Tiffany Fevery : 30 ans, 1,82m, mannequin grande taille, et influenceuse.
Qu’est-ce qui explique que les stylistes et créateurs de mode n’aient pour seule vision de la femme que celle aux mensurations 34 – 36, alors que 80% des femmes font du 42 et plus ?
On ne devient pas mannequin size+ par passion pour le catwalk ; du moins pas pour l’instant. Tiffany est partie d’un désir de s’assumer, mais bien plus, de rétablir une injustice évidente qui plonge bon nombre de femmes dans le déni de leurs propres personnes. Sujette aux railleries durant son adolescence, elle découvre et prend conscience qu’il existe une véritable pression sociale qui définit une norme des corps. Pis encore, cette « norme » n’est même pas basée sur une dictature de la majorité. C’est à force de tenir ce discours qu’une styliste sensible à la réflexion jetait son dévolu sur Tiffany Fevery qui acceptait d’aller plus loin dans son plaidoyer, jusqu’au bout de sa démarche.
« Il ne s’agit pas seulement de faire des vêtements grande taille, car même lorsque ces vêtements sont grands, à la conception ils ne tiennent pas compte de certaines rondeurs, car souvent, ils se contentent de faire un agrandissement de patron construit sur une base de taille 36. On a très vite l’apparence d’un sac. J’aime la mode, le design et j’aimerais que la société accepte mon corps tel qu’il est, et qu’on ne m’oblige pas à ressembler à quelqu’un d’autre ».
Ces dernières années, des défilés offrent des passages de mannequins grande taille, mais cela reste encore folklorique, estime Tiffany. D’ailleurs, ces mannequins ne sont en général pas rémunérés, car encore considérées comme un choix optionnel, ou un cadeau de visibilité.
Née en Belgique, Tiffany a grandi à Genappe, une petite ville Wallonne, avec sa sœur, sa mère et sa grand-mères originaires d’Algérie. Une partie d’elle qu’elle transporte forcément sur le visage.
Femme, ronde et d’origine d’Afrique du nord ! vu de haut, on parlerait d’un foyer à haut potentiel de discrimination ; mais Tiffany n’en a cure ; employée pour une institution publique, elle est pleinement épanouie et veut changer le monde.
Mannequin Size+, une apologie à la mauvaise alimentation ?
« Ce serait restreindre les raisons pour lesquelles on peut avoir une corpulence plus importante à un seul facteur ! Pourtant il y en a plusieurs. Vous savez, dans les représentations antiques romaines et grecques, on avait des femmes en chaires. C’est la récente société occidentale qui place cette norme à 36. De même, c’est affolant de voir des stylistes et des défilés en Afrique qui choisissent des mannequins qui ne représentent pas du tout la culture africaine. En Afrique, la femme au 36 n’est pas valorisée du tout. Ce sont les femmes bien en chaires qui le sont. C’est assez incompréhensible de voir à quel point la culture européenne vient dominer.
Il y a certes des questions de mauvaise alimentation dans notre société. Personnellement, je ne m’amuse pas à manger un fast food tous les jours, à bouffer des chips dans mon canapé. Je ne suis pas grosse parce que j’ai trop mangé. Il y a d’autres éléments génétiques qui font que oui, je suis un peu plus ronde et c’est comme ça ».
Le mot de la fin…
« Toutes les femmes sont belles et les hommes doivent soutenir dans ce sens. Il faut réussir à surpasser sa première impression, ce que mon homme a su faire. Apprenez à vos enfants à s’assumer, car la première personne qui doit arrêter de se juger c’est soi-même ».
1 Commentaire