Le retour d’Akela, dans un rap d’amour
Après une longue traversée du désert, le rappeur Akela est de retour sur la scène du rap francophone belge. D’origine congolaise, c’est tout en amour qu’Akela refait surface avec « je pense à nous ». Entretien…
Un opus au texte limpide, simple et fort. Du rap d’amour magnifié par la voix d’un certain Nassi, composé et réalisé par Skalpovich, une sacrée pointure cachée derrière de francs succès de Black M, Indila, Youssoupha, Soprano, Pokora et bien d’autres. Que dire de l’excellent clip réalisé dans l’ancre de Seraing par la nouvelle perle montante de l’audiovisuel belge, Frank Luckaz. « je pense à nous » est voué à un inévitable destin de tube.
C’est à 12 ans qu’Akela débarque en Belgique fuyant l’enfer de la guerre à l’Est de la RDC. Il passe du temps avec ses frères très impliqués dans le gospel, mais surtout il ressent une folle envie de s’exprimer, d’écrire ses frustrations et ses rêves. Sa passion pour le rap le dirigeait fin des années 90 vers la création du groupe « Chant des Loups » avec d’autres jeunes rappeurs dont BADI avec qui ils connaîtront un relatif succès. Leurs prestations feront échos jusqu’en France où ils vont baigner dans le fief du rap et collaboreront avec dès virtuoses comme Youssoupha ou Princesse Erika.
Ensuite le passage à vide
Le groupe « chant des Loups » se disloquait faute de rentrées économiques, car jeunes qu’ils étaient, ils se faisaient arnaquer de temps à autre. Certains membres du groupe perdant patience, ont préféré se retirer. Dans le même temps, Akela va subir la violence de la perte de son frère. Un choc sans précédent qui va l’enfoncer, l’obligeant à tout arrêter.
« Quand j’ai perdu mon frère, j’ai pris du recul, j’ai réfléchi au sens que je donnais à ma vie, aux raisons pour lesquelles je devais faire de la musique. Ma reconstruction était longue avant d’entamer ma carrière solo. j’ai ensuite pris du temps pour agencer mes idées et m’entourer d’une équipe solide. « Je pense à nous » est un titre qui parle d’amour, car j’ai frôlé la dépression, c’était très difficile, et je ne m’en suis sorti que grâce à l’amour de mes proches, de ma compagne, qui m’a soutenue durant ces moments et à qui je dédicace ce morceau. »
Au fait, que signifie Akela?
Deux choses à la fois. C’est une référence au livre de la jungle et dans le même temps, en lingala cela veut dire « il a créé » car je suis quelqu’un de croyant et c’est important de le souligner.
Y a t-il un marché pour le rap en Belgique?
Plus que jamais en Belgique le marché est présent, même si mathématiquement il y a moins de consommateurs en Belgique qu’en France ou encore moins qu’aux USA. Nous sommes 10 millions d’habitants dont moins de 5 sont francophones. Après tout dépend des ambitions de chaque artiste. C’est vrai qu’on peut avoir tendance à trouver l’herbe fraîche ailleurs chez le voisin, mais il ne faut pas oublier qu’en France il y a beaucoup de concurrence, les places sont chères et ils sont fort chauvins, même si les belges y ont le vent en poupe ces derniers temps.
Quels sont les rapports d’Akela avec la communauté africaine en Belgique? Activiste communautaire ou plutôt universaliste?
Je suis dans une dynamique d’amour, de rassemblement, donc je me vois plus universaliste, cependant très impliqué dans la communauté africaine et particulièrement congolaise, car c’est tout simplement mon pays, ma famille.
Akela a t-il des textes engagés?
Le rappeur Arsenic des Bisso na Bisso disait: « qui prétend faire du rap sans prendre position? » et c’est vrai, rapper c’est prendre position, c’est dénoncer. je viens de cette école là. Quand j’ai quelque chose à défendre, je le fais. Cependant, j’essaie de garder beaucoup de recule, je mets en garde tout de même certains africains qui pourraient pêcher par leur réactionnisme. Car il est vrai et compréhensible que le passé vécu peut-être difficile à gérer, mais il est important de ne pas faire d’amalgames. Évitons de perdre notre lucidité pour ne pas reproduire les même tors que nous avons subis. Ce n’est pas facile, car certains ont été marqué dans leurs chaires. Plus jeune, quand je chantais, j’avais probablement les même idées qu’aujourd’hui, mais je les chantais de façon plus virulente. Avec le temps, J’ai compris que l’essentiel c’est de faire passer le message et je voudrais qu’il touche tous les publics, que le message aille au delà de notre petit monde.
On l’a compris, Akela n’est pas un Bad Boy…
j’ai pu l’être à de petits moments de ma vie. On a souvent l’étiquette du rappeur misogyne, du rappeurs bad boy, mais non, je suis trop intellectuel pour être Bad Boy.
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