STEPHANE MBEUNKUI, ODE À UN DIAMANT MÉCONNU
TALENT D’AFRIQUE; Stephane Mbeunkui
La vie ne nous réserve pas toujours les plus belles surprises. Les vagues n’apportent pas toujours aux marins les trésors qu’ils espèrent. Et pourtant, ce qu’il y a de beau dans cette vie qui parfois nous rend triste c’est que malgré tout l’on continue de marcher, d’avancer et de l’aimer. Stéphane Mbeunkui est un jeune camerounais né à Yaoundé et âgé de 28 ans. Dans l’anonymat total de la capitale camerounaise, ce jeune homme continue de se battre afin de pousser la providence à lui ouvrir ses portes. Passionné de football, un choc à l’oeil a freiné ses rêves d’une carrière footballistique. Face à l’obstacle, plutôt que de baisser les bras il a fait montre d’une incroyable résilience en développant un talent qui lui permettrait de garder les pieds dans cet univers du ballon rond. Freestyler doué, exceptionnel jongleur, il s’est aujourd’hui transformé en magicien de la balle. Son deuxième prénom, Ode, n’est sûrement pas que le fruit du hasard.
Persévérance, le maître mot
Aîné d’une famille de dix enfants, orphelin de mère, afin d’aider son père et ses neuf cadets, il effectue un travail en boulangerie à côté de sa passion pour le freestyle. C’est en 2001 en regardant un jour le footballeur brésilien, Ronaldinho, qu’il a eu le beguin pour cette pratique plus proche de l’art que du sport à proprement dire. Mais dans un pays où le sport roi est le football et où l’essentiel des jeunes rêvent d’un destin à la Samuel Éto’o, les médisances sont monnaie courante vis-à-vis de ceux qui optent pour une voie différente. Face aux regards parfois moqueurs de certains ignorants, Stéphane peut compter sur deux éléments fondamentaux : sa famille qui le soutient beaucoup et surtout sa persévérance, sa ténacité, son abnégation.
De nature solitaire, il a dû se faire violence pour transcender ce trait de caractère en proposant de façon sporadique des démonstrations de freestyle en pleine rue, à chaque fois devant un public conquis. Les exploits sont visibles sur youtube en cherchant : Stéphane Ode. Son talent pour cette vocation encore inconnue aux yeux des responsables sportifs camerounais est parfois récompensé par l’initiative d’interlocuteurs privés qui prennent contact avec lui pour des animations ponctuelles, mariages, publicités, etc. À ce jour, son plus grand fait d’arme a été de participer à la Coupe d’Afrique des Nations de Football 2015 en Guinnée-Équatoriale.
Freestyler, le poids d’un rêve
Le débrouillard qu’il est a réussi à rejoindre le pays hôte de la compétition par ses propres moyens. C’est là-bas que certaines personnalités de la Confédération Africaine de Football l’ont remarqué. Ils ont même souhaité qu’il devienne l’une des mascottes de la Caf durant le tournoi. Mais à cause de ses papiers qui n’étaient pas en règle, cela n’a pas pu se faire. C’est avec une certaine désillusion qu’il a du rentrer au Cameroun. Toutefois, la vie et ses mystères allant, durant ce bref séjour au pays de Théodore Obiang Nguéma, il fut repéré par deux grandes chaînes sportives, Canal + et Beinsport qui ont pu diffuser des séquences de ses démonstrations via leurs canaux. Voilà comment le courage, la détermination, la passion ont pu guider un jeune homme qui se bat seul, muni de ses rêves et espoirs au plus proche d’une porte ouverte. Ce n’est que partie remise, une autre porte s’ouvrira très certainement et ce jour-là, Stéphane Ode Mbeunkui ne sera pas bien loin.
C’est ainsi l’histoire d’un talent d’Afrique ignoré à cause du dilettantisme des responsables sportifs qui pullulent au sein des nombreuses fédérations africaines. Bien plus que l’échec, il y a l’indifférence qui cause de réels maux. Et comme les plus grandes douleurs sont muettes, Stéphane continue de faire ce qu’il sait faire, jongler, inventer, créer, en souriant, seul au milieu d’un bain de foule. Des badauds qui très souvent lui rendent par leurs applaudissements, parfois avec quelques pièces, le sentiment certes amer, qu’au moins quelque part, il est reconnu pour ce qu’il est, pour ce qu’il fait d’extraordinaire.