielle ».

« Paul Biya en pole position », a titré mardi ; L’Action, le journal du RDPC, estimant : « Quelques heures après la fermeture des bureaux, les premiers échos du terrain ne laissent aucun doute sur la victoire du candidat ».

L’attente des résultats et leur issue n’inquiétait pas outre mesure les Camerounais.

Clarisse, 29 ans, commerçante au centre de Douala soulignait « Les Camerounais, on est pas trop concernés par le vote. De toute façon, on sait bien que le président va gagner il n’y a rien qui change, donc nous on est tranquilles ».

Justin Temola, chômeur de Douala, confiait : « Ici rien ne change, il n’est pas question que les gens aillent dans la rue (…) On sait que le président sera réélu et voilà, il y a la paix ».

A Paris, Alain Juppé a affirmé : « On peut considérer aujourd’hui qu’elles ont eu lieu dans des conditions acceptables. Nous appelons donc la population, la presse camerounaise et tous les acteurs politiques à faire preuve (…) de modération et d’éviter tout recours à la violence ».

A Yaoundé, l’équipe d’observateurs du Commonwealth a estimé que le scrutin avait été exempt de « coercition » mais souligné qu’il y avait un « bon nombre de plaintes » sur l’organisation.

Un tiers des 20 millions de Camerounais n’a pas accès à l’eau potable et à l’électricité et une personne sur quatre vit avec moins de 1,1 euro par jour.

P.-S.

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