Ode Kaboré: musique ancestrale au visage futuriste
C’est en langue Moré que la jeune ouagalaise déploie sa voix grave, soudain fine et mystique pour chanter la vie, sa vie, parfois et souvent, ça touche!
Ode n’a pas fait d’école de musique, elle ignore même à partir de quand elle s’est mise à chanter aussi passionnément. Depuis toujours parait-il, avant sa naissance dit-on ! elle n’en sait rien. Pourtant, elle sait d’où elle vient. D’une famille modeste, aux richesses matérielles limitées, mais au bagage culturel et traditionnel inestimable. Son père chante à longueur de journée, sa mère s’exprime en chantant, et si cela ne changeait rien à la rudesse du soleil de Ouagadougou, cela a tout construit en la petite fille qu’elle était.
Après ses études secondaires, Ode décide de faire de la musique son métier. Un double challenge à relever, car en plus des difficultés naturelles à se faire une place dans ce métier, sa famille n’y voit en cela qu’utopie, échappatoire, fuite en avant ! Mon père, dit-elle,
« Estimait que dans le contexte conjoncturel défavorable du pays, il était insensé de prendre cette direction, au vu notamment des besoins matériels urgents dont notre famille faisait face. Dans sa posture, il avait peut-être raison, mais moi j’avais une mission en tête ».
Ode décide de quitter la maison familiale pour vivre toute seule, tenter de poursuivre son rêve, tout en assurant son quotidien à coup de petits boulots.
Après ses deux premiers singles « Sougri » et « monsieur le président » c’est tout en force qu’elle sort son premier EP de 8 titres intitulé « TILGRÉ » et rêve de scènes européennes.
C’est le travail de toute une vie qui porte ses premiers fruits.
Même si au final, elle démontre un style inimitable grâce entre autres à la beauté de sa langue Moré, on retrouve chez Ode Kaboré, un savant mélange de musique traditionnelle, de Tracy Chapman, Fatoumata Diawara, Souleyman zoungrana et Aif Naaba, ses modèles.