Le fantôme de Leopold II, au centre des manifestations black lives matter à Bruxelles ce dimanche
Ils étaient près d’une dizaine de milliers de personnes sur la place poelart au cœur de Bruxelles ce dimanche 7 juin. Noirs, blancs, tous autour de la même cause: « la vie des noirs compte ».
Disciplinés, fâchés et déterminés, les participants scandaient et brandissaient des slogans aussi tranchants que loufoques. « i can’t breathe » « white silence = racism », « dé-finançons la police », « white privilege is real », « you loves black cultur, protect black life », « fuck léopold II, fuck Kabila »…
Après les interventions de représentants d’associations et de familles de personnes victimes de violences policières en Belgique, une partie des participants qui en début de manifestation scandaient déjà leur hostilité pour le tristement célèbre Léopold II; se sont dirigés 500 m plus loin, à l’arrière de la cours royale où trône Léopold II, immortalisé par une majestueuse statut de pierre.
« Pourquoi faire une fixette sur Léopold II? parce qu’il est le symbole du racisme et de la violence déshumanisante contre les noirs. Il a donné le ton en Belgique et en l’érigeant en héros vaille que vaille par l’Etat belge, malgré des années de revendication, cela donne implicitement l’autorisation aux racistes de camper sur leurs positions suprématistes. Pourquoi un policier raciste ne se sentirait pas le droit de tuer un noir, puisque l’état honore le principal tueur de noirs ? »
S’est exprimée Elodie Muanda, une participante.
Pour rappel, le Roi Léopold II de Belgique, est responsable de la mort de 10 millions de personnes de 1885 à 1908, soit le tiers de la population. Par l’usage de l’extrême violence, Il avait fait de cette terre du Congo, sa propriété privée, qu’il remettra plus tard en cadeau au pays dont-il fut roi de 1865 à 1909. Un héritage riche de matières premières et lourd de crime, de sang, que la Belgique contemporaine ne sait plus porter, car en son sein même, se trouvent désormais les descendants d’esclaves d’hier.
Comment dès lors avancer ensemble? sans reconnaissance du mal, sans repentance et sans réparation? La tache reste ardue quand dans le même temps, les fils, petits fils et arrières petits fils d’Afrique apprennent leur histoire non pas à l’école, mais grâce ou à cause des répétitions d’injustices que le système impose de vivre. Semira Adamu, Dieumerci Kanda, Adhil, Mehdi, Zyed, Bouna, Lamine Bangoura, Adama, George Floyd, George Floyd, George Floyd…