Le journaliste opposant Pius Njawe inhumé dans son village
Le journaliste opposant camerounais Pius Njawé , a été inhumé samedi 7 août 2010 dans son village natal de Babouantou dans l’ouest du pays. Sa mort dans un accident de voiture aux Etats-Unis, le 12 juillet dernier, avait suscité l’émoi dans le pays et à l’étranger. Fondateur du journal Le Messager en 1979, Pius Njawé avait été souvent très critique envers le pouvoir. Il avait même fait plusieurs séjours en prison. Samedi, à ses obsèques, le président Paul Biya avait envoyé un message de condoléances, mais la cérémonie s’est terminée de façon un peu brutale.
La cérémonie des funérailles allait son cours presque normalement. Il y avait déjà eu plusieurs témoignages dont celui d’un député de l’opposition qui n’est pas allé par quatre chemins pour asséner une lourde accusation contre le pouvoir de Yaoundé, responsable selon lui de la mort de Pius Njawé. Des officiels du gouvernement parmi lesquels des ministres masquaient à peine leur gêne face à la tournure politique inattendue des évènements.
Le message de condoléances du chef de l’Etat censé clôturer les éloges funèbres sera néanmoins lu à l’assistance. Puis soudain crime de lèse-majesté ou simple erreur du protocole, Célestin Bonga l’un des intellectuels les plus amers contre le régime Biya et compagnon de lutte depuis toujours de Pius Njawé se saisit du micro pour son hommage.
Le gouverneur de la région de l’Ouest Ivaha Diboua bondit aussitôt de son siège et arrache le micro à Célestin Bonga qui n’aura pas le temps de dire un mot. L’incident est inévitable : protestations, échanges de propos virulents, dénonciation de la censure…
C’est ainsi dans un cafouillage total que la famille abandonnée à elle-même va extraire la dépouille mortuaire de cette foule pour procéder à l’inhumation. Pius Njawe quitte finalement la scène comme il a vécu, impertinent jusqu’à la tombe.