Information et désinformation ; place du journaliste, Michèlle Ebongue s’exprime
Cameroun-Douala/ Brukmer.be était à la rencontre de madame Michelle ESSO EBONGUE, Délégué Régionale de la Communication pour le Littoral en poste depuis janvier 2007. Une dame disponible et ouverte, qui travaille « 24h sur 24 ».
Nous avons fait le tour des sujets qui ont marqué la vie de la presse au Cameroun en 2010. Des questions telles « l’affaire » Mutation-Cameroon tribune, sur le couple adultérin, en passant par le pot de vin « gombo » dans nos médias était d’actualité.
Bonjour Madame le Délégué Régionale de la Communication pour le littoral. Brukmer.be vous remercie pour l’intérêt que vous lui accordez
C’est un plaisir
Quelles sont les difficultés rencontrées pendant l’exercice de vos fonctions cette année ?
C’est une fonction qui peut être mal comprise. Car quand on parle de délégation de la communication, plusieurs personnes se focalisent sur les journalistes. Or le journalisme n’est qu’un pan de cette tâche. Il y’a les autres corps de métiers beaucoup plus techniques au rang desquels la distribution, la télé-distribution en passant par la publicité. Hors mis la publicité et le journalisme que je connaissais mieux, il fallait très vite se mettre à une nouvelle école. Il y’ a des horizons nouveaux qu’il faut cerner au plan contextuel, c’est à dire au niveau de la région. Il faut également faire avec la cybernétique. Dans ce contexte, il ne faut pas se laisser déborder. C’est vrai que j’aime tout ce qui est informatique. Cependant il faut apprendre tous les jours. Je ne pense pas avoir des difficultés en tant que telle.
vos rapports avec la presse
Je suis de par ma formation de départ une femme de médias. je n’ai pas du mal à comprendre mes collègues. Mais vous savez c’est un monde ou les opinions diverges ou converges. C’est ça même le chic de ce métier. On n’est jamais tous d’accord si oui devant la mort. Il faut savoir gérer les uns et les autres en fonction de leur positionnement.
Que pensez-vous de la presse camerounaise ?
De façon comparative, je dirais que malgré les petits manquements sur les plans administratifs, économiques, morales, éthiques et autres, je pense tout de même que nous sommes l’un des pays avec une grande variété de médias, ainsi qu’une liberté de ton indéniable. Vous pouvez faire un tour dans la sous région d’Afrique Centrale et vous ne me direz pas le contraire. Du point de vue de la liberté d’expression, ou de la liberté d’opinion, je peux dire que ça va. Nous ne pouvons pas trop nous plaindre de se point de vue. Il est vrai que les journalistes souffrent des conditions de travail défavorables et du mauvais traitement salarial. Ceci ne dépend pas de l’administration, mais plutôt des employeurs.
La divergence des points de vue dont vous faîtes allusion me pousse à solliciter votre point de vue sur « l’affaire » Mutation Cameroon Tribune au sujet du couple adultérin qui n’a pu se séparer après l’acte sexuel
C’est bien, ça suscite l’émulation du monde de la presse et c’est tant mieux. Tant mieux parcequ’il y a recherche de la vérité. En fin de compte il y a une population qu’on doit informer, avec tout ce-que ceci comporte : les faits avérés. C’est à dire comme on le dit dans le monde de la presse les faits sont sacrés. je ne m’attends pas à ce type d’article encore moins avec un espace aussi important dans un quotidien comme le Cameroon Tribune. Ce sont des choses vues et entendues.
Le reporter en question décrit l’itinéraire de ce couple. La question s’est comment marche t-on dans la situation qu’ils ont décrite, on vous met dans un brancard ? Ceci relève de l’extraordinaire. Ce sont des faits divers. Mutation émet des doutes, je veux bien croire qu’il est de bonne foi. Mutation a également initié une enquête, ce-qui est normal. C’est Mutation certes, ça aurait pu être le réflexe de n’importe quel journaliste. Si cela est avéré, c’est à Cameroon Tribune de réagir suite à la réaction de Mutation qui relève que c’est une affaire fictive, à charge pour eux de prouver le contraire. Pour la journaliste que je suis, je ne vois pas l’importance d’un article pareil si oui, cela a permis à nos confrères de se mettre en exergue sur une affaire de moeurs. A moins qu’on ne cherche par là à nous montrer que du point de vue sociologique nous sommes dans l’anémisme absolu. Ou encore ils veulent nous replonger dans le fétichisme, la sorcellerie. De ce-qu’il disait, personne n’a vu ce mystérieux couple. Jusqu’ici seul le reporter de Cameroon tribune l’a vu.
D’après LEGER TIGA journaliste de Mutation qui a rencontré un médécin, un homme normal ne peut pas survivre plus de 4h dans la situation décrite par le reporter de ce quotidien nationale. Il ne ferait pas pipi, sur le plan physiologique, ce n’est pas possible. Vous voyez !
Que faire pour éradiquer le « gombo » pot de vin dans la presse nationale
Notre souhait, c’est que les journalistes travaillent normalement. Qu’ils aient les salaires qui leur permettent de vivre dans la decence. Maintenant, c’est chacun qui sait ce-qu’il compte faire de sa vie. Tout dépend de l’éducation reçue. je veux dire que, courir apès des personnes pourqu’elles vous donnent quelque chose parcequ’on veut faire des articles sur elles…. Quand il ne vous donne rien ça devient la contre information. C’est un sujet qui arrange et qui dérange en fonction du côté où on se trouve. L’avenir de la presse dépend de nous tous. Ce-que je peux dire de cette question premièrement c’est que cela s’arrête. la seconde chose c’est qu’il y a une convention collective qui est là, qui existe, qui a été signé par tout le monde : les patrons de presse, l’administration. Cette convention permet à chaque journaliste de savoir en fonction de son niveau, quel peut-être son salaire minimum.
Il y a une image qui me choque souvent et je suis surprise que vous même confrères vous ne soyez pas choqués par cela : qu’à la fin d’une conférence de presse une fois qu’on ait libéré tout le monde on demande aux journaliste et aux chauffeurs d’attendre dans un coin de l’hôtel, et que les confrères trouvent ceci normal. Ce n’est pas que je méprise ou je dilue la fonction d’un chauffeur, mais j’estime que chacun a un rôle et qu’il n’y a pas de raison de mélanger. Les journalistes se comportent comme s’ils ont juste besoin du support pour vivre. Un rédacteur qui continue de travailler après 6 mois sans salaire, ça peut surprendre. Par contre il sait qu’en couvrant quelques cérémonies dans la ville, il a plus de son salaire. Les directeurs de publication prennent cette situation à leur avantage.
Décrivez nous la journée de travail d’un délégué provincial camerounais
Mes journées ne se ressemblent pas forcément. Quand j’étais sans responsabilité, je pouvais arriver au bureau à 7h30-8h et retourner à partir de 15h30. Maintenant c’est « 24h », c’est à tout moment. En plus des tâches exercées dans mon environnement, mon programme dépend également de celui de la région, par conséquent de mon supérieur directe qu’est le gouverneur. Pour preuve ce message porté que vous observez, m’invitant à travailler Dimanche. vous voyez que le week-end nous sommes aussi bien sollicité que les jours ordinaires, et on y va. C’est ainsi qu’on se rend disponible à tout moment. Le travail dans l’administration, c’est d’abord recevoir comme je le fais en ce moment. Nous donnons également des informations à des personnes dans le besoin, peu importe le domaine. En plus nous rédigeons des notes, des rapports. En bref le travail c’est à tout instant et chaque jour.
Votre opinion sur les médias numériques
je suis une internaute avérée, on peut même dire ou penser que j’ai le virus de l’informatique indépendamment de ma fonction de Délégué Régionale. Les médias numériques ont une très grande portée. Pour preuve, les supports papiers sont devenus numériques. C’est ainsi qu’on peut observer en ligne les journaux classiques connus de tous : Mutaion, Messager et autres. La presse en ligne est devenue sans contexte la vitrine de l’information camerounaise à l’étranger. Elle est très rapidement reçu d’un bout à l’autre du monde : c’est le temps d’un clic. C’est un environnement « free, open ». Elle peut aussi bien amplifier que mal informer les camerounais qui sont ailleurs. Ici on n’a pas forcement besoin d’un bureau, d’une table. Il suffit juste d’avoir son ordinateur portable et on peut exercer sans problème. C’est une bonne chose. Par contre, nous déplorons le non conformisme de certains médias en ligne, qui restent dans la clandestinité sur le plan administratif. Nous invitons cependant ces derniers à prendre attache avec les autorités compétentes, dans l’optique de régulariser leur situation. Les promoteurs de ces médias non classiques qui sont en règle font leur travail comme il se doit et c’est une avancée informationnelle.
Quelle message adressez-vous aux jeunes journalistes ?
Le journaliste s’est le travail, la culture, la bonne curiosité. Un bon journaliste fût-il jeune se fait toujours remarquer, soit par sa plume, soit par l’organisation de son contenu. Peut-importe l’organe qui l’emploie. Le journaliste est un écrivain du quotidien. Ceci signifie qu’il faut lire, s’informer tous les jours afin de ne pas se faire déborder.
Réalisée par james Kapnang- brukmer.be