Cécile Djunga : humour et charme, ça l’fait !

« Il n’y a rien de plus craquant qu’une femme sexy et drôle, je pense »

 « Fast life » pourrait-on dire ? La vie de Cécile Djunga est projetée en accéléré depuis ses premiers pas dans le monde du show biz. Née à Woluwe St Lambert (Bruxelles), elle décide à 18 ans de claquer la porte du plat pays pour aller flirter avec les planches parisiennes malgré les réticences de sa mère qui la voit médecin.  

Toute jeune, Cécile parle vite, trop vite pour se faire comprendre aisément. Sa mère lui impose alors des cours d’art dramatique, section déclamation.

« Je dis souvent à ma mère que c’est elle qui m’a foutu dans cette galère ».

Ces cours seront l’étincelle qui mettra le feu à ses ambitions artistiques. Cécile veut faire du théâtre et se donne les moyens d’y parvenir. A paris, elle se forme et ne se voit faire que du théâtre classique, qu’elle affectionne particulièrement. Le stand up, elle n’y pense pas, malgré son attrait naturel pour l’humour. Elle déchantera en se confrontant au marché du travail. Une désillusion qu’elle aura le chic de transformer en opportunité.

« Je voulais faire du théâtre classique, mais je vivais dans un monde de bisounours, et je pensais que j’étais comme tout le monde, commececile djunga tous les français ; jusqu’à ce que j’aille commencer des casting à Paris et qu’on me fasse comprendre que je n’avais pas l’apparence qu’ils recherchaient, on me faisait des remarques racistes. Je me suis rendu compte qu’en France ils ne sont pas encore prêts à avoir des noirs au cinéma. Comme défouloir, je me suis mise à écrire des textes humoristiques pour me moquer des remarques des directeurs de casting. C’est de là que tout est parti».

Depuis lors, Cécile aura remporté de multiples prix, enchainé des spectacles après ses passages au Jamel Comedy Club. Brique après brique, elle se construit une personnalité artistique, et son charme évident ne laissera pas indifférent la télévision nationale belge qui l’engage comme présentatrice météo. Puis suivra tout récemment TV5 monde dans le même rôle. Présentatrice de « the voice Belgique » dans les coulisses, plus récemment encore, « Time’s up le show » sur OUFtivi, une émission déjantée pour les enfants.

« TV5 c’est énorme, c’est génial, Je n’en rêvais même pas mais ce n’est pas un aboutissement, je suis loin d’avoir dit mon dernier mot. De plus, c’est une exposition médiatique en Afrique et je l’ai toujours souhaité. Tout ceci va très vite, j’en suis consciente, mais je ne suis pas toute seule à gérer, j’ai mon entourage qui m’aide bien ».

Que répondre à ceux qui te perçoivent comme une noire de service à la RTBF ?

Le temps est précieux pour répondre à ce genre de conneries. J’ai envie de répondre par le travail et si je suis noire de service, tant pis pour vous, vous allez devoir subir ma tête pendant encore longtemps.

La France est-elle un passage obligatoire pour réussir ?

J’ai commencé en France, je me suis formée en France, j’ai fait mes premières tv et scènes en France et je suis revenue en Belgique à l’inverse de la plupart, car je sens que j’ai une place ici que la Belgique m’offre et que je prends avec plaisir. Maintenant, c’est sûr que la France est un grand pays, il y a plus d’argent investi dans la culture, les grands studios et les grosses prod’ sont là-bas. Mais la Belgique tout comme la France ont leurs limites. En Belgique on te donne l’occasion aussi de faire tes preuves et d’apprendre. Je veux encore apprendre ici.

Un destin à la Tatiana Silva ?

… Je dirais… chacun sa vie.

Tes modèles ?

Je n’ai jamais été vraiment fan, cependant, une carrière à la Florence Foresti, je ne dirais pas non. Faire de grosses salles, fédérer des gens, faire des films qui te touchent. En plus elle bouge, elle danse, j’aime les artistes pluridisciplinaires, comme Gad Elmaleh, j’aime les déjantés. Au cinéma, je pense à Lucien jean baptiste, acteur et réalisateur noir, talentueux, j’aime beaucoup ce qu’il fait.

Peut-on être comique et sexy quand on est une femme ?

Oui c’est vrai que les femmes drôles au cinéma ont souvent des seconds rôles. C’est souvent des femmes un peu rondes ou un peu moins jolies. C’est vrai qu’il faut être un peu garçon… je jouais en talons au départ, mais maintenant plus du tout parce qu’il faut être plus mobile, dans le sol, après je pense tout à fait qu’on peut être les deux et il n’y a rien de plus craquant qu’une femme sexy et drôle, je pense.

On parle souvent d’amateurisme dans les projets afro-belges. Ton regard…

Malheureusement c’est vrai dans le monde afro tout court. J’aime soutenir en général les évènements communautaires afro, panafricains…et malheureusement deux fois sur trois, c’est mal organisé, un peu amateur, voir totalement décevant. Mais je suis tellement attachée à ma communauté et j’ai envie que ça marche et je n’arrêterai jamais de soutenir des projets panafricains. Mais bon sang ! il faut qu’on soit à la hauteur de ce qu’on propose. Ce n’est pas tant qu’on soit amateur qui pose problème, mais ça se veut professionnel, bling bling, m’as-tu-vu, et on n’est pas à la hauteur. Souvent c’est des projets où on invite des gens haut placés, on veut être au-dessus de ce qu’on est capable de faire. Il y a des projets amateurs de très bonne qualité, comme le théâtre amateur, mais le théâtre amateur n’est pas professionnel. Un moment donné, chacun doit pouvoir faire ce qu’il peut avec les moyens qu’il a.

Message à la diaspora

A la diaspora africaine, je dirais qu’il y a certes des barrières, mais il ne faut pas attendre que les portes s’ouvrent, il faut foncer, montrer ce qu’on est capable de faire, car les choses changent, ils veulent du renouveau, de la mixité. Surtout, il faut se serrer les coudes.

Ma phrase préférée, celle d’oscar Wilde, « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris ». Longue vie au magazine Brukmer.

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