Ebale Zam : A la rencontre du talent camerounais
Mélange d’humilité et de confiance en soit, Ebale Zam le camerounais de 39 ans est désormais l’un des chorégraphes les plus en vue de la danse contemporaine belge. Même si rejeté par son pays de part son homosexualité assumée, Zam n’arrête pas d’étonner grâce à son talent aveuglant que l’expérience a affiné au fil du temps. Aujourd’hui, il parcourt les grandes scènes internationales et fait la fierté officielle du royaume belge.
L’Amitié est le quatorzième spectacle d’Ebale Zam. « Il retrace l’histoire d’une relation ambiguë entre deux hommes ». A la limite du choquant, sous fond de gymnastique dansante et de gestuelles d’une qualité rare ; Ce nouveau spectacle est un amas de scènes aux interprétations diverses et sous d’autres cieux provocantes. « j’ai toujours aimé la provocation depuis le Cameroun. Ceci m’a parfois attiré des attaques » me confiait l’artiste.« c’est un moyen pour moi de passer des messages et de pousser les gens à se poser des questions »
Comme une légende, à l’âge de 5ans, Zam est poussé au milieu d’un cercle de femmes lors d’une cérémonie bulu-fan (ethnie proche des pygmés) par sa grand-mère alors prêtresse et détentrice des répertoires cultes de danse. Le jeune homme éblouit la foule et ne s’arrêtera jamais de danser. « ma grand-mère m’a passé le flambeau »
L’artiste est complet. Danseur, chorégraphe, Zam passe par le mannequinat et le chant, puisqu’il est détecté par Nkembe Pessok (promoteur des rumta) qui lui délivre une formation vocale de 3 années. « je n’oublierai jamais les moments passés avec lui, c’était des heures et des heures de boulot »
A 23 ans, Zam fait la rencontre d’un homme qui lui ouvre les portes du boudhisme. « ceci m’a permis d’assumer complètement mon homosexualité car on y apprend que c’est ce que l’on fait qui importe et non ce que l’on est » Par la suite, Zam lance sa troupe« Nyanga Zam » et quitte le Cameroun devenu trop dangereux pour lui car la loi réprime l’homosexualité par 5 ans de prisons. « Socialement, j’avais du mal à vivre dans un pays ou j’étais à jamais condamné. Et je n’avais aucune envie de me cacher. » Zam subit même deux tentatives de violes.
Il remporte l’Epi d’or de la danse contemporaine au festival national des arts et de la culture de Yaoundé, puis le prix de l’association française d’action artistique à paris. Finalement il s’installe définitivement en Belgique dans la chaude rue du cimetière d’Ixelles.
Depuis lors, Zam enchaîne spectacles après spectacles et conquis les scènes Européennes. L’élite belge et la noblesse à ses pieds, il côtoie désormais les grands. Eballe Zam a été invité à la fête organisée pour les quinze ans de règne du roi Albert II au palais royal de Bruxelles le 30 Août. Ensuite, il prendra la direction du Burkina Faso, dans le cadre d’un partenariat Nord-Sud pour se charger de l’enseignement de la danse et la formation des jeunes talents.
Loin d’avoir terminé son ascension, ses combats et sa détermination feront sûrement encore parler de lui et comme il le dit, « comme certains sont condamnés à mort, moi je suis condamné à réussir ».
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