Teddy Tamgho, ce camerounais qui honore la France

Le camerounais Teddy Tamgho rapporte à la France son premier titre mondial depuis 8 ans.

Si pour le coup ses origines sont peu citées par les journalistes français, Teddy Tamgho en réalisant cet exploit inattendu, confirme une fois de plus la richesse des talents du continent africain et la médiocrité de ses élites dirigeantes du sport qui par leurs incompétences laissent filer des champions tel Tamgho qui fait rayonner le drapeau français au sommet du monde.

Sur ce concours, il avait même dans les jambes le record du monde, la marque incroyable de Jonathan Edwards à 18m29 : cela s’est joué à quelques millimètres de plasticine mordue sur son troisième saut.

Cette médaille d’or est la seule pour la France dans ces championnats du monde, la première depuis 2005. Elle signe le retour du talent le plus égocentrique et turbulent de l’athlétisme français après deux années noires.

La « petite story »

La carrière de Tamgho était parti sur des bases ultrarapides. En 2008, il devient champion du monde juniors avec la deuxième performance de l’histoire dans la catégorie (17m33). Deux ans plus tard, à seulement 20 ans, il remporte l’or aux Mondiaux en salle de Paris-Bercy, devient recordman du monde en salle et troisième performeur de l’histoire en plein air.

La trajectoire dévie un an plus tard. Tamgho veut accumuler les titres. Il se présente, contre l’avis de son entourage, à Ostrava, aux championnats d’Europe espoirs sur lesquels il n’a pas rien à prouver. Les championnats du monde sont dans quelques semaines et il en sera le favori. Mais, en République Tchèque, Tamgho se blesse à la cheville droite. Subit une opération, puis une deuxième en 2012 qui lui fera rater les JO de Londres.

On ne perd pas sa trace pour autant. Son nom surgit fin 2011 dans une autre histoire de bacs à sable. Dans le sud de la France, au Creps (Centre régional de ressources, d’expertises et de performances sportives) de Boulouris ,Tamgho reproche à une jeune athlète d’avoir fait courir le bruit d’une liaison. Il la tabasse, dit-elle. Elle exagère, affirme le clan du champion.

Tamgho exposera sa version dans un rap posté sur YouTube, destiné à ses « amis les journalistes » – c’est ironique – et à tous ceux « qui veulent [le] couler ». La fille a voulu faire parler d’elle, il n’a « rien fait d’autres que régler une petite story », rappe-t-il.

 

Les instances sportive et judiciaire ne partagent pas sa vision de l’explication entre grandes personnes : l’affaire lui vaudra douze mois de suspension dont six avec sursis et, en mars 2013, une condamnation à 2000 euros d’amende et 5000 de dommages et intérêts.

« C’est pas encore fini »

Entre l’affaire et le verdict, Tamgho a été suivi par un psy, a changé de sponsor et, parait-il, de comportement. Devant le tribunal, il s’est excusé, pour sa victime et pour son freestyle.

Il parait qu’il n’a plus besoin de faire le gangster dans une cave ou d’exposer son melon à la face du monde. Le joyau de la Seine-Saint-Denis – né à Sevran, licencié à Aulnay puis Montreuil – mime le yin et le yang pendant ses concours, cite le Dalaï Lama et lit du Sun Tzu, le stratège chinois de L’Art de la Guerre.

Que reste-t-il du Tamgho d’avant ? Des jambes de feu, un entraîneur – le sauteur en longueur cubain Ivan Pedroso – et une connaissance encyclopédique de sa discipline. Son arrogance ? Enfouie dans les bacs à sable.

En mai, dans la fraîcheur du petit stade Jean Delbert de Montreuil, il avait repris après 20 mois d’absence. Ses meilleurs sauts, au-delà des minimas qualificatifs pour Moscou, étaient mordus. En colère mais surtout dans le doute, il avait lâché cette phrase qui ne ressemblait pas au Tamgho d’avant :

« C’est le juge qui décide et qui tranche… Certains auraient gueulé et fait les voyous, pas moi. »

Il s’inquiétait cependant de son image, « de sa crédibilité » vis-à-vis des rivaux qui, le lendemain, verraient que Tamgho n’avait sauté « que » 17 mètres. Lentement, il a retrouvé ses marques et un peu de confiance mais, avant Moscou, il manquait encore d’un saut au niveau qui devait être le sien, au-delà des 17m50.

Le Cubain Pichardo a eu le malheur de le pousser dans ses retranchements, en sautant à 17m68. Tamgho n’aime rien tant que se sentir seul contre tous. Il a répondu brillamment. « C’est pas encore fini ! », a-t-il crié aux caméras après son titre, et on veut bien le croire. Il a seulement 24 ans.

Source: rue89.com

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