Bruxelles; entre mémoire collective, savoir-faire artisanaux et mode engagée, un parcours culturel pour une Belgique en mouvement, 10 ans jour pour jour après les attentats de Paris.

Le métro, nouvelle galerie vivante

Le 19 septembre 2025, la station Botanique de Bruxelles cesse d’être un simple lieu de transit pour devenir un espace d’art à part entière. Dans le long couloir menant à la Tour des Finances, une série de silhouettes photographiques interpelle les passants. Pensée comme une mise en bouche esthétique, cette installation signée Erratum Fashion et Timendotes est le prélude à une exposition plus vaste et ambitieuse : La carte n’est pas le territoire, qui s’ouvrira le 13 novembre dans l’ancien musée MIMA à Molenbeek.

Entre photographie, artisanat, design et mode, ce projet investit aussi bien les stations de métro que les vitrines urbaines, tissant un fil entre différents quartiers bruxellois. Une manière très concrète de faire circuler la culture, au sens propre comme au figuré.

Une géographie de l’interculturalité

Le titre de l’exposition  emprunté à l’adage du philosophe Alfred Korzybski  annonce la couleur : il ne s’agit pas de pointer un lieu sur une carte, mais de raconter les territoires vivants qui le composent. La carte n’est pas le territoire, c’est la tentative de redonner chair à l’espace commun, en convoquant des récits pluriels, souvent absents de la narration dominante.

Les deux curateurs, Siré Kaba (Erratum Fashion), lauréate mode du Golden Afro Artistic awards 2021 et Mohammed-Amine Dadda (Timendotes), conjuguent leurs univers pour faire dialoguer savoir-faire ancestraux (comme la sfifa marocaine) et expression contemporaine. De l’Inde à la Belgique, en passant par la France, l’Italie ou l’Afrique subsaharienne, le projet explore la richesse des influences et affirme une chose : c’est dans l’échange interculturel que naît l’excellence.

Molenbeek, du cliché à la création

L’ouverture de l’exposition principale, prévue pour le 13 novembre 2025, n’a rien d’anodin. Dix ans jour pour jour après les attentats de Paris, ce choix revendique une mémoire transfigurée. Là où le traumatisme a figé les regards, La carte n’est pas le territoire propose un contre-récit : celui d’une jeunesse créative, d’un patrimoine vivant, d’une identité multiple et digne.

Réinvestir l’ancien MIMA, c’est aussi refuser la fermeture comme fin. Le lieu, emblématique de la culture urbaine bruxelloise, devient l’écrin d’une exposition où mode, photographie, design et artisanat s’entremêlent.

Un parcours en plusieurs temps

Au-delà de Botanique et du MIMA, l’exposition s’infiltre dans les vitrines de la ville :
📍Rue Léon Lepage (mode),
📍Rue Saint-Ghislain (bijoux contemporains),
📍Rue du Vieux aux Grains (design textile).

Chaque lieu dévoile un fragment du récit, comme autant d’échos à une géographie recomposée par la créativité. Ce déploiement dans l’espace urbain rappelle aussi les pratiques de l’art in situ, popularisées dans les années 1970, où la rue devient support, et le passant, spectateur malgré lui.

L’artisanat comme manifeste

Plus qu’une exposition, La carte n’est pas le territoire est un manifeste. Celui d’un art ancré dans le réel, capable de relier mémoire et avenir, individuel et collectif. À travers les créations de Erratum Fashion, qui mêle textiles d’Afrique de l’Ouest et lignes belges, et celles de Timendotes, gardien des savoir-faire marocains, c’est une même volonté qui s’exprime : faire de l’art un outil de dignité.

La carte ne dit pas tout. Elle oublie les voix, les visages, les gestes. Cette exposition, elle, les remet au centre.

🗓️ À noter dans l’agenda :

  • Dès le 19 septembre : Installation photographique à Botanique
  • Du 21 septembre au 25 octobre : Vitrines urbaines
  • Du 13 novembre au 20 décembre : Exposition principale à l’ancien musée MIMA