Cameroun; les Decca, une famille hors du commun
Ben, Grace, Dora et Isaac Decca sont tous les quatre des vedettes de la chanson camerounaise.
Comment avoir quatre de ses enfants vedettes de la chanson parmi les plus réputées du pays ? Chanter soi-même, accueillir dans son salon des musiciens de renom, et encourager les uns et les autres à maîtriser d’immenses répertoires. C’est peu ou prou la recette appliquée, par hasard, par le Camerounais James Decca, père de dix enfants qui ignorait les talents cachés de sa progéniture.
Ben, 56 ans, est le premier à s’être révélé. Ex-membre de l’orchestre de son lycée, à Yaoundé, il lui suffit de rencontrer à Paris, où il poursuit ses études, le chanteur Joe Mboulé, qui lui met le pied à l’étrier. Résultat, un 45-tours géant de makossa qui cartonne. Son père exige qu’il termine néanmoins ses études d’expert automobile. Il passera le même marché avec ses autres enfants qui empruntent un chemin identique.
Relation privilégiée
D’abord Grace. Un jour, en l’absence de Ben, elle s’autorise un enregistrement sur l’une des maquettes. Lui écoute, conquis. S’ensuit un duo, Na Sengi Bobe, qui sera vendu à des milliers d’exemplaires. Le scénario est plus ou moins le même pour Dora (trois duos avec Ben, avant une carrière solo) et Isaac, le plus jeune des chanteurs. Les Decca entretiennent une relation privilégiée, se soutiennent et sont les premiers critiques les uns des autres (avant la mise sur le marché d’un album, il est soumis aux membres de la famille).
« Nos parents ont cultivé en nous l’esprit de clan. Quand l’un va mal, les autres souffrent aussi », précisent-ils en choeur. Si l’un est en concert, les autres peuvent intervenir en invités, sans contrepartie. Pas de place, donc, pour la jalousie, ni pour les querelles de chefs. « De fait, le chef, c’est l’aîné, qui a pour mission de protéger les plus jeunes, tandis qu’eux lui doivent le respect », précise l’aîné de la fratrie. Ils revendiquent tous une interdépendance qui, selon eux, fait leur force. Une relation fusionnelle, donc, avec ce qu’elle comporte comme risque de vouloir rester entre soi. Les épouses et époux n’ont pas d’autre choix que celui d’adhérer au clan.
Source: jeune Afrique