Donatien Koagne ; un escroc immortalisé
Le Togolais Sami Tchak a consacré son dernier livre, « Al Capone le Malien », au « feyman » camerounais de renommée mondiale. Al Capone le Malien ».
Le Togolais Sami Tchak a consacré son dernier livre, « Al Capone le Malien », au « feyman » camerounais de renommée mondiale. « Al Capone le Malien ». C’est le titre du dernier roman de l’écrivain togolais Sami Tchak dont les extraits ont été lu le 6 avril dernier par Kouam Tawa de la compagnie Feugham, au restaurant-théâtre Chez Denise à Bafoussam. L’ouvrage subdivisé en 35 chapitres présente les réussites africaines. Parmi lesquels Donatien Koagne, escroc camerounais de renommée mondiale, à qui l’auteur, Grand prix littéraire d’Afrique noire en 2004 pour l’ensemble de ses œuvres, consacre l’essentiel de son livre.
L’intrigue met en scène un journaliste français, qui en est le narrateur principal. René Chérin se rend à Niagassola au Mali pour un reportage sur l’art Mandeng et son fameux balafon sacré, le « sosso-bala ». Il va changer de projet en chemin pour se mettre au service d’un homme, Joseph Tawa, qui le séduit par sa richesse, son élégance et sa passion pour les véhicules de luxe. Joseph Tawa se fait aussi appeler le prince camerounais Edmond VII, ou Al Capone le Malien. Ce dernier surnom, écrit l’auteur, lui a été donné par son parrain dans la « feymania », Donatien Koagne. Et c’est Joseph Tawa qui relate au journaliste-narrateur du roman une bonne partie de la vie et des œuvres de son mentor, « l’homme qui brûle un billet de 1000 Fcfa pour obtenir, par un tour de magie, un tas de billets de dollars. »
Le « King Donatien » du Cameroun ou « Dieu Do » est présenté comme un Robin des bois qui utilisait sa grande intelligence et son génie pour dépouiller les riches afin de sauver les pauvres du Cameroun et de l’Afrique. Il réquisitionne les grandes salles de fête pour nourrir les enfants de la rue, s’octroie un avion privé et offre, en mondovision, 100 millions de FCFA en 1994, pour soutenir les Lions Indomptables du Cameroun dans leur campagne mondiale aux Usa. Le reste de sa colossale fortune acquise par des jeux de roublardise, il s’en servait pour entretenir ses relations avec Jean Fochivé et les ministres africains. Le déclin véritable de Donatien Koagne, selon « Al capone le Malien », découle de la mort de sa sœur, Jeanne Magloire Koagne. Elle était celle qui assurait les arrières de son frère dans la « feymania », par ses relations avec le milieu mondain.
Pour écrire ce roman, Sami Tchak, né en 1960 et présenté par Mongo Béti en 1992 comme l’un des meilleurs auteurs Africains, s’appuie sur les travaux de recherche effectué par l’universitaire et chercheuse française Dominique Malaquette. Celle-ci a exploité les notes des services français rédigées sur Donatien Koagne pour montrer, d’une manière plus scientifique que romancière, comment les services secrets des différents pays arabes et de l’hexagone ont décidé d’en découdre avec lui. Ils étaient exaspérés d’être sans cesse mystifiés par cet Africain qui faisait des victimes parmi des milliardaires et chefs d’État. Ces barbouzes continuent la recherche du carnet secret dans lequel Donatien Koagne notait tout sur ses victimes, lit-on aussi dans le roman. L’on se souvient qu’en mars 2010, une partie de la famille de Donatien Koagne avait annoncé son décès et organisé des obsèques, tandis qu’une autre partie démentait l’information. Alors, mort ou vivant ?