Comment la mode indienne s’internationalise
Abraham Et Thakore, HiDesign ou encore Pashma… Encore discrets sur la scène internationale, ces grands noms indiens de l’habillement et de l’accessoire figureront-ils un jour parmi les grandes marques de demain ?
À voir l’appétit avec lequel les créateurs occidentaux et les sociétés de luxe et de mode regardent le sous-continent cette éventualité est fort probable. « L’Inde suscite un véritable attrait », relèvent les analystes de la banque d’affaires Bryan, Garnier & Co : « Il n’y a qu’à voir les tonalités indiennes des vitrines Vuitton dans le monde entier au moment des fêtes de Diwali (la fête des lumières indienne) ». Les créateurs indiens sont particulièrement courtisés. En témoigne le choix de Paco Rabanne de confier à Manish Arora le soin de relancer une partie de sa collection. De Ritu Kumar, qui éblouit depuis plus de 30 ans les podiums de ses superbes collections, à Tarun Tahiliani, dont la réputation dans le sari – longue étoffe traditionnelle – haut de gamme n’est plus à faire, en passant par James Ferreira et Little Shilpa, le choix des talents est vaste…
Intérêt réciproque
L’intérêt des industriels et investisseurs indiens pour la mode occidentale est aussi connu : après avoir sauvé le groupe de prêt-à-porter allemand Escada de la faillite en 2009, Megha Mittal, belle-fille du roi indien de la sidérurgie Lakshmi Mittal, songe à s’ouvrir à la mode pour homme. Et en sens inverse, les alliances vont bien au-delà de la seule création pure, ce que confirment les différentes offensives du numéro un mondial du luxe. Présent au capital du célèbre maroquinier indien HiDesign, LVMH aurait également entamé des négociations exclusives par le biais du fonds L Capital qu’il contrôle pour prendre une participation minoritaire dans Gitanjali Gem, le numéro deux de la bijouterie en Inde. Les fonds d’investissements TPG et KKR seraient également en lice pour entrer au capital du groupe. Selon le journal The Economic Times, la transaction atteindra 100 à 125 millions de dollars.
Présent chez Harrods
Ces investissements qui ne peuvent se faire sans le concours de partenaires indiens contribue également à faire connaître les marques locales à l’étranger. À titre d’exemple, des articles en soie d’Abraham Et Thakore sont désormais accessibles dans de grands magasins comme Harrods. La marque Janavi fournit Hermès en accessoires en soie et cachemire. Les frères Shantanu et Nikhil Mehra ont quant à eux lancé une ligne commune avec Adidas, « S&N for Adidas Neo label » disponible dans les points de vente de la marque. Enfin, certains investisseurs comme le grand réalisateur de Bollywood Karan Johar et le designer Varun Bahl, envisagent de lancer une collection de prêt-à-porter femme à l’international.
« Au cours des cinq dernières années plus de 50 marques se sont installées en Inde et 150 de plus prévoient de le faire au cours des trois prochaines années », pronostique la banque d’affaires Bryan, Garnier & Co, alors que la classe moyenne et aisée ne cesse de croître dans ce pays. « Le luxe serait un marché de 1,5 milliard de dollars et pourrait être multiplié par 5 entre 2010 et 2015 », prévient l’établissement.
TRIBUNE