5 évènements qui ont influencés les communautés afro-belges en 2020
C’est bien sournoisement que débutait une année 2020 sous des auspices économiques pourtant favorables. On prédisait une croissance mondiale à 3,4%. La fin des « Trumperies » était annoncée, le président américain entamait sa 4e et dernière année de mandat, tandis qu’au Camerou, Paul Biya glissait vers sa 38e année de règne sans partage .
Il pleuvait toujours des bombes en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye, rien de neuf sous le soleil donc… Rien de neuf sous le soleil de Gaza non plus, où 1,5 million de personnes continuaient le cours de leurs survies dans une prison à ciel ouvert. On parlait çà et là d’un nouveau virus en Chine. Personne ne s’y intéressait vraiment jusqu’à ce qu’en mars… La suite on la connait.
Loin du global, et loin du prisme COVID-19, à l’échelle locale Belge, en 2020, 5 évènements auront eu une influence indéniable sur les communautés afrodescendantes
1- Le mouvement black lives Matter
Le 7 juin sur la place Poelart à Bruxelles, 15.000 personnes se réunissaient pour une manifestation contre les violences policières. Le mouvement #BLM, comme une trainée de poudre s’emparait de la capitale européenne suite à l’assassinat de George Floyd par un policier blanc. La manifestation, pourtant pacifiste, sera ternie par des casses perpétrées 1h après celle-ci par une poignée de jeunes isolés. Les mass médias tomberont ensuite dans un jeu pervers de diabolisation sous fond de racisme, qui viendra fracturer l’opinion et renforcer les tensions sociales. Une énième démonstration de l’importance de la communication de masse sur l’image des communautés.
2- Le projet de décolonisation des espaces publics
Dans le sillage du #BLM, et dans la poursuite d’un travail de longue Alène entamé par les associations militantes depuis plus d’une dizaine d’années, une majorité de députés bruxellois de la commission des affaires générales s’est prononcée en faveur d’une résolution visant à entamer la décolonisation de l’espace public dans le cadre d’un large travail de dialogue et de mémoire. Le groupe de pilotage est constitué d’académiques et des associations militantes. Ils ont pour responsabilité de faire l’inventaire et des propositions sur le traitement des vestiges coloniaux à Bruxelles et sur comment prendre en considération les enjeux décoloniaux de façon permanente dans les décisions politiques en Belgique.
3- Les Golden Afro Artistic Awards
Entre confinement, déconfinement et re-confinement, le Théâtre National de Bruxelles a pu accueillir la 5e édition des Golden Afro Artistic Awards. Une édition haute en couleur qui apparaitra comme un rayon de soleil culturel au troisième trimestre d’une année obscure. 13 talents afro-belges ( Cécile Djunga, Les Yellow Straps, Aimé Mpané, Serge Aimé Coulibaly, Nganji Mutiri, Lisette Lombe, Defustel Ndjoko, Maimuna Doucouré, Fredy Massamba, Laeticia Mampaka, Zora Snake, Café Congo, Isnelle Da Silveira), ont été récompensés dans une ambiance festive, entre prestations artistiques, discours revendicatifs et pacifiques. Une énergie unique et sans précédent.
4- L’ascension fulgurante de Lous and the Yakouza
Si le tourbillon covid-19 vous a fait passer à côté du phénomène Lous, rattrapez-vous en écoutant ses chefs-d’œuvre. Lous and the Yakuza aura marqué la Belgique et bien au-delà cette année avec ses titres « Dilemme » , »tout est gore », « 4 heures du matin ». Lous and the Yakuza, c’est une phénotype resplendissant et atypique, une voix sublime et des clips vidéo qui déchirent.
5- Théo Franken disparait des Radars, Bertin Mampaka réapparait en bleu
L’ancien secrétaire d’État à l’Asile et la Migration se retrouve dans les bancs de l’opposition pour la législature à venir, suite à la formation du nouveau gouvernement fédéral sans le parti d’extrême droite dit raciste: N-VA. Ce jeune politicien flamand résolu et charismatique de 41 ans a passé quatre années au gouvernement fédéral où il a largement contribué à opérer un changement de cap drastique, renforçant les contrôles et redéfinissant rudement les conditions de l’asile et du regroupement familial. C’est sans doute la raison pour laquelle il est devenu l’homme le plus populaire de Flandre. Provocateur et séparatiste, sa simple sortie du gouvernement cette année a produit une baisse de la température sociale et amélioré les conditions à l’établissement d’un dialogue social et intercommunautaire.
Dans le même temps, le député bruxellois d’origine congolaise et conseiller communal CDH de la Ville de Bruxelles Bertin Mampaka décidait de passer du CDH (centriste) au MR (parti de droite), après 25 années passées au CDH. Mampaka justifiera son passage au MR par la nouvelle dynamique qui y est imprimée par son président Georges-Louis Bouchez. Bertin Mampaka emportera avec lui, la conseillère communale cdH Marie-Jeanne Nyanga Lumbala.