Avec son EP « Diabaté », l’artiste belge d’origine guinéenne tisse un pont vibrant entre tradition mandingue et musiques urbaines actuelles. Une cassette comme madeleine de Proust, sept morceaux comme autant de fragments d’amour, et une voix pour les rappeler.
L’amour en sept chapitres
l’ À l’heure où les EP pullulent comme des playlists surchauffées, Jaffa prend le contre-pied avec « Diabaté » , un projet ciselé en sept morceaux où chaque titre explore une facette différente de l’amour : de la passion exaltée à la désillusion, en passant par l’espoir ou la réconciliation. Un vrai petit traité affectif — mais en musique, et surtout, en quatre langues : conianké, soussou, français et anglais . Une manière de dire que l’amour, lui aussi, est multilingue.
Héritière et passeuse
Pas étonnant que le projet s’appelle Diabaté . Chez les griots d’Afrique de l’Ouest, ce nom est tout sauf anodin. Il évoque les grandes lignées de conteurs et de musiciens, dépositaires d’une mémoire orale que l’on transmet de génération en génération. Jaffa en est l’une des héritières, mais elle transforme la parole ancestrale en une matière sonore hybride , aux confins du R&B, de l’afrobeats et du dancehall, sans jamais trahir ses racines mandingues.
Une cassette en guise de manifeste
La cover de l’EP, dessinée comme une vieille cassette audio , dit tout : c’est avec ces objets à bande que Jaffa a découvert la musique, en écoutant les morceaux qui passaient ses parents. Ce n’est pas une simple nostalgie : des cassettes physiques seront aussi mises en vente , comme un pied de nez aux plateformes de streaming omnipotentes. Un geste tangible pour une musique qui se veut, elle aussi, incarnée.
Des festivals aux studios, une ascension discrète mais tenace
Révélée par ses singles Tic-Tac et Interdit , Jaffa a déjà foulé les scènes de Dour, Les Ardentes et les Francofolies . Autant de tremplins qui l’ont déterminé à affirmer son identité artistique : indépendante, déterminée, enracinée et ouverte . Elle fait partie de cette génération d’artistes diasporiques qui ne choisissent plus entre tradition et modernité : ils font les deux, en même temps, et sans demander la permission.
Beatmakers de Conakry, flow de Bruxelles
Avec « Diabaté », Jaffa ne propose pas un simple voyage musical. Elle met en scène un retour aux sources qui ne tournent pas le dos au présent , et offre une réflexion sensible sur l’amour, l’héritage et la transmission. Un EP à la croisée des mondes, pour oreilles curieuses et cœurs ouverts.
L’EP a été conçu avec des beatmakers guinéens comme CD à la Prod etet Sekzy , dont les productions tissent avec finesse un maillage entre kora, percussions et rythmes numériques. Résultat : une musique vibrante, mélancolique sans être plombante , dansante sans tomber dans le cliché afro-club.