FRANCISCO LUZEMO EN APPELLE À L’HONNEUR

C’est un meïdé-meïdé qui a été lancé sur sa page facebook par l’un des jeunes réalisateurs d’origine africaine, parmi les plus talentueux que compte le plat pays belge. Francisco Luzemo a besoin d’un soutien financier pour achever son nouveau court-métrage

Francisco Yvan Luzemo lance son nouveau projet de court-métrage, « La loi du déshonneur ». Pour l’aider à peaufiner sa vision d’un cinéma engagé, le réalisateur et son équipe ont besoin de VOUS. 

FRANCISCO LUZEMO 4
« L’amour ne voit pas avec les yeux mais avec l’âme »

Son récent projet : « La loi du déshonneur » est le 6ème court-métrage du jeune réalisateur. Après le titre Nella Mutu qui dénonçait certaines pratiques douteuses sur les mariages arrangés Francisco Luzemo revient avec un nouveau projet tout aussi engagé ; Cette fois-ci, le réalisateur s’insurge contre : « Un ordre contre les femmes qu’on enseigne aux hommes depuis l’enfance, à calomnier ces femmes en devenir et à s’ériger contre toutes formes de rébellion envers l’ordre familial établi. »

La loi du déshonneur ! « Jusqu’à quel point allons nous rester « des témoins muets » de la domination affirmée des hommes sur les femmes dans certaines communautés où des mères placent leur fils ainé sur un piédestal et délaissent l’importance des filles qui ne peuvent pas comprendre, dans la plupart des cas, cette différence de traitement. 

Entretien :

Il faut être un peu fou pour faire du cinéma

Francisco. Tout d’abord, comment allez-vous ? L’homme, l’acteur, réalisateur… et le père de famille

Je me porte plutôt bien. Je suis en vie et en bonne santé. Par contre l’homme de cinéma est un peu fatigué, car je me démène comme un dingue pour atteindre mes objectifs. C’est un milieu difficile où il faut se battre comme un lion pour arriver au sommet. Mais on s’accroche. Malgré les échecs et les obstacles, on avance. « Il faut être un peu fou pour faire du cinéma, ça aide beaucoup»

Sinon le père de famille se porte à merveille. J’ai un fils magnifique, une femme aimante et une famille incroyable qui m’aide énormément dans cette aventure. Je remercie la vie pour toutes ces belles rencontres et aventures.

Francisco, acteur, réalisateur, homme engagé
Francisco, acteur, réalisateur, homme engagé

À combien se comptent aujourd’hui vos réalisations cinématographiques ?

Je suis à 6 courts métrages jusqu’à présent. Toutes ne sont pas des chefs d’œuvres mais je suis assez content de les avoir réalisé, car on sait combien c’est difficile de faire un film. Mais tout cela m’a surtout permis de faire des rencontres incroyables. Autant sur le plan artistique ou du point de vue humain.

Il faut aussi rappeler que vous êtes acteur. Une préférence entre ces deux rôles ?

Il n y a pas de préférence à vrai dire. Être réalisateur me permet vraiment d’aborder des sujets que j’affectionne. J’aime le fait de suivre un projet du début à la fin. L’idée de m’informer et apprendre des choses me plaît énormément. Je ne sais pas si c’est du français ce que je vais dire là, mais « La stimulation mentale à toujours vouloir apprendre tant de choses à travers la réalisation », c’est l’une des choses qui motivent l’homme et le réalisateur. Si en plus cela me permet de militer et prendre position, que demander encore. Je vais vous révéler un secret… Je fais le souhait de mourir d’une crise cardiaque sur un plateau de tournage. Ce serait une belle mort, non ? Par contre l’acteur, c’est une thérapie. Cela me permet de vider mes caves et combattre mes démons. Je n’ai pas envie de rentrer dans les détails, je m’arrêterais là-dessus. Enfin, voilà.

Je ne suis qu’au début de ma carrière et je ne suis personne dans ce milieu. J’avance doucement, mais surement et j’espère juste vivre de mon art à temps plein un de ces quatre. Juste me réveiller et aller sur un plateau avec la banane pour partager une scène avec des comédiens que j’admire à l’instar de : Marc Zinga, Babetida Sadjo ou Joey Star. Oui ! vous avez bien compris, Joey Star. Et la liste est longue. Le top serait de diriger toute cette concentration de talents sur un même projet et là je pense que j’aurai une trique monumentale (rires).

FRANCISCO LUZEMO SAFARI

Venons en à l’objet de l’interview. Le crowfunding ? Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi un tel choix ?

C’est ce qu’on appelle le financement participatif, c’est-à-dire faire financer son projet, peu importe sa nature, par la participation d’un grand nombre de personnes. Et on donne ce qu’on veut et ce que l’on peut. Ca aide beaucoup et c’est un bon moyen de financement lorsque ça fonctionne.

Pourquoi ce choix ? Tout simplement parce que je peux faire appel à un grand nombre de participants et que leur contribution est plus facile à obtenir si le projet plaît et touche. C’est une démarche facile et plus accessible. J’ai l’impression de toucher un plus grand nombre de personnes par ce moyen.

Après il ne faut pas négliger la piste des producteurs, mais le crowfunding c’est … Je vais reprendre un passage du film de la planète des singes : « Une branche seule casse facilement, mais ensemble fort ». En gros, l’esprit de cette méthode se résumerait en ces termes : « l’union fait la force »

La plate forme KissKissBankBank qui doit recevoir les sommes collectées. Que représente-t-elle ?

C’est une très bonne question à laquelle je ne saurai répondre pour l’instant. Mais je vous promets d’y réfléchir et à notre prochaine rencontre, j’espère qu’il y en aura d’autres, j’essaierai d’apporter une réponse.

FRANCISCO LUZEMO PRODROME

J’ai été éduqué par une Reine

On remarque que vous êtes fort engagé dans le Genre…

Avant même de choisir le cinéma, j’avais déjà fait le choix d’être un fervent défenseur de l’injustice. Je dirais même, ça n’a jamais été un choix mais une évidence pour moi. Mon engagement ne se limite pas qu’à l’injustice que vive les femmes. C’est beaucoup plus large que ça. Mais à l’heure actuelle, à ce moment précis de ma vie je me suis engagé à faire bouger les choses en ce qui concerne les injustices et violences que nos femmes vivent dans le monde. Ce n’est peut être rien par rapport à d’autres, mais c’est déjà ça. Et je pense que ce problème est une question de société à la quelle il faut trouver des réponses, mais surtout des solutions.

J’ai été éduqué par une reine et j’ai une grande famille à majorité féminine. Toutes ces femmes qui la composent sont animées par des ambitions et des envies. Cela me déplairait fortement de les voir dans des situations et positions désagréables.

Une scène du court-métrage Nella Mutu. Avec de gauche à droite : Lola Destercq et Babetida Sadjo
Une scène du court-métrage Nella Mutu. Avec de gauche à droite : Lola Destercq et Babetida Sadjo

Quelle est ou quelles sont vos principales influences dans le milieu ? Acteur comme réalisateur

Je suis un amoureux, mais un véritable amoureux de Terrence Malick et Spike Lee. J’adore Malick pour la puissance visuelle dans ses films et sa vision du cinéma. Ses films son des véritables chef d’œuvre.

Spike Lee, que dire, c’est mon père spirituel et mon modèle. Ce qu’il fait dans le cinéma est tout simplement hors norme. C’est un grand frère qui réalise des œuvres qui se focalisent sur les soucis sociaux et identitaires des minorités, ce qui forge encore plus l’admiration et le respect que j’ai pour lui.

Pour terminer, il y a Maïwenn. Quelle femme et quelle artiste ! J’ai eu la chance de participer à son film « Mon roi ». Il faut voir la manière qu’elle a de travailler avec ses comédiens. Je ne vais pas m’éterniser sur la question, voici en tout cas les trois noms qui influencent mon travail.

Passer par le crowfunding est-ce un acte qui prouve que le cinéma est en perte de vitesse ? Les investisseurs ont-ils tous abandonné le navire dans ce milieu ?

Non, passer par le crowfounding ne veut pas forcément dire que l’industrie est en chute libre ou que les investisseurs ont abandonné le navire. C’est juste un autre moyen de pouvoir financer son film.

FRANCISCO LUZEMO FILMS 3
Songe d’une nuit d’été. Court-métrage présenté à l’ouverture du Festimages au mois de mars.

Vous dites en présentation du projet : Susciter des débats afin de mettre en lumière la place que l’islam consacre et accorde à la femme, c’est-à-dire une place honorable où elle est élevée à un très haut rang, un témoignage du sacré. Là encore un acte certainement pas anodin. Relever une image positive de l’islam aux antipodes de celle vulgairement véhiculée dans les médias ou films traditionnels ? Le challenge des religions ne vous fait-il pas peur ?

Je ne me revendique pas avoir une grande connaissance de l’islam. Cependant, il est important de mettre le doigt sur ce sujet (que je mets en scène dans mes films) et susciter un débat.

Aujourd’hui dans les médias je vois des conneries, je lis énormément de bêtises sur l’islam et la place de la femme dans l’islam. Alors que cette religion enseigne le partage, la paix et place la femme à un niveau qu’on ne peut pas imaginer.

L’esprit de nombreuses personnes est pollué par des fausses informations, ce qui les amène malheureusement parfois à la xénophobie. L’islam que l’on m’a enseigné n’est pas ce que je lis dans la presse écrite et l’image de la femme qu’on véhicule dans l’esprit des gens, n’est pas celle que moi je vois dans la vie de tous les jours.

FRANCISCO LUZEMO FILMS 2

Je crois qu’il faut montrer toutes ces différences qui existent dans les différentes communautés pour en faire une force et unir les gens. Au lieu de chercher à les mettre en situation de guerre et de haine, par la diffusion de fausses informations.

Je ne considère pas la question de la religion islamique tel un challenge. La seule chose qui me fait peur dans ma démarche qui est  de montrer aux détracteurs de l’islam qu’il est une religion de paix, ce serait plutôt que l’on puisse me prêter l’idée d’en faire une affaire personnelle ou vouloir partir dans une croisade. J’espère pouvoir réellement être compris par cette explication car parfois je m’exprime de manière assez bizarre. Je l’avoue.

Vous êtes sans ignorer certainement que certains vous rappellent votre ressemblance avec un certain héros panafricaniste, Patrice Lumumba. Qu’en pensez-vous ? Et que pensez-vous de la trace que l’homme a laissé jusqu’à nos jours ?

Oui effectivement on me le dit souvent et franchement, à part la coiffure je ne trouve pas qu’on se ressemble tellement. Bon, peut être un tout petit peu si on veut.

C’est un homme que j’admire pour les idées qu’il avait, le combat qu’il menait pour le peuple congolais, pour toute l’Afrique et pour l’humanité en général. Je me retrouve en lui et je pense que l’on a tous un peu de Patrice Lumumba en chacun de nous.

L’homme a laissé à la nouvelle génération qui s’intéresse un peu aux problèmes de notre continent, le goût de la lutte politique et de la lutte pour l’indépendance de nos idées en tant que africain à part entière. Sans oublier son idéologie de lutte basée sur la non-violence, le courage, la détermination et la justice sociale.

J’ai constaté qu’une actrice revient assez souvent dans vos réalisations : Babetida Sadjo. Que dire… 

C’est toujours plus facile de parler d’elle quand je l’ai en face de moi et là, ce me semble impossible. Il y a tellement à dire sur elle. C’est une femme extraordinaire, une comédienne incroyable qui me fascine et me subjugue par sa force.

Babetida Sadjo c’est la sensation du cinéma à l’heure actuel. Un conseil à ceux qui me liront : si vous êtes réalisateur et que vous ne la connaissez pas, dépêchez-vous de prendre les informations sur cette incroyable actrice.

Selon moi, c’est la comédienne africaine de référence ici en Europe. Et dans les années à venir, elle sera tout simplement la comédienne africaine de référence que les grands réalisateurs s’arracheront. Toutefois, je dis bien toutefois… attention ! Babetida c’est ma MUSE, ma COMEDIENNE. Je prête mais je ne donne pas (rires).

Babetida Sadjo, héroïne principale du court-métrage "La loi du déshonneur"
Babetida Sadjo, héroïne principale du court-métrage « La loi du déshonneur »

Pour toutes les informations concernant le financement participatif, pour aider Francisco Luzemo, le jeune réalisateur engagé, à parvenir à la réalisation de son court métrage « La loi du déshonneur », n’hésitez surtout pas à partager l’information autour de vous. Et espérant que l’envie vous prenne, vous pouvez investir à hauteur d’une somme minimale de 5 euros voire plus.

Rendez-vous sur le site KissKissBankBank en cliquant sur ce lien : La loi du déshonneur

Également, vous trouverez des informations, des actualités au fil des jours et des photos sur la page Facebook:
https://www.facebook.com/pages/Film-La-Loi-du-Déshonneur/888755697879561

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Il n'y a pas encore de commentaire.