Issa Hayatou, le monarque camerounais

Le Tribunal arbitral du sport a rejeté ce mardi le second recours déposé par Jacques Anouma contre la réforme des statuts de la Confédération africaine de football, visant à modifier les conditions pour être éligible à la présidence de l’instance.

Ainsi, le Camerounais Issa Hayatou sera le seul candidat à sa propre succession, ceci sans que personne ne trouve rien à redire.

La CAF n’a donc pas peur de se couvrir de ridicule. Une fois de plus serait-on tenté de dire. Au moment où le Tribunal arbitral du sport a rejeté le second recours de Jacques Anouma contre la réforme des statuts de la CAF qui le prive de pouvoir se présenter lors des élections présidentielles de l’instance prévues pour ce week-end, la juridiction sportive a également ouvert la voie à la réélection de l’actuel président, Issa Hayatou.

A la tête de la CAF depuis 1987, le dirigeant camerounais, seul candidat à sa succession s’apprête donc à honorer un 7e mandat, puisqu’il n’aura aucun adversaire pour lui faire face. Et ceci dans le plus grand silence. Un bilan qui ferait pâlir de jalousie plus d’un président africain. Aucune fédération n’a osé se poser face à la toute puissance de Hayatou et de son allié de toujours, Mohamed Raouraoua, président de la Fédération algérienne. Raouraoua qui a lui-même posé les bases de cette « démocratie à l’africaine », en faisant voter le changement de statut sur les conditions d’éligibilité. C’était lors du Congrès de septembre aux Seychelles.

La CAF, cette vaste mascarade

A cette époque-là, tous les grands pontes présents sous les tropiques devaient alors êtres plus préoccupés par les températures plus que douces et les buffets bien garnis que par cet amendement en question car, s’il l’avaient ne serait-ce que survolé, il se seraient rendus compte de coup d’état qui ne dit pas son nom. A moins qu’ils en soient les complices et acceptent de se ranger derrière le Lion Indomptable.

Lors du vote, qui a eu lieu à main levée (encore une grande démonstration de démocratie), sur les 51 membres, 44 fédérations se sont prononcées en faveur de cette modification, alors que 6 pays dont le Liberia, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, le Niger et le Burundi ont voté contre. Six pays dont le courage a déjà été salué, mais qui savent désormais qu’elles ont dans le viseur de la toute puissante CAF, cette instance qui n’hésite pas à rappeler à l’ordre ses fédérations un peu trop distances vis à vis du Tout Puissant Hayatou.

Alors, pour ou contre Anouma, là n’est pas la problématique. Il n’est en rien question de soutien envers l’ancien président de la Fédération ivoirienne, qui a lui même été mêlé à certaines affaires. Il est ici question savoir quelle image de la gestion de son football le continent africain souhaite t-il montrer au reste du monde. Comment en 2013, une élection à un seul candidat peut-elle avoir lieu au sein d’une instance qui est censée promouvoir le développement du football africain ?

Blatter, Hayatou : même combat

Et la FIFA dans tout ça ? N’a t-elle pas son mot à dire face à pareils agissements ? Oui, sauf qu’elle est loin d’être exemplaire pour se montrer en donneuse de leçons. Quelle légitimité donner à Sepp Blatter qui a « gentiment » fait écarter Mohamed Bin Hammam lors des dernières élections de l’instance, en le faisant soudainement tomber au sujet d’une sombre affaire de corruption, à laquelle il était lui-même mouillé ? Réponse : pas plus qu’un président qui est seul candidat à sa réélection.

Maintenant que la voie royale lui est toute tracée, Issa Hayatou va débuter un 7e mandat de rang. Avant la finale de la CAN 2013, le Camerounais avait toutefois annoncé (histoire de pousser le ridicule jusqu’au bout) qu’il s’agirait de son dernier mandat, précisant même, « si je suis élu« . L’on serait alors tenté de lui répondre : comment pourrait-il en être autrement puisque vous êtes le seul candidat monsieur Hayatou ?

Source: afrik.com

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