Un conducteur de bus flamand poignarde un adolescent africain sans suite judiciaire

« Si la victime avait été un Flamand blanc, je ne pense pas qu’il aurait pu rentrer comme ça chez lui à la maison. La police est en train de faire comme si de rien n’était. Je veux déposer plainte mais je n’y suis toujours pas parvenue. »

C’est pétrie de révolte que Laurence, une maman de 35 ans a pris contact avec le quotidien la DH, pour faire état de sa frustration suite à l’agression de son fils, un adolescent de 16 ans par un chauffeur de bus flamand mercredi à 21h alors qu’il regagnait son domicile.

La DH nous révèle ainsi que le jeune garçon aurait reçu un coup de couteau de cuisine en plein ventre alors que le jeune tentait de demander des explications au chauffeur de bus qui avait été désagréable.

Le récit des faits

« Je suis monté dans le bus à Zaventem. Comme j’avais oublié mon abonnement De Lijn, j’ai demandé à un ami de commander avec son GSM un ticket pour moi (une option de paiement disponible chez De Lijn, la société de transport) et il me l’a envoyé par SMS, mais le conducteur pensait que c’était un faux et il a appelé les contrôleurs. Qui lui ont dit de continuer à rouler jusqu’à Grimbergen où ils interviendraient. Arrivé à Grimbergen, j’ai appuyé sur le bouton et il m’a ouvert la porte avant de la refermer sur moi juste au moment où je descendais » , témoigne Naithy avant de poursuivre: « Je suis alors allé vers le conducteur pour lui demander des explications, mais il avait déjà un couteau en main et il m’a pointé. Heureusement, j’ai fait un pas en arrière, par réflexe, puis, il a essayé de me pointer une deuxième fois et là, par réflexe, je lui ai mis une droite et je l’ai insulté. Ensuite, je suis descendu du bus et il a commencé à courir derrière moi avec son couteau en main. Quand il a vu que je saignais, il est remonté dans son bus. Je me suis alors mis à crier et les autres passagers m’ont conseillé d’appeler la police, ce que j’ai fait. Avant d’être emmené en ambulance, j’ai vu que les policiers avaient mis son couteau dans un sac pour pièce à conviction. Les contrôleurs, eux, sont arrivés par après et, avec ce qu’il s’était passé, ils n’ont même pas cherché à savoir si mon ticket était bien valide. »

Pas d’interpellation pour l’auteur de l’acte

La société de transport flamande a banalisé les fait et semble balayer d’un revers cet incident. Réaction de son porte parole récoltée par la DH: 

“Il y a bien eu un incident dans un bus, à hauteur de l’arrêt Klont, mercredi soir, vers 21 heures. Bien entendu, on collaborera avec la police et le parquet pour les aider dans leur enquête. Mais c’est tout ce que nous pouvons dire à ce moment. On ne minimise jamais aucune agression, qu’elle soit le fait d’un voyageur à l’encontre d’un conducteur ou d’un conducteur à l’encontre d’un voyageur. Il faut dire qu’on déplore toute une série d’agressions verbales et physiques dans nos bus et autour de nos bus. Mais on donne tous les moyens nécessaires – je parle notamment de formations – à nos conducteurs pour parvenir à gérer, voire éviter ces agressions.”

Le parquet de Hal-Vilvorde en sait encore beaucoup moins, à entendre son porte parole  Gilles Blondeau:

une enquête – au stade d’information judiciaire – est en cours et qu’il ne peut pour l’instant pas confirmer ou infirmer la présence d’un couteau de cuisine dans cette affaire vu que les deux protagonistes n’ont pas été interpellés sur place et doivent encore être auditionnés par les services de police.Le conducteur incriminé est employé par un sous-traitant de De Lijn que nous ne sommes malheureusement pas parvenus à contacter à l’heure d’écrire ces lignes. Nous n’avons donc pas connaissance de sa version des faits.

La thèse de la discrimination n’est pas à éloigner

« Il faut savoir que nous sommes une famille d’origine africaine. Sur place, l’un de mes amis m’a dit que, si c’était mon fils qui avait poignardé le conducteur de bus, il serait déjà dans la voiture de police avec des menottes aux poignets. Je ne comprends donc pas pourquoi ce conducteur de bus a été relâché sur-le-champ »? Se demande légitimement la mère  de la victime.

« C’est de la discrimination. Si la victime avait été un Flamand blanc, je ne pense pas qu’il aurait pu rentrer comme ça chez lui à la maison. La police est en train de faire comme si de rien n’était. Je veux déposer plainte mais je n’y suis toujours pas parvenue. On me répond que ce n’est pas nécessaire vu qu’un procès-verbal a été dressé et on me conseille de rentrer chez moi en attendant qu’on me rappelle pour procéder à l’audition de mon fils.  »

 « Vous vous rendez compte. Mon fils s’est fait planter par un conducteur de bus De Lijn. Il a une plaie d’une profondeur deux centimètres. Il est en état de choc. S’il n’avait pas reculé en voyant venir le coup, le médecin, qui l’a recousu aux urgences, nous a dit qu’un organe vital aurait pu être touché vu la taille du couteau qui était de 10 cm. Mon enfant aurait pu se faire tuer pour rien et, aujourd’hui, sa petite sœur de 10 ans a peur de prendre le bus parce qu’elle pense que les conducteurs y poignardent les enfants »

 

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