Rencontre avec Kamini, parrain du festival rions ensemble contre le racisme 2016
Kamini raconte sa vision du racisme et évoque la sortie de son film.
Qui ne se souvient pas de Kamini? le français d’origine congolaise devenu célèbre grâce au titre « Marly Gaumont » dans lequel il racontait avec beaucoup d’humour, la vie dans les patelins et la difficulté à s’y intégrer quand on est le seul noir du coin. Si l’artiste n’a plus été très en vue sur la scène musicale depuis lors; il a écrit un « one man show » qu’il tourne dans toute la France. En 2012, il écrit et met en scène un film vendu à CAN dont la sortie est prévue en 2016 avec en tête d’affiche, Marc Zinga.
« Je suis un artiste, je fais beaucoup de choses, je me laisse guider par mes pulsions. Mon essence artistique au départ c’est la musique, j’ai percé avec ça, j’ai été connu du grand public grâce à ça, et très vite, j’ai écris mon « one man show ». En parallèle j’ai écris un film. Si demain je me réveille un matin et je me rends compte que je sais peindre, je n’hésiterai pas à le faire et j’exposerai mes toiles ».
Nous sommes allé à la rencontre de Kamini qui a été désigné parrain du festival international rions ensemble contre le racisme 2016 qui aura lieu le 14 mars à Bruxelles. Rencontre avec l’âme d’un comique.
Pourquoi avoir accepté d’être le parrain du festival Rions ensemble contre le racisme?
Je suis l’un des premiers participant de ce festival. De part mon vécu, j’ai vraiment côtoyé le racisme primaire dans le village de Marly Gaumont comme je raconte dans ma chanson. Il y a des échelles dans le racisme, cela va de l’insulte à la discrimination, jusqu’à son paroxysme, les meurtres et les génocides. Le racisme primaire c’est se moquer de la différence, avoir peur , juger de la différence… Je pense que la base du racisme est primaire, donc il faut agir tôt et c’est ce que nous propose ce festival à travers le travail pédagogique effectué en amont auprès des jeunes dans les écoles.
Finalement tu t’en es bien sorti à Marly Gaumont
J’ai eu la chance d’avoir un papa qui était travailleur, et qui partait du principe que, peu importe ta couleur de peau, quand tu fais bien ton travail, cette couleur de peau devient un avantage. Mon père était médecin, bosseur, charismatique et au final, les même gens du village qui nous repoussaient se trouvaient à dire « c’est le noir qu’on veut, le noir est un bon docteur… » Donc, parfois ta différence peut devenir une vraie force.
Peut-on accuser ces gens de racistes? n’étaient-ce pas simplement d’ignorants villageois?
Oui l’ignorance et le racisme primaire, ça va de paire. Parfois il y a l’effet de masse. Je me souviens dans le village quand même j’avais été adopté, parfois lors des compétitions sportives dans d’autres villages, mes camarades avec qui je m’entendais bien, se laissaient embrigader par les adversaires qui se foutaient de ma gueule parce que je suis noir. Parfois quelqu’un qui ne t’insulte pas de la journée, parcequ’il se retrouve avec ceux qui le font, se met à t’insulter. Il y a donc des suiveurs et parfois ils peuvent être très dangereux. Il y a beaucoup de personnes sous le régime d’Hitler qui n’étaient que des suiveurs.
Depuis que tu es connu tu ne rencontres plus de problèmes de ce type…
Comme tout le monde, à partir du moment où tu as du succès, tu deviens connu, tu gagnes de l’argent, ton physique n’est plus un problème. Même pour les gens très laids 🙂 une fois qu’ils sont riches, tout le monde les trouve beaux. C’est pareil, quand tu fais un tube, tu n’es plus vraiment dans une sphère du réel. Tu peux commettre une infraction, la police dira « c’est le mec de Marly Gaumont, je l’aime bien… »
Peux-tu nous dire un mot sur ton film?
C’est l’histoire d’une famille de noirs qui débarque en Picardie fin des années 70, le père est médecin… C’est en effet l’histoire de mon père, celle de Kamini qui débarque à l’école primaire; c’est un film qui parle des préjugés, de l’intégration…
C’est à ce point difficile d’être immigré?
Attention! c’est important de ne pas tomber dans la victimisation. Il y a toute une génération de fils d’immigrés qui ne se rendent pas compte de la chance qu’on a d’être ici, dans des pays où il y a des bibliothèques, où tu peux aller à la fac sans qu’une bombe ne te tombe dessus. ils sont nombreux qui se trompent, qui sont dans le matériel, le « m’as-tu vu », la racaillerie, pourtant ils ont un potentiel intellectuel, un potentiel physique à exploiter. C’est trop facile de tout le temps se plaindre car il y a des gens comme mon père qui ont réussi alors qu’il a vécu au Congo, à 6 ans il marchait pieds nus, il mangeait une fois par jour. Toi tu manges à ta faim, toi qui a un confort, des chaussures à tes pieds, des structures pour t’aider, tu te plains! Fais le choix du savoir, va vers l’école! même si certes, tout le monde ne peut pas faire une école de commerce à 50.000 balles par an. En Europe, on te donne ta chance! C’est malhonnête de dire le contraire.
En quoi est-ce qu’un festival peut lutter contre le racisme concrètement?
Un festival C’est pour intriguer la jeunesse car le racisme primaire il commence à l’école, en famille. Le message artistique est très fort pour toucher les gens et les jeunes en particulier. Notons, qu’il y a une conférence pédagogique programmée avec les jeunes sur le thème: « quel est mon regard face au racisme et la discrimination ». Les intervenants parleront de leurs parcours et moi en tant que tête d’affiche et parrain de l’événement, je ferai pareil. Donc il n’y a pas qu’un aspect ludique dans la démarche de ce festival. Je félicite d’ailleurs Caleb DJAMANY et son équipe pour ce travail abattu depuis des années en Belgique et je donne rendez-vous le 14 mars à Bruxelles pour rire ensemble contre le racisme.
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