29 parlementaires européens demandent un focus sur la crise politique au Cameroun
La lettre est adressée au Haut Représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell
Signée par 29 députés de 13 nationalités européennes différentes et de toutes les tendances politiques représentées au sein de l’institution; cette lettre réclame une attention prioritaire sur la situation politique et sécuritaire du Cameroun, notamment sur les questions des droits de l’homme.
Depuis 2016, le Cameroun a perçu 280 millions d’euro d’aide au développement de la part de l’Europe, soit en moyenne 46 millions d’euro par an ( 47 milliards CFA ). Une manne financière qui n’inclue pas les investissements privés au travers de la BEI (Banque Européenne d’investissement). L’Union européenne est pour ainsi dire, l’un des principaux bailleurs de fonds de l’Etat Camerounais.
Sans jamais évoquer de sanction financières (pour l’instant), le parlement européen avait déjà en avril 2019, adopté une résolution d’urgence portant sur la situation des droits de l’homme au Cameroun. Étaient pointées du doigt, les exactions des forces armées camerounaises sur les populations de la zone dite NOSO (Nord ouest – Sud ouest) et le traitement dégradant infligé aux opposants politiques. Suite à cela, le chef de l’Etat Camerounais Paul Biya (38 ans de règne sans partage), avait relâché une partie de l’opposition emprisonnée, dont le leader Maurice Kamto sous geôle durant 9 mois.
Un an plus tard, le ton se durcit dans le NOSO, d’autres prisonniers politiques restent enfermés, rejoints par des journalistes et des activistes traqués et tués. C’est le cas de Samuel Wazizi, journaliste enlevé, séquestré et tué par l’armée camerounaise qui l’accusait de complicité avec les séparatistes du NOSO. Mort depuis 10 mois, la nouvelle n’a été annoncée à la famille de Wazizi qu’en juin 2020.
Extraits de la lettre signée par les eurodéputés
« Comme vous le savez, depuis 2015, le Cameroun est en proie à plusieurs foyers de tensions politiques et sécuritaires simultanés allant des incursions de Boko Haram dans la région de l’extrême-Nord à l’instabilité avec la République Centrafricaine le long de la frontière orientale, en passant par la rébellion séparatiste dans les régions à majorité anglophone du nord-ouest et du sud-ouest ».
« De plus, les opérations menées par les forces de sécurité du pays ont trop souvent été émaillées d’abus et de violations des droits humains (exécutions extrajudiciaires, viols, violences contre des femmes et des enfants, destructions de biens, …). Les séparatistes armés sont également coupables de multiples abus (enlèvements, notamment d’écoliers et d’étudiants, d’assassinats de policiers, de magistrats et de membres des autorités locales, et d’actes de torture et de mutilations, …) ».
« Le gouvernement a tenté de prendre des initiatives pour apaiser les tensions telles que le « grand dialogue national » ou le « Presidential plan for reconstruction and Development (PPRD) » ou encore en annonçant la libération de 1500 prisonniers (hors prisonniers politiques) pour lutter contre la propagation du Covid-19 dans les prisons surpeuplées. Mais ces mesures sont soit trop limitées, soit ne sont pas totalement mises en application faute de moyens ou de volonté politique ».
« Par ailleurs, les autorités continuent de mener des actions à l’encontre des défenseurs des droits humains, notamment avec l’inculpation de dirigeants d’ONG tels que Mr. Penda Ekoka Christian pour avoir récolté des fonds pour lutter contre le Covid-19 ou l’écartement de Felix Agbor Nkongho, avocat des droits de l’Homme connu pour son action en faveur de la résolution pacifique de la crise anglophone ».
« L’invocation et l’application disproportionnées par le gouvernement de la loi martiale dans des nombreux cas restent également une grande source de préoccupation ».
« Trouver une solution pacifique et durable à la crise dans les régions anglophones et soutenir le pays dans des réformes démocratiques nous semblent être les priorités absolues de l’UE dans ses relations avec le Cameroun. L’Union européenne doit utiliser tous les leviers dont elle dispose pour amener le pays à améliorer la protection des droits humains, de ses défenseurs ainsi que des minorités dans un contexte qui reste tendu ».
« C’est la raison pour laquelle nous voulions nous assurer que le dialogue politique entre l’UE et le Cameroun initialement prévu en juin 2020 aurait bien lieu, et que toutes les préoccupations ci-dessus y seraient abordées. Enfin, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous informer des mesures que vous comptez prendre afin de soutenir une résolution pacifique du conflit basée sur l’approche du dialogue ».
Les signataires
Pina Picierno MEP S&D Italy – Isabel Carvalhais MEP S&D Portugal – Nikolaj Villumsen MEP Gue Denmark – Fulvio Martusciello MEP EPP Italy – Esther de Lange MEP EPP Ndls – Toussaint Marie MEP greens France – Pascal Durand MEP Renew France – Sidl Guenther MEP S&D Autriche – Vollath Bettina MEP S&D Autriche – Erik Marquardt MEP Green Allemagne – Soraya Rodriguez MEP Renew Spain – Ivan Štefanec MEP EPP Slovaquie – Javier Nart MEP Renew Espagne – Maria Walsh MEP EPP Irelande – Alex Agius Saliba MEP S&D Malte – Köster Dietmar MEP S&D Allemagne – Urtasun Ernest MEP Green Espagne – Heide Hannes MEP S&D Autriche – Izaskun Bilbao Barandica MEP Renew Espagne – Mounir Satouri MEP Rene – Strik Tineke MEP Green Ndls – Isabel Santos MEP S&D Portugal – Joachim Schuster MEP S&D Allemagne – Oetjen Jan-Christoph MEP Renew Allemagne – Melchior Karen MEP Renew Danemark – Pär Holmgren MEP Green, Suède – Jakop Dalunde MEP Green Suède – Maria Arena MEP S&D-BE – Alice Kuhnke MEP Green Suède