Elections communales belges; les candidats de la diversité ou les élites de la diversion
Les partis politiques recrutent des élites dociles et disciplinées relativement peu critiques sur la question des discriminations, qui sont relativement peu revendicatives sur les sujets qui fâchent (discrimination à l’emploi, racisme des élites, islam, etc.), préférant se faire discrètes pour conforter leur stratégie personnelle d’ascension au sein des partis politiques.
Le citoyen est le premier homme politique et la société civile manifeste de plus en plus une volonté d’implication et de concertation sur les problèmes le touchant. Le processus d’accès au niveau de prise de décision est un processus de choix de valeurs. Les partis politiques sont en principe des piliers de la démocratie, les lieux d’une possible mobilisation citoyenne autour d’un idéal.
A chaque fois que se profile les élections, on se précipite sur la diversité, en espérant apporter des solutions « techniques et « quantitatives » à un problème de mentalité qu’est la discrimination, un mal profond qui mine notre société. Toutes les études le démontrent, à compétence égale, les personnes d’origine étrangère ont du mal à émerger aux postes de responsabilité : pourtant, bon nombre de ces personnes ne sont pas des demandeurs d’emploi difficiles à placer pour faute de formations ou manque de diplômes ; mais elles sont des travailleurs à compétence sous estimer et sous évaluer. Beaucoup d’entre nous ont troqué leurs diplômes universitaires contre les tabliers de femme de ménage par instinct de survie. Certes il n’y a pas de sot métier mais il y a des politiques de diversion contre lesquelles nous populations d’origine étrangère devons agir pour une réelle prise en compte de notre société en mutation, pour un avenir meilleur pour nos enfants et pour la vitalité de notre démocratie.
En parlant de diversité dans le champ politique, les partis politiques recrutent des élites dociles et disciplinées relativement peu critiques sur la question des discriminations, qui sont relativement peu revendicatives sur les sujets qui fâchent (discrimination à l’emploi, racisme des élites, islam, etc.), préférant se faire discrètes pour conforter leur stratégie personnelle d’ascension au sein des partis politiques.
En effet, cette mise en scène au sein des partis Politiques nous donne une illusion de disposer de « relais » et de « médiateurs », capables de nous aider à régler les problèmes dont souffrent les immigrés et on voit bien dans les faits que rien ne change depuis des années. S’agit-il de l’expression d’un simple opportunisme politique ou d’une réelle évolution idéologique ? Prises entre l’impératif de conformisme au sein du parti et le devoir d’afficher leur ethnicité, ces élites politiques issues des migrations sont-ils vraiment capable de faire bouger les lignes au sein du système politique Belge ?
Nous notons que dans un de nos pays voisins, Harlem Desir est actuellement à la tête du parti socialiste en France. Nous avons vu la première puissance du monde propulser à la tête de l’état une personne issue des minorités visibles : Barack Obama est le fruit de la Discrimination Positive et le Symbole d’une intégration sans concession ni crainte. Peut-on espérer que la Belgique, terreau de la démocratie moderne, se décomplexe et gère courageusement la diversité ethnique et le multiculturalisme qui sont d’ailleurs devenus des critères d’évaluation du niveau démocratique au sein de l’Union Européenne ?
Quand Aimé Césaire dit « Une foule qui ne sait pas faire foule », il fait allusion à ceux là mêmes qui n’ont pas conscience qu’en démocratie l’on compte d’abord par la valeur quantitative et le nombre ; que l’on peut être un facteur de changement si l’on a conscience de son poids politique dans le cadre objectif que sont les élections. A la vielle des élections, ce clin d’œil est aussi bien envoyé aux candidats de la diversité qu’à l’électorat des minorités car être dans le même couloir sans s’adresser la parole est la façon la plus sure de ne rien espérer comme changement et accepter d’être à perpétuité les victimes d’un système qui nous instrumentalise.
Par Annette NTIGNOI
Présidente du Collectif des Femmes Africaines du Hainaut
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