De Black Panther au Black Spider man avec Miles Morales
Mettre côte à côte deux visions différentes de l’identité noire, autant américaine qu’africaine, dans un contexte fantastique et super héroïque.
Aujourd’hui c’est Miles Morales, jeune ado new-yorkais blatino, qui reprend le rôle titre de Spiderman après Peter Parker, devenu jeune trentenaire. Comme de nombreux nouveaux super héros Marvel, Miles Morales est une représentation de la diversité au sein de la nouvelle génération. Cela aux côtés par exemple de Riri Williams alias Iron Heart (jeune étudiante afro-américaine succédant à Iron Man), Laura Kinney alias X-23 (fille et donc clone féminin de Wolverine), ou encore Kamala Khan alias Ms Marvel (ado arabo-musulmane succédant à la Ms Marvel d’origine).
Aux yeux de beaucoup, Miles Morales représente un peu une image fantasmée que nous nous faisions de nous-mêmes enfant et adolescent. Un jeune ado qui admire son super héros préféré de l’autre côté de l’écran sans se douter qu’il va un jour être amené à combattre à ses côtés. Combien d’entre nous n’avons pas imaginé Batman ou Superman tomber par la fenêtre pour atterrir, blessée, sur le sol de notre chambre afin de demander notre aide?
Nous serions alors chargés de prendre soin de cet aîné pour le remettre sur pied et en retour il nous demanderait qu’on l’aide à affronter ses ennemis le Joker, Lex Luthor et Double face qui l’ont mis dans cet état.
Le nouveau Spiderman c’est un peu ça, la transmission du savoir et de l’expérience de l’aîné à son apprenti pour affronter les épreuves qui jalonnent sa route. La relation entre Peter et Miles pourrait être comparée à celle que Peter entretenait lui-même avec son regretté oncle Ben qui, avant sa mort, lui a dit qu’un grand pouvoir impliquait de grandes responsabilités.
Le sens des responsabilités, c’est ce que le nouveau Spiderman est amené à apprendre au fur et à mesure que son personnage évolue après avoir découvert ses nouveaux pouvoirs.
Aux côtés des deux protagonistes principaux, le film met en avant d’autres versions alternatives de Spiderman directement inspirées des comics books. Notamment Gwen Stacy alias SpiderGwen venant d’une réalité alternative. Cela permet d’élargir la psychologie du personnage à travers différentes versions de lui-même, ce qui amène à élargir les libertés scénaristiques jusqu’à suggérer la mort d’un des personnages.
Même en étant un film animé, nous avons à faire à un film d’une grande maturité parfois sombre qui pourrait presque rivaliser à la panoplie de films animés DC dont l’atmosphère adulte n’hésite pas à aborder plus frontalement le sexe et la violence presque comme dans les mangas japonais. Le tout dans une atmosphère mettant en avant la culture afro américaine hip-hop, détail qui fait une sorte de parallèle au film Black Panther mettant en avant des super héros noirs dans un contexte africain. Une façon indirecte de mettre côte à côte deux visions différentes de l’identité noire, autant américaine qu’africaine, dans un contexte fantastique et super héroïque.
Le besoin d’identification étant un besoin normal et légitime chez des personnes qui ressentent parfois un manque de ne pas voir assez de représentation positive, ce film est une façon comme une autre de mettre en avant une façon de représenter la diversité. Le fait de voir un Spiderman noir (comme de nombreux autres super héros qui ne sont pas toujours des hommes blancs hétéros) mis en avant dans un film mainstream contribue à ce que des individus de couleur puissent avoir le plaisir de voir des personnages leur ressemblant sur grand écran.
Si ce Spiderman est un point positif pour la communauté afro, il est également un point positif et progressiste pour le grand public qui est amené à être habitué à un formatage au niveau des castings hollywoodiens. Cette vision neuve amène le grand public à être habitué à sortir des sentiers battus pour accepter de plus en plus naturellement la mise en avant d’un super héros noir.