De curieux pharmaciens dans les bus camerounais
Des vendeurs ambulants de médicaments opèrent au quotidien auprès des passagers de cars, avec la complicité des chargeurs et chauffeurs. 11h à la gare routière de Mvan. Dans une agence de transport, un car presque plein en partance pour Douala s’apprête à démarrer. Tous les passagers se pressent de prendre leur place à bord. Tous, sauf un. « Rambo », la quarantaine, est vendeur ambulant de médicaments. Il attend que le car soit plein, ou un signe du chauffeur, pour embarquer à son tour. « L’entente se fait avec le chauffeur. Parfois, c’est même lui qui nous appelle. Et nous savons que nous devons lui donner sa bière en retour », révèle le vendeur.
Comme lui, bon nombre de « pharmaciens ambulants » exercent dans des cars de transport. Le scénario est le même à chaque fois. Quelques minutes après le début du voyage, le chauffeur coupe la musique. Un passager se lève alors et commence à présenter divers produits, dans une envolée lyrique surprenante. L’éloquence y est, la capacité de persuasion aussi. Et il parvient presque toujours à faire croire aux voyageurs que ses produits peuvent guérir des dizaines de maux et même des maladies encore déclarées incurables par la science. Des produits cosmétiques, friandises et autres sont aussi proposés.
Mais dans ce commerce, les clients ne sont pas à l’abri des déceptions. « Nous enregistrons souvent des plaintes de passagers qui dénoncent le mauvais état des produits achetés et qui, du reste, ne soignent pas », déclare Joachim Fouda, chef d’agence à Royal Express de Yaoundé. D’autres sources font état de complications subies par des patients suite à la consommation de ces substances. Pour les vendeurs, qui disent recevoir leur savoir de Dieu, l’inefficacité du produit est toujours imputable au non respect de la posologie. Et la transaction ne laisse quasiment aucune voie de revendication aux voyageurs qui s’estimeraient lésés. « La loi du commerce est claire. Une marchandise vendue ne peut être ni échangée, ni remboursée », argue Basile, dit « Docta », un autre vendeur ambulant. Une disposition qui est loin de crédibiliser les vertus données par ces vendeurs à leurs produits.
Si d’autres passagers affichent leur satisfaction, il n’en demeure pas moins vrai que la vente des médicaments en dehors de locaux appropriés et par des personnes non formées est réprimée par la loi. C’est pourquoi des campagnes sont régulièrement menées par les autorités pour stopper la vente illicite des médicaments dans les grandes villes. Mais les « pharmacies ambulantes » semblent avoir été à chaque fois oubliées. Pourtant, les griefs qui leur sont faits sont tout aussi répréhensibles : origine douteuse des médicaments, mauvaise conditions de conservation, vente illégale, ignorance des vendeurs … Une situation qui vient légitimer la récente décision du préfet du département du Wouri Bernard Okalia Bilaï interdisant le commerce dans les cars de transport. Dans le Mfoundi, ces vendeurs de « médicaments miraculeux » désormais malvenus à Douala, bénéficient encore de la complicité des personnels d’agences de transport.
Hugues Marcel TCHOUA, Cameroon Tribune
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