Bertrand Mvogo lance une pétition pour la santé pour tous au Cameroun et réagit aux allégations du site Le Monde
Jeune camerounais résident en France depuis près d’une décennie, Bertrand Mvogo, la trentaine révolue s’intéresse de près au bien-être de ses compatriotes restés au pays. Il leur souhaite d’ailleurs de meilleures conditions de vie. C’est sans doute ce qui l’a poussé le chef service d’une structure financière parisienne à lancer une pétition pour l’amélioration du traitement sanitaire du peuple dirigé par le président Paul Biya.
Monsieur Mvogo s’est également appesanti sur la publication de la version numérique du journal Le Monde relative à l’état de santé du couple président du Cameroun. Entretien…
Monsieur Mvogo, vous avez lancé une PÉTITION pour la mise sur pied de la sécurité sociale au Cameroun. D’où vous vient cette idée ?
Je vous remercie de m’avoir donné la parole à travers votre journal. En bon patriote, l’idée m’est venue suite à plusieurs décès et aux exigences du corps médical, qui refuse très souvent de s’occuper des patients en dépit de leur état de santé précaire. Pourtant à cause du marasme financier ambiant au pays, la couche défavorisée majoritaire au Cameroun manque de moyens pour avancer leurs frais médicaux. Les médecins n’hésitent pas à les laisser croupir dans les salles d’attente des institutions hospitalières. Ceci au grand mépris du serment d’« Hippocrate ». Je vous parle par expérience. J’ai vécu avec amertume des scènes horribles lors des séjours au pays. Des scènes similaires m’ont également été rapportées par mes proches restés au cameroun. Face à tout ceci, l’Etat demeure muet, silencieux voire complice.
pourtant, chaque gouvernant a pour devoir de protéger ses concitoyens. Le droit régalien de l’Etat est pratiqué presque partout ailleurs dans le monde. Des pays au même niveau de développement ou relativement inférieur au nôtre parviennent à soigner leur population, pourquoi nous sommes en reste? Voici les fondements de la réflexion qui m’ont poussé à mettre sur cette pétition. Dont le dessein est d’aboutir au « traitement pour tous » au Cameroun.
Comment concrétiser une telle initiative ?
Pour concrétiser l’assurance maladie au Cameroun, il faut avoir de la volonté. Ensuite il faudrait recenser les camerounais en fonction de leurs niveaux de vie ou de leurs activités : il faudra ranger d’un côté des personnes de faibles revenus économiques et de l’autre des agents du secteur formel c’est à dire fonction publique et secteur para étatique et enfin le secteur informel. Cette classification a pour but de réduire les payements directs des frais hospitaliers, qui pèsent lourdement sur les familles. Ainsi les personnes aux revenus intermédiaires et leur famille pourraient recevoir des cartes, qui leur permettront d’accéder facilement aux soins médicaux.
Avez-vous le sentiment que les autorités camerounaises vont prendre au sérieux ce projet ?
Bien-sûr que oui. Primo nous sommes tous camerounais et l’assurance maladie est un bien commun à nous tous y compris ceux qui nous dirigent. Un état qui n’est pas conscient de l’enjeu met son peuple en danger. Car un peuple malade et un peuple non dynamique plombe l’éclosion et le développement d’une nation. Surtout si elle se veut émergente comme le nôtre (Emergence 2035 ndlr).
Dans un pays pauvre et endetté comme le Cameroun, où trouver les fonds nécessaires pour la prise en charge de toute la population défavorisée ?
Pour moi, le Cameroun n’est pas un pays pauvre. Débarrassons-nous de cette perception fataliste et négative du Cameroun. J’ai eu la chance de voyager à travers le monde, je ne vois pas beaucoup de pays aux potentiels aussi impressionnant que le nôtre. Il faut rester ambitieux. Sans être un expert financier je crois, que nous pouvons financer la « prise en charge » de toute la population défavorisée, en taxant les opérateurs mobiles et les transferts d’argents et surtout sur nos matières premières : cacao bois pétrole diamant… Il y a peu de temps, le président de la république (Paul Biya) a fait débloquer 4 milliards pour la construction des écoles dans la partie septentrionale du pays. Ceci est certes un acte à louer, mais pensez-vous, que si le gouvernement faisait une rallonge avec une somme un peu plus conséquente nous n’aurions pas droit à notre assurance maladie? Si. Il suffit juste d’inscrire ce projet dans le registre des priorités du gouvernement
Vous militez également pour la revisite des règles de marchés publics octroyés aux multinationale. En quoi va constituer cette redistribution ?
Lorsque nous observons le paysage, on constate que quand la majorité des opérateurs internationaux signent des contrats avec l’Etat du Cameroun, les dits contrats ne sont pas respectés dans la plupart des cas. Prenons par exemple le secteur du bois, vous allez remarquer, que dans les zones ou on exploite le bois sont enclavées. On n’y trouve pas de bonnes routes, de dispensaires, d’école… Cette région compte pourtant parmi les plus riches au monde. Car outre le bois, on y trouve de nombreuses ressources minières. Je préconise donc une remise en cause de ces contrats et une réévaluation de leurs cahiers de charges. On peut par exemple exiger aux forestiers de viabiliser la zone. Les contrevenants à ces exigences devront voir leur contrat résilier sans préavis.
N’est-ce pas une occasion de courroucer les bénéficiaires de ces marchés et prêter le flanc à l’instabilité du pays ?
Oui. On le voit avec la construction des ports en eau profonde avec le groupe bolloré. Ce monsieur n’a pas à venir nous dicter sa loi. Le Cameroun est un état souverain et on ne peut pas permettre des contrats qui desservent les intérêts du peuple. Pourtant, une bonne négociation d’un tel accord peut générer suffisamment de fonds pour financer l’assurance maladie. Elle pourrait également permettre de verser aux familles les allocations familiales. La majorité des pays limitrophes du Cameroun transitent la plupart de leurs marchandises sur le territoire camerounais. Au regard de nos nombreuses ressources tant minières qu’humaines, je pense le Cameroun a juste besoin d’une bonne gouvernance pour satisfaire les besoins du peuple.
Parlons de tout autre chose. Comment la diaspora vit-il le conflit qui sévit l’Extrême-Nord du Cameroun ?
Permettez-moi d’avoir une pensé pour nos vaillants soldats qui nous ont quitté, alors qu’ils étaient entrain de combattre pour nous permettre de continuer à vivre en paix. La diaspora camerounaise est très inquiète des événements qui se déroulent au Nord de notre pays. Elle contribue en sa manière au soutien des familles des victimes. Je vais vous faire l’économie de nos actions.
Je profite de l’occasion, qui m’est offerte ici pour demander au Président de la république de créer un Ministère de la diaspora. Car les « diasporé » participent activement au développement de notre pays, à travers l’envoi des fonds aux familles restées au pays. Plusieurs camerounais diplômés des grandes écoles de part le monde souhaitent investir au pays, ils sont confrontés au coût exorbitant de la douane ce qui freine souvent beaucoup leur élan.
Pour sortir, comment avez-vous accueilli en France l’information publiée sur le site internet du journal Le Monde relative à l’Etat de santé du couple présidentiel?
Pour ma part, il est inadmissible qu’un journal comme Le Monde publie des informations sur l’état de santé d’un chef d’état. Quelles soient réelles ou pas le secret médical doit prévaloir. Je me demande à quelle fin ce journal l’a fait et profite pour attirer mes compatriotes à être vigilants. Que nous soyons favorables ou non aux idéaux de Paul Biya, il est notre président. Faisons donc attention. Car on évoque de plus en plus des manœuvres de déstabilisation de notre pays par Paris. Je ne vais pas revenir sur les nombreux mensonges et incongruité de l’article querellé, mais le contenu du dit texte montre une véritable intention de nuire et de fragiliser le président de la république du Cameroun. Pourquoi tout ceci? Pour apporter des éléments de réponse à cette interrogation, il faut remonter au quinquennat de Nicolas Sarkhozy qui évoquait en son temps le renouvellement de la classe dirigeante en Afrique. Cependant on veut bien se demander si la démocratie que ces puissances nous enseigne à changer? Il revient au peuple camerounais et à personne d’autre de choisir ses dirigeants. Paris veut sans doute faire ressasser le coup, qui a conduit Paul Biya au pouvoir en 1982 avec la « vraie fausse » maladie du président le regretté Ahidjo Amadou.
Entretien mené par James Kapnang
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