Nigeria : représailles meurtrières après l’attaque d’une église

Un nouvel attentat contre une église du nord du pays a fait au moins huit morts et provoqué une flambée de violences interreligieuses.

Une attaque à la voiture piégée contre une église catholique à Kaduna, dans le nord du Nigéria, a fait au moins huit morts, dont le kamikaze, et 145 blessés, dimanche. Dans cette métropole, la communauté chrétienne, minoritaire dans cette partie du pays, est régulièrement la cible d’attentats attribués aux islamistes radicaux du groupe Boko Haram.

Les circonstances de l’attaque qui a eu lieu au moment de l’office religieux restent obscures. Selon certains témoins, le terroriste a lancé la voiture piégée en direction de l’église Sainte Rita, mais a été arrêté par une barrière. Selon d’autres, « il a enfoncé le mur de l’église, poursuivant sa route à l’intérieur ». Il n’y aurait peut-être même pas eu une, mais deux explosions. De même, on ne saurait dire si la voiture était piégée ou si le kamikaze était bardé d’explosifs.

Brûlé vif, parce que supposément musulman

Quoi qu’il en soit, le bilan de l’attentat est lourd, d’autant que d’autres violences ont suivi. En représailles, ivres de colère, des chrétiens armés notamment de machettes ont arpenté les rues du secteur et s’en sont pris aveuglément à ceux qu’ils pensaient musulmans, faisant au moins une victime, lynchée.

Selon un correspondant de l’AFP, un homme qui circulait à mobylette a été roué de coups, écrasé sous son deux roues, puis aspergé d’essence et brûlé vif. Confirmant le décès du chauffeur, un responsable des secours a expliqué que les sauveteurs n’avaient rien pu faire pour le sauver car les assaillants étaient trop violents. Un véhicule de secouristes dépêchés sur les lieux de l’attentat a d’ailleurs été lui-même pris pour cible par la foule.

Boko Haram veut une guerre de religion

Cette flambée de haine interreligieuse à Kaduna fait écho aux émeutes sanglantes de juin dernier dans l’Etat du même nom, après une série d’attentats suicides contre des églises, revendiqués par Boko Haram. Ces violences avaient fait des dizaines de victimes, qui s’ajoutent aux plus de 2.800 morts imputables aux attaques du groupe islamiste depuis 2009 et à leur répression.

Récemment, le président nigérian Goodluck Jonathan a estimé que Boko Haram essayait de provoquer un conflit entre les deux grandes religions du pays, qui compte 160 millions d’habitants, dont une moitié de musulmans, plutôt au nord, et de chrétiens au sud. Le fait est que le risque de guerre civile, ou du moins de redoublement des violences s’accroît à chaque attaque.

Excédés par l’incapacité des autorités à endiguer Boko Haram, des Nigérians semblent de plus en plus enclins à répondre à la terreur par la terreur. Des chefs de l’Église évangélique eux-mêmes ont mis en garde : si rien n’est fait pour les protéger, les chrétiens seront « forcés de se défendre eux-mêmes ».

Source: metrofrance.com

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