Deux Camerounais placés en détention pour « homosexualité »
Les autorités camerounaises doivent immédiatement relâcher deux jeunes gens devant être jugés le 18 août pour homosexualité et abroger la loi discriminatoire invoquée pour justifier leur incarcération, a déclaré Amnesty International lundi 15 août.
Les deux hommes – qui ont 19 et 20 ans et sont seulement connus sous les noms de Jonas et Francky – ont été arrêtés le 25 juillet dans une voiture devant une boîte de nuit à Yaoundé, la capitale du Cameroun.
Ils ont été inculpés au titre de la Section 347a du Code pénal camerounais, qui érige en infraction les actes sexuels entre personnes du même genre, et se trouvent en détention à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé.
« Étant donné le degré élevé d’homophobie toléré par les pouvoirs publics au Cameroun, les personnes arrêtées en vertu de cette loi risquent d’être agressées et soumises à d’autres formes de mauvais traitements par leurs codétenus ou par les autorités carcérales en raison de leur orientation sexuelle présumée », a déploré Erwin Van Der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.
« Le Cameroun doit abroger cette loi draconienne. En arrêtant des personnes au seul motif de leur orientation sexuelle présumée, le gouvernement camerounais viole de manière flagrante les traités internationaux en matière de droits humains qu’il a signés ou ratifiés. »
Jonas et Francky sont les derniers d’une série de jeunes gens arrêtés en application de la Section 347a. S’ils sont reconnus coupables, ils risquent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.
En mars 2011, Jean-Claude Roger Mbede a été condamné à 36 mois de prison après avoir envoyé des SMS à un homme de sa connaissance.
Il purge actuellement sa peine à la prison centrale de Kondengui, tristement célèbre pour sa surpopulation, ses mauvaises conditions sanitaires et la nourriture insuffisante, en quantité et en qualité, donnée aux détenus.
Selon certaines informations, la santé physique et mentale de Jean-Claude Roger Mbede s’est dégradée et il ne bénéficie d’aucun soin médical. Il a dit à des personnes lui ayant rendu visite qu’il dort par terre depuis le début de sa détention, en mars. Il fait actuellement appel de sa déclaration de culpabilité et de sa condamnation.
Amnesty International le considère comme un prisonnier d’opinion, détenu uniquement à cause de son orientation sexuelle réelle ou perçue. L’organisation a demandé aux autorités de veiller à ce qu’il ne soit soumis à aucune forme de mauvais traitement, de harcèlement ou de violence. Des arrestations, détentions et procès d’hommes homosexuels, et de personnes soupçonnées d’être homosexuelles, ont lieu fréquemment en vertu de la Section 347a du Code pénal camerounais.
Si la Section 347a est en vigueur depuis 1972, cela fait seulement quelques années qu’elle est appliquée avec autant de zèle.
« Le nombre d’arrestations menées en vertu de cette loi semblait avoir diminué ces dernières années, après avoir connu un pic en 2005-2006 », a ajouté Erwin Van Der Borght. « Mais depuis quelques mois, il semble être de nouveau en hausse. Nous exhortons les autorités camerounaises à réexaminer cette loi discriminatoire et à honorer leurs obligations aux termes du droit international relatif aux droits humains. »
P.-S.
photo « africapress »