Sortie en Belgique du film congolais Viva Riva !
le film du cinéaste congolais Djo Tunda wa Munga, Viva Riva ! Entièrement tourné à Kinshasa et en compétition aux Oscars du cinéma africain (AMAA) en mars dernier, le film en a raflé six, dont celui de meilleur film, de meilleur réalisateur, de meilleure cinématographie et de meilleure production. Une véritable razzia pour ce premier long-métrage 100% made in Kinshasa !
Comme le réalisateur de Pulp Fiction, Djo Munga connaît sa grammaire cinématographique.
Avec Viva Riva !, premier film de fiction de cet ancien étudiant de l’Insas qui se sert des codes du polar pour signer ce qui s’apparente à une lettre d’amour à Kinshasa autant qu’à une chronique sociale. Il raconte une virée nocturne de Riva, de retour en ville les poches pleines après dix ans d’absence, fin prêt à s’offrir une nuit d’enfer avec son vieux pote J.M.
Viva Riva ! a l’énergie d’un Slumdog Millionaire mixé à la sauce Blaxploitation des Shaft, Foxy Brown et compagnie. La musique est infernale et certaines scènes plutôt « hot ». « Tu ne peux pas être à Kinshasa sans l’aimer, concède Djo quelques jours plus tard. Il y a ceux qui partent, ceux qui sont partis et ceux qui sont là. Dans ceux qui sont là, tu aimes, tu souffres, tu regrettes, tu peux être énervé et désolé, tu brasses une foule de choses et de sentiments, mais il y a d’abord une histoire d’amour. »
Il faut savoir comment la faim qui tenaille de nombreux Kinois modifie le rythme de la ville. « Ici, c’est au jour le jour. Pas le choix, confie Floyd, assistant décorateur de Viva Riva ! On fait la fête et puis on voit le lendemain ce qui se passe. Alors oui, les Congolais se réconfortent entre la bière, les filles et la musique ». C’est cette réalité que montre, et joliment, Djo Munga à travers son film qui accumule critiques dithyrambiques et prix de part le monde.
Sur la bande originale de Viva Riva ! on entend Papy Mbavu, star locale qui a fait danser Kinshasa au son de « Kotazo », tube d’une imparable efficacité et visible sur You Tube. Diplôme ou Junior, pour l’état civil, incarne Azor, variante congolaise de Scarface dans Viva Riva ! Ancien shégué et aujourd’hui sculpteur, Diplôme – c’est sa plus grande fierté – met à profit son expérience pour sortir les jeunes de la rue.
Viva Riva ! Ce film beau et invraisemblable à la fois est tombé comme un ovni, venu de Kinshasa. Beau à cause de la musique. Les musiciens de Kinshasa sont des maestros incontestables, avec leur son libre, éclatant, enthousiaste. On voit dans le film des boites de nuit, des salles de concert en transes. Sur le plan du récit, copié sur les illustres thrillers de Chicago des années 20…
Viva Riva ! capture l’âme de Kinshasa. Mais plus que cela et c’est sans doute le plus important. Le film de marque un tournant dans l’histoire du cinéma congolais. Une petite industrie est née avec le film. On attend vivement la suite…