CAMEROUN : CRITIQUE D’UN GOUVERNEMENT OBSOLÈTE
Coup de gueule ! Serges Anango tance la politique gouvernementale de l’ère Biya.
Dwight David Eisenhower, né le 14 octobre 1890 et mort le 28 mars 1969. Surnommé « Ike », il est le 34 ème président des États-Unis. Il a exercé ses responsabilités présidentielles durant deux mandats, du 20 janvier 1953 au 20 janvier 1961. Pourquoi je vous parle de lui? C’est justement parce qu’il est à l’origine des développements du réseau routier et auto routier des États-Unis. C’est grâce à lui que du fin fond des Appalaches, l’on peut rejoindre toutes les grandes villes américaines. En transposant tout ceci au Cameroun, Eisenhower s’il vivait encore aujourd’hui aurait permis que même les communautés les plus traditionnelles tels que les « mbororos » ou les pygmées du fin fond de leurs plaines et forêts puissent aller n’importe où en Afrique sur une route goudronnée dans un temps relativement correct. Car l’Amérique est un pays continent dont la superficie serait équivalente à la moitié de l’Afrique.
Eh bien ! Au Cameroun , nous avons notre Dwigt Eisenhower à nous. Il s’appelle plutôt : Paul Biya. Grâce à lui, nous pouvons rejoindre toutes les villes du triangle national au bout d’un temps long. 4 jours pour un trajet allant de Maroua à Yaoundé. Et encore, si l’on y arrive… vivant ! Clin d’oeil aux vaillants soldats qui se battent pour notre souveraineté nationale contre Boko Haram dans cette partie du territoire. Le comble pour nous compatriotes camerounais, c’est que nous savons bien comparer la France à l’Allemagne. Cependant combien parmi nous songent-ils à comparer le Cameroun et le Congo, ils ne le font pas de peur de faire face à leur propre nullité.
Lorsqu’un footballeur qui a porté très haut les couleurs de la sélection nationale, Wome Nlend, rata un penalty, c’est tout le pays qui s’est insurgé contre ce pauvre millionnaire qui en peu de temps est devenu le « traître de la république ». La bêtise humaine ne s’arrêtant pas au vocabulaire, elle s’est poussée dans les faits. Son domicile a été menacé d’être incendié. Oui ! Voilà l’état mental de la nation camerounaise actuelle.
Lorsque Paul Biya dilapide des centaines de millions pour l’achat de ses limousines alors que le pays est en guerre, qu’il n’y a pas de routes propices à ces véhicules haut de gamme, et que ces dépenses sont tout sauf nécessaires, là le citoyen camerounais fait sa grande muette ! On ne l’entend pas dire qu’il va marcher en direction de… Mvomeka !
Les élites politiques camerounaises qui de leur vivant ne se sont jamais souciées de l’aménagement des infrastructures routières, lors de leur décès pourtant, comme par enchantement des projets visant à poser de l’asphalte sur ce qui s’apparentait jusque-là à des nids de poule sortent de la terre tels des champignons. Comment penser que l’on puisse dépenser de l’argent pour l’enterrement de ces ministres qui n’ont servi à rien de leur vivant. Le tout payé par l’argent du contribuable qu’ils ont longtemps eux-mêmes volé. Belle preuve de remerciement pour services rendus.
Personne pour crier, personne pour manifester, personne pour menacer brûler la maison de tel ministre véreux. Le pays est en guerre, nos soldats sont mal nourris, mal logés, mal soignés. Mais l’on se permet de s’acheter des voitures luxueuses, on se permet de dépenser de grosses sommes d’argent pour les inhumations d’anciens brigands de la république que la bonne séance oblige à appeler « Ministres ».
Devrions-nous arriver à espérer de façon cynique que meurent plus souvent ces hommes politiques camerounais afin que toutes les routes du pays puissent enfin être prises en compte ? Ou bien à chaque fois attendre les visites officielles simultanées de chefs d’États « puissants » pour espérer voir le réseau routier camerounais totalement rénové ? La mort des barons du pouvoir doit-elle être la condition siné-qua-none pour que suive le développement infrastructurel au Cameroun ? Les récentes disparitions d’élites politiques comme Françoise Foning ou plus récemment encore André Sohaing, ancien maire de Bayangam sont très parlantes. À chaque fois juste après leur décès les voies routières qui mènent à leurs résidences ont toutes été réhabilitées. La question demeure donc : faut-il souhaiter la mort de certaines de nos élites ?
Camerounais, camerounaises, regardons-nous dans un miroir et pissons-nous dessus. Car oui, nous avons bien le président que nous méritons. Un homme qui ne saura que dire de façon dilettante voire insensée : « ne gouverne pas qui veut mais qui peut ». Le réveil devra partir de l’éducation. C’est le préalable de toute action qui se veut productive dans tout pays émergent. En attendant, mettons-nous bien cela dans le crâne un fois pour toutes : nous avons le président que nous méritons !
© Serges Anango