« Barbie savior », ou le complexe du blanc sauveur en Afrique
Barbie a décidé d’enlever sa robe de soirée et ses talons pour aller faire du bénévolat en Afrique… Mais elle reste toujours fashion !
C’est au travers d’un compte Instagram, Barbie Savior, que deux femmes ont décidé de se moquer du complexe des blancs sauveurs. En effet, elles critiquent l’attitude de certaines personnes qui vont en Afrique pour le montrer sur leurs comptes Instagram ou Facebook plutôt que pour aider les gens.
Bien sûr, aller faire du bénévolat en Afrique n’est pas un problème en soi. Le problème arrive quand le soi-disant bénévole – toujours blanc – présente sur les réseaux sociaux une image erronée du pays dans lequel il se trouve. En 2012, l’auteur nigérien Teju Cole avait décrit le complexe – issu bien évidemment du colonialisme – comme la croyance que « quiconque Américain ou Européen peut aller en Afrique et devenir un Dieu sauveur ou, au moins, satisfaire ses besoins émotionnels ».
Les deux femmes derrière Barbie Savior – qui préfèrent rester anonymes – admettent qu’elles-mêmes ont souffert du complexe du blanc sauveur, mais elles ont appris à remettre en question ce qu’elles avaient toujours pris pour correct. C’est à travers ce compte Instagram qu’elles se moquent d’abord d’elles-mêmes, puis des autres blancs qui encore aujourd’hui souffrent de ce complexe sans se remettre en question.
Elles veulent faire comprendre que les volontaires devraient agir comme ils le feraient chez eux :
« aux États-Unis, les infirmiers ne peuvent pas faire des photos avec les patients et les mettre sur Instagram ».
Ainsi, le droit à l’image des Africains devrait être de même niveau que celui des Européens ou Américains. Les photos dans les hôpitaux ou avec des orphelins ne devraient pas être permises !
Il y a plein d’offres pour aller dans des pays faire ce que nous appelons « voluntourism ». Les entreprises qui font ce genre d’offres sont de plus en plus conscientes du problème que suppose ce comportement. D’ailleurs, le directeur de gestion d’African Impact – une des organisations qui offre ces expériences de bénévolat – dit que désormais, ils utilisent des photos de Barbie Savior lors des discours d’introduction aux nouveaux bénévoles pour éviter d’en arriver à ces problèmes.
Barbie Savior veut lancer un message : le bénévolat est bien, mais il faut garder une éthique. Les bénévoles se doivent de faire attention de mieux gérer leur complexe du sauveur blanc, car ils participent d’une part à perpétrer une image erronée d’un continent et d’autre part, ils se servent de la pauvreté des autres pour se sentir mieux dans leurs peaux.