Clap de fin pour Afrik’hebdo de Ghizlane Kounda sur la première: une pétition circule
Il devient difficile de rencontrer l’Afrique sur les ondes du service publique belge francophone
En radio ou en télé, voix et visages du sud se font rares, mais pas seulement. Le traitement de l’actualité africaine reste marginal, extrêmement limité dans les programmations, survolé, donc systématiquement biaisé. Biaisé par les choix des sujets traités et surtout par le temps qui y est imparti. Comment dès lors présenter l’Afrique dans sa complexe pluralité quand on ne peut y consacrer qu’une brève en fin de journal? Raccourcis d’analyses, informations sensationnelles, clichés et conclusions à peines nuancées sont le lot de l’information générale pour des sujets souvent gravicimes, sensibles et aux répercusions mondiales. Dans un contexte de racisme ambiant et de fractures sociales, la classe médiatique dirigeante porte une part évidente de responsabilité qu’elle semble ignorer ou nier.
Arfrik’hebdo, émission RTBF sur la première depuis une dizaine d’années vient de se faire éjecter de la grille des programmes de la chaine. Une décision de la direction qui génère consternation et incompréhension des auditeurs. Probablement encore la seule émission qui se donnait le temps d’explorer les sujets africains par son propre prisme. Economie, politique, société, les sujets y étaient abordés avec audace. Présentée par Ghizlane Kounda, la journaliste pointait du doigt les disfonctionnements et les exploits de la nouvelle Afrique, celle qu’on connait peu, du nord au sud, avec la consistance que lui imposaient les sujets. « Comment enseigner l’histoire de l’Afrique à l’école? », « ce que risquent les réfugiés de retour au Soudan », « Comment vivre son homosexualité en Afrique? »… Autant de sujets abordés encore ces dernières semaines.
Lauréate 2014 du prix du journalisme du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Ghyzlane Kounda a exprimé toute sa tristesse de voir arrêter l’émission qu’elle présente depuis…….
J’ai eu la chance d’animer une telle émission, digne d’un service public. Elle m’a donné l’occasion de rencontrer des personnes extraordinaires .… toutes très impliquées dans la réflexion et la construction de l’Afrique d’aujourd’hui et de demain. Afrik’Hebdo avait une raison d’être, car l’émission permettait de rompre avec les idées reçues qui sont communément véhiculées sur le continent africain. En prenant le temps de sonder le terrain, elle produisait une information qui reflétait une réalité dans sa complexité. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec nos correspondants qui sont au plus près de cette réalité de terrain et qui, de ce fait, proposent des angles inédits. Un grand merci à nos auditeurs qui ont fait preuve d’une écoute attentive et assidue. Vous allez me manquer !
Une pétition a été initiée dans le but de manifester désapprobation à la direction de la RTBF et réclamer la présence de plus de programmes Afrique sur les ondes.