L’Emir de saint josse, Vision politique, entretien véridique!

« La diversité n’est pas qu’un attrape voix. Tous les partis ne peuvent pas se targuer d’avoir des Fadila Laanan, des Rachid Madrane, Béa Diallo… ».

Nous étions à la rencontre du député fédéral et Bourgmestre (maire) de la commune Bruxelloise de Saint Josse-Ten-noode.
De parents originaires de Turquie, Emir Kir a connu une ascension politique remarquable depuis son arrivée à Bruxelles en 1977. Né à Charleroi, son père, ouvrier mineur invalidé par le dur labeur minier, décide de quitter la cité carolo, pressentant le déclin de sa région et un essor Bruxellois favorable à sa famille. Il avait vu juste, car son jeune fils Emir, alors âgé de 9 ans, rêvant comme tout jeune immigré de retourner dans son pays d’origine pour le développer, se vit emporter par le virus de la politique belge. Emir Kir est séduit par un homme : Le socialiste Guy Cudell, à l’époque Bourgmestre de Saint Josse ; pour qui il travaillera au sein de l’administration. Fasciné par sa proximité avec sa population et son esprit progressiste, Emir Kir, déjà affilié au parti socialiste, se lance en politique. A coup de discipline et d’abnégation, il finira par atteindre des sommets inespérés. Tour à tour Echevin (Adjoint au maire), Député, Ministre et Bourgmestre, Emir Kir s’est imposé dans le paysage politique national belge et malgré toutes les polémiques autour de sa position mitigée relative à la reconnaissance du génocide arménien, il ne semble pas avoir perdu un soupçon de popularité au sein de la population ten-noodoise.

Entretien…

Comment expliquez-vous l’hégémonie du Parti Socialiste à Saint-Josse ?

C’est une tradition historique, un déploiement d’actions réelles pour la population. Je suis dans la continuité de ce qui a été réalisé avant moi. Nous savons qu’il faut soulager les ménages. Nous sommes dans une politique qui tend la main à ceux qui sont en difficulté.
A  Saint Josse désormais, dans toutes les écoles communales, la garderie sera gratuite. A terme, nous aurions souhaité que l’école soit gratuite, mais nous n’avons pas les moyens. Or, nous savons qu’il vaut mieux des enfants à la garderie que devant leurs smartphone ou dans la rue entre de mauvaises mains. Nous sommes également dans une logique d’ouverture et de multiculturalité au sein de notre population, mais aussi dans notre administration qui est le reflet sociologique de Saint-Josse.

Quelle réponse aux détracteurs qui accusent le parti socialiste de maintenir les immigrés dans la pauvreté afin de leur tendre une main de sauvetage ?

La solidarité est une valeur première pour nous et c’est l’État qui assure cette solidarité. A Saint-josse, comme dans plusieurs autres communes, nous faisons de l’accompagnement social, et non pas de l’assistanat. Nous donnons des avantages sociaux aux personnes défavorisées et non-défavorisées. A titre d’exemple, chaque enfant de saint-josse, jusqu’à ses 18 ans, bénéficie de chèques sports d’une valeur de 200 euro l’an. Nous accompagnons socialement avec le cpas, de nombreux articles 60 que nous essayons d’intégrer ensuite dans des entreprises et cela fonctionne.
A ces détracteurs, je dirais qu’à la différence des autres, il suffit d’observer toute la diversité dans les effectifs des cadres de mon parti. La diversité n’est pas qu’un attrape voix. Tous les partis ne peuvent pas se targuer d’avoir des Fadila Laanan, des Rachid Madrane, Béa Diallo… Moi même j’étais ministre en 2004 et Bourgmestre ensuite.

On ne parle jamais de terrorisme à Saint-josse, le phénomène est-il si peu négligeable ?

Le phénomène existe, il est latent il faut le combattre de manière forte, mais dans la discrétion. Pour atteindre cet objectif, nous avons décidé de décentraliser les acteurs de prévention. Nous sommes présents dans tous les quartiers de la commune au travers des centres sociaux de prévention avec éducateurs, psychologues… Nous combattons le radicalisme comme tous les autres fléaux ; la délinquance, l’oisiveté, le décrochage scolaire. Nous le faisons à partir d’un lien de confiance avec chaque jeune. S’il y a des recruteurs, nous souhaitons être là, et heureusement, nous n’avons presque pas de départs vers la Syrie. Quand je suis devenu Bourgmestre, j’ai refusé d’avoir un coordinateur radicalisme, car je n’avais aucune envie d’associer Saint-Josse au radicalisme. Vous savez mes jeunes, je les veux dans des projets positifs, culturels, socio-économiques. Attention car un coordinateur radicalisme sans radicalistes pourrait être tenté de trouver des clients pour justifier son salaire…

Quelles solutions selon vous

Le terrorisme prend ses sources dans l’organisation criminelle dénommé Daech. Je crois que si on veut mettre fin aux attaques de Daech en Belgique, il faut anéantir Daech ! Je ne pense pas qu’on puisse venir à bout de cette organisation terroriste uniquement par des frappes aériennes. Il faut une intervention militaire au sol sous l’égide de l’ONU.
De plus, nous sommes attaqués par Daech depuis que nous avons commencé des frappes aériennes et pour complexifier mes propos, nous avons aussi un peu encouragé ces criminels à aller là bas pour s’attaquer à Assad. C’est donc tout sauf simple cette affaire. Les problèmes ne sont pas que molenbeekois, niçois ou parisiens.
Oui il y a des problèmes de radicalisme et d’intégrisme, mais il y en a toujours eu. Je me rappelle il y a 35 ans, des gens avec des idées extrémistes allaient aussi combattre et de la même manière certains les soutenaient en les poussant dans le dos pour aller combattre les russes en Afghanistan, exactement comme on a fait avec les terroristes de Daech. Rien n’est simple. Si on veut mettre fin au terrorisme, aux problèmes de réfugiés politiques, il faudrait mettre fin à la guerre en Syrie, en Libye et dans toute la région. A titre personnel, je trouve dramatique qu’on n’intervienne pas face à une situation qu’on peut qualifier de peuple en danger.

A titre personnel, vous sentez-vous en sécurité à Bruxelles?

On peut aujourd’hui affirmer qu’il y a une Belgique d’après 22 mars. Je crois simplement qu’il y a partage d’un problème. Avant ça se passait essentiellement dans d’autres parties du monde, au moyen orient, en Afrique. Aujourd’hui c’est chez nous et je crois que si nous ne changeons pas de paradigme, on va devoir vivre avec le terrorisme.

Qu’en est-il des menaces personnelles à votre endroit ?

J’ai fait l’objet dans ma carrière à plusieurs reprises de toutes sortes de menaces et encore récemment. Vous savez, si ça ne tue pas, ça rend fort et on vit avec. Vivre est déjà un acte de bravoure, car il peut tout nous arriver à tout moment. Aujourd’hui, nous devons certes intégrer le radicalisme et le terrorisme dans ce que nous faisons, mais dans sa juste proportion car les accidents de la circulation et les maladies tuent plus en Belgique.

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Vous avez été ministre, député, Bourgmestre. A quoi aspirez-vous en plus ?

Je suis déjà très heureux, et fier d’exercer des fonctions au nom de la population. Je suis reconnaissant vis à vis de l’État, de notre pays et de sa population. Quelque soit la fonction qu’on a dans la société, l’essentiel est d’être utile pour les autres. Que je soi Bourgmestre, Ministre ou Député, c’est toujours le même bonheur. Si vous saviez comment je me suis engagé en politique… j’étais membre dans ma section et il y a des cadres qui sont décédés ou partis à la pension. Il y avait des places sur les listes et on m’a un peu poussé dans le dos. J’espérais être conseillé communal, et je suis devenu Échevin. Puis j’espérais être député et je le suis devenu, puis tout de suite Ministre. C’est difficile à croire, mais c’est cela, je ne voulais pas forcément de fonctions dans les exécutifs, mais je m’y suis retrouvé.

Levez le voile sur vos passions

Le sport ! Je crois qu’on ne peut pas avoir un esprit sain sans un corps sain. Je suis un grand croyant de l’entretien du corps. Ce sport élimine les toxines qui nous rendent nerveux. Avoir une alimentation raisonnable, une hygiène de vie acceptable est essentielle. C’est aussi cette discipline alimentaire et sportive qui me rend en politique moins nerveux que la moyenne. Je suis en général plus calme. L’autre passion est ma famille, car c’est important d’avoir son jardin privé, son cocon. Se distraire aussi c’est important. J’ai la chance d’être souvent invité à des événements sportifs ou culturels de qualité comme le votre, les Brukmer Golden Artistic Awards que j’apprécie particulièrement parce qu’ils mettent en avant des artistes tout en donnant de l’espoir à la population, car tout le monde se reconnaît en ces artistes.

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