Cameroun ; La femme d’affaire Françoise Foning soupçonnée de meurtre
femme d’affaire et maire d’une commune de Douala, Françoise Foning est soupçonnée du meurtre d’ Emmanuel Simo, homme d’affaires et conseiller municipal à Douala. Selon la famille et les proches du défunt, il aurait été victime de son affront contre la mairesse de Douala Ve. L’incriminée crie à la diffamation.
Décédé le 11 juillet dernier à l’hôpital général de Douala des suites d’une longue maladie, Emmanuel Simo, homme d’affaires et conseiller municipal à Douala Ve, a été mis sous terre le 06 août 2010 à Badjoun. Dans l’entourage du défunt et dans certains milieux politico-économiques, on ne fait point de mystère sur les causes de son décès. Il se raconte sous cape qu’il aurait été victime de sorcellerie. Un doigt accusateur est pointé vers Françoise Foning, mairesse de la municipalité, dont il était conseiller. Des sources proches de la famille indiquent que l’aide proposée par la mairie de Douala Ve aurait été refusée par les proches du défunt. Et, l’absence de ‘’Mââ Foning’’ aux obsèques est perçue comme un acte d’aveu de culpabilité.
Approchée en fin de semaine dernière par La Météo, Françoise Foning est formelle :’’Les gens doivent avoir peur de Dieu avant d’avancer certains mots. Si des gens sont capables de dire du n’importe quoi sur autres, moi j’ai la crainte de l’Eternel. Moi je réfléchis toujours par deux fois avant de poser un acte. C’est moi qui ai fait d’Emmanuel Simo l’homme politique qu’il était devenu, je l’ai tenu par le bras ; je l’ai introduit au Rdpc. Il était un de mes hommes de confiance. D’ailleurs, quand j’ai fait un accident de circulation en 2003, j’ai demandé qu’il assume l’intérim alors qu’il n’était que 3e adjoint au maire. Dire aujourd’hui que c’est moi qui l’ait tué, c’est du n’importe quoi’’. A propos de son absence aux cérémonies funèbres, elle avoue : ’’Je reconnais que j’étais absente à l’enterrement, mon emploi du temps ne me le permettait pas. J’avais beaucoup de choses à faire, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Mais, j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour ces obsèques. J’ai fait ce qu’un homme peut faire lorsqu’il perd un être qui lui est cher’’.
LUNE DE MIEL
En effet, Emmanuel Simo et Françoise Foning commence à se fréquenter en 1996. « C’est à cette date que j’ai été découvert par Françoise Foning, lorsque j’ai construit le pont de Missokè pour mettre fin au calvaire des populations où les enfants s’y noyaient régulièrement. Dès que j’ai fini la construction du pont sur fonds propres, Françoise Foning est arrivée sur les lieux avec une équipe de journalistes et d’autorités administratives, pour l’inauguration. Dès ce jour, elle a fait ma connaissance à un niveau le plus élevé, parce qu’elle s’est rendue compte que j’étais capable de faire beaucoup de choses », reconnaissait Emmanuel Simo dans une interview. Par la suite, les deux personnages qui habitent par ailleurs le même quartier à Douala auront des rapports de plus en plus étroits.
Contre toute attente, le clash intervient en novembre 2008, après les municipales partielles à Douala Ve, lorsque Emmanuel Simo décide de se porter candidat à la tête de cette municipalité, contre Françoise Foning. Les deux premières tentatives d’élection se soldent par des échecs. Deux délégations du comité central du Rdpc tentent de trouver un consensus entre les rivaux. La première conduite par Jean Bernard Ndongo Essomba, le président du groupe parlementaire du Rdpc se solde par un échec. La seconde, sous la direction de Paul Célestin Ndembiyembe n’obtient pas non plus le retrait de la candidature d’Emmanuel Simo.
SORCELLERIE
Entre ces différentes négociations et tractations, on parle également de pratiques mystico-magiques. D’ailleurs, un matin, en arrivant à leur lieu de service, les employés de la mairie de Douala se sont retrouvés face à un spectacle macabre, avec du sang et des grains de riz éparpillés un peu partout, signe d’un sacrifice. Finalement, le 12 novembre 2008, Françoise Foning est portée à la tête de la mairie, au cours d’un simulacre d’élection. Trois semaines après, Emmanuel Simo tombe malade. ‘’La dernière fois que nous avons vu Emmanuel Simo, c’était lors du premier conseil tenu après l’installation du maire. Le conseil était consacré à la constitution des commissions et à la désignation des grands conseillers’’, indique un conseiller municipal du Social democratic front (Sdf). C’est à partir de cette installation que l’homme d’affaires commence à avoir des malaises. Il sera interné à plusieurs reprises à la clinique Muna. ‘’Tous les tests faits à cette clinique étaient négatifs’’, confie l’homme de main d’Emmanuel Simo. C’est finalement en France, qu’on découvre qu’il souffre d’un cancer de l’estomac. Il va suivre une chimiothérapie’’, explique un membre de la famille. Mais, quelques jours après son retour au pays, il rechute. Conduit à l’hôpital général de Douala, il décède quelques jours après.