Cameroun : le drame des enfants prisonniers

Tous les enfants ont droit à l’éducation, notamment à l’enseignement primaire gratuit, selon la Convention relative aux droits de l’enfant. L’ong « Grains de sable », grâce à sa présidente Annette Ntignoi vient d’initier au Cameroun, le projet « ecole derrière les barreaux ».

Un projet né du constat qu’au Cameroun, les enfants prisonniers sont détenus dans des conditions exécrables et privés d’éducation et d’enseignement derrière un silence politique assourdissant. Nous étions à la rencontre d’Annette Ntinoa.

Pourquoi ce projet, « école derrière les barreaux ?

La privation de liberté ne peut et ne doit engendrer la privation des autres droits fondamentaux. Nous avons constaté la carence et le besoin de l’accès à l’éducation dans les prisons. D’où la nécessité du projet « l’école derrière les barreaux », que nous avons initié dans le cadre des activités de scolarisation des enfants en difficulté.

Le présent projet vise à garantir aux jeunes en prison au Cameroun un accès à l’éducation. Outre l’exercice d’un droit fondamental, cela leur permettra de développer diverses connaissances et compétences et de renforcer leurs capacités afin de favoriser leur réinsertion sociale et échapper à la récidive.

Qui vous met la puce à l’oreille concernant ces enfants prisonniers ?

Même si l’idée de solidarité « grain de sable » a été initiée par une personne, elle est comme tous les grands idéaux, portée aujourd’hui par un groupe de personnes qui mettent leurs actions en commun pour faire avancer la cause humaine. La problématique des mineurs en prison, n’est qu’un épiphénomène qui masque le manque de véritable politique de la jeunesse dans certains pays où la politique de protection de l’enfance est une politique morte. De part son environnement, de part ses occupants, de part son contexte, nos prisons sont loin d’être des endroits où un enfant pourrait se sentir en sécurité : j’ajouterai même que c’est vraiment le seul endroit où on est sûr qu’il soit en insécurité.

Qu’avez-vous découvert concrètement là bas ?

La délinquance juvénile est un fléaux qui touche particulièrement le Cameroun. Avec l’arrivé de la télévision, Internet, la prolifération des films violents, la publicité qui incite les jeunes au culte des grandes marques, le nombre de jeune dit délinquant va croissant et l’âge du délit de plus en plus jeune ( 10 à 12 ans).

Et la justice dans tout cela ?

La justice est débordée : la prévention de la délinquance juvénile qui est un processus regroupant plusieurs domaines d’intervention est remplacée par la répression faute de temps et de moyens : qui dit répression dit urgence, et dans l’urgence les droits de ces enfants dit « délinquants » ne sont pas respectés et la justice parfois bâclée. La plupart dorme à même le sol, j’ai vu par exemple un enfant être en préventive de puis deux ans pour avoir volé un régime de Plantin, un autre croupi depuis 8 mois en prison parce qu’il est soupçonné d’avoir volé une marmité… c’est vraiment un gâchis !

De quelles prisons s’agit-il ?

Ce projet a son siège à Bafoussam chef lieu de la région de l’ouest Cameroun ce qui permet d’avoir un accès rapide et favorable dans les 9 prisons que compte la région. Les prisons concernées : Bafoussam, Mbouda, Dschang, Bafang, Foubam, Foubot, Bazou, Baganté et Mantoum. Soit environ 200 jeunes (12-18 ans) dans ces 9 prisons de la région de l’ouest Cameroun.

Quelle démarche vis à vis des autorités camerounaises ?

Une véritable politique de jeunesse est celle qui intègre tous les jeunes. La monté de la délinquance juvénile, les mineurs en prisons, la problématique de la réinsertion de ces enfants en difficulté dans la société, sont des thèmes qui nécessitent une solution durable et surtout urgente. Tout l’intérêt est de trouver un équilibre entre l’ordre public et l’éducation des enfants en difficulté. Assuré la scolarisation de tous les enfants entre dans le programme de l’éducation nationale au Cameroun, mais les mineurs en prison font parti d’une jeunesse à part oublié du système scolaire et de la politique nationale.

Au final, quelles sont vos objectifs ? venir en aide à ces enfants ou dénoncer les raisons de leurs arrestations ?

Attirer l’attention sur ces mineurs en prison qui comme ceux de l’extérieur ont aussi droit à l’éducation. Le Chef de l’Etat nous a rappelé récemment notre obligation à préparer notre relève. La force d’une société se mesure au bien être du plus faible de la communauté. Cette année 2011 est l’Année Internationale de la Jeunesse, Mr Ban ki Moun disait au mois d’août lors de la célébration de la journée de la jeunesse, que « faire des économies sur la jeunesse c’est faire des fausses économies ». On note au niveau national une avancée considérable aussi bien au niveau de l’accès à la scolarisation pour tous que la défense des droits des enfants. La prise en compte de la société civile comme partenaire de développement dans la stratégie gouvernementale actuelle, manifeste la volonté de l’état soucieuse du bien être de sa population. Nous comptons sur l’appui institutionnel pour réhabiliter des centres de réinsertion des jeunes et faire de l’emprisonnement des mineurs une exception.

P.-S.

Infos contact : Annette Ntignoi

GSM :             0032498538665

Fixe : 0032270312

Fax:0032272313

e-mail : info@graindesables.org

Site : graindesables.org

Par Nel Nziemi Tsopo – brukmer.be

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