Le corps de la victime belge rapatrié du Cameroun
“On aurait dit la tête d’un vieillard sur un corps d’enfant”
LIÈGE Le docteur Philippe Boxho, médecin légiste et professeur à l’Université de Liège, a autopsié la dépouille du dernier Belge mort au Cameroun dans des circonstances suspectes. Le corps de M. Lambert Jacques décédé en décembre à Yaoundé a été rapatrié vendredi passé.
L’autopsie a été pratiquée mardi à la demande du juge d’instruction de Liège et du parquet fédéral. Selon les autorités camerounaises qui n’envisagent pas l’hypothèse d’un empoisonnement, le Belge de 66 ans est décédé d’une embolie ou d’un malaise cardiaque.
Or, selon les informations transmises aux proches après l’autopsie pratiquée à Liège, M. Jacques ne serait mort ni d’une embolie ni d’un infarctus.
Les enfants qui ont été invités à reconnaître le corps de leur père ont été épouvantés par l’état extrême de maigreur. “Vous auriez dit une tête de vieillard sur un corps à la carrure d’enfant. Que s’est-il donc passé là-bas ?”
L’acte de décès de M. Lambert Jacques rédigé à Yaoundé mentionne que le ressortissant belge y est décédé le 15 décembre 2012 alors que pour ses enfants en Belgique, l’habitant de Sprimont y serait déjà décédé le 14. Marié en 2010 avec une Camerounaise de 29 ans, M. Jacques avait quitté la Belgique le mois précédent, le 1er novembre 2012, en parfaite santé avec juste un petit excès de cholestérol, et après s’être entouré de toutes les précautions sanitaires et médicales d’usage pour un séjour en Afrique, ce qui est maintenant confirmé. Tous les vaccins étaient en ordre.
Cet homme pesait plus de 80 kilos. La dépouille qui a été partiellement présentée aux proches est celle d’un individu cachectique à qui il “restait la peau sur les os”. C’est la présence d’une cicatrice et de points de beauté qui a permis l’identification.
Sans surprise, le médecin légiste n’a constaté à l’examen externe aucune trace de violence, coups, marques de strangulation ou plaies d’armes blanches. À ce stade, selon la famille toujours, l’autopsie n’a pas pu établir les causes du décès.
Des prélèvements ont été effectués. Les analyses toxicologiques seront décisives, pour autant que le formol injecté au Cameroun pour aider à la conservation n’altère pas les résultats. C’est la crainte de la famille de M. Lambert Jacques qui ajoute que, depuis le décès et qu’ils ont cessé de lui verser de l’argent, ils n’ont plus aucun contact avec l’épouse camerounaise. Enfin, les résultats toxicologiques ne sont pas attendus avant plusieurs semaines.
En 2011, les Affaires étrangères ont alerté la justice belge sur plusieurs cas de décès suspects au Cameroun, en mentionnant l’empoisonnement comme une cause possible.
À ce jour, rien n’est avéré. L’autopsie pratiquée par le docteur Boxho sera enfin une opportunité de faire sans doute la lumière.
Source: Gilbert Dupont-La Dernière Heure