CHARLOTTE DIPANDA A SAUVÉ LES MEUBLES À LIÈGE
La soirée du 23 octobre devait être un succès total. Au lieu de ça, c’est tout simplement une satisfaction mitigée. La seule présence de Charlotte Dipanda aura permis à l’organisation de s’en sortir avec le sourire.
Le grand événement musical afrobelge du mois était celui du 23 octobre dernier. La présence de Charlotte Dipanda pour une prestation au Palais des Congrès de Liège. Si l’artiste a enchanté le public, l’événement dans son ensemble n’aura pas mérité les bonnes faveurs auxquelles on aurait pourtant espéré s’attendre. On peut le dire, hélas ! Le baobab Dipanda a caché la forêt. Sans la magnifique prestation hors norme de l’icône internationale, la golden voice comme la surnomment familièrement ses nombreux fans, cette soirée qui s’annonçait riche en émotions du début, 20 heures, à la fin se serait soldée ni plus ni moins qu’en un cuisant échec.
À tout juste une semaine après l’événement passé, Brukmer tire un coup de balai sur une énième organisation musicale africaine qui ne s’est malheureusement pas montrée à la hauteur des attentes suscitées. Certains organisateurs d’événements africains continuant de pécher dans un certain dilettantisme, un amateurisme criard principalement sur le plan de la triple communication : organisateurs – médias – public.
L’idée n’est pas de taper sur des individus, loin de là. Nous reconnaissons le mérite de l’équipe d’organisation qui a amené au public afrobelge une immense star telle que Charlotte Dipanda. Mais au lieu de continuer le travail et les efforts après cette première réussite, l’ensemble de la soirée nous a conforté dans l’idée que l’organisation s’est assise sur ses lauriers sachant la venue de l’artiste. Pourtant, l’aspect logistique concernant les accords entre artistes et organisateurs d’événements ne suffit pas à construire les succès d’une soirée. On l’a dit, on l’a plusieurs fois répété, et pourtant les mêmes erreurs reviennent au sein de la communauté pour ce type précis d’événements. Une semaine tout juste après l’événement, Brukmer revient sur les détails d’un rendez-vous manqué.
Rappel des Faits : de 20 heures à 23 heures… néant !
À quelques jours de l’événement tant attendu, la phrase nominale : « Charlotte Dipanda à Liège » était sur de nombreuses lèvres. Que l’on soit résident en Belgique, France, Cameroun, Côte d’ivoire, Suisse, Etats-Unis, etc. La globosphère médiatique dans son ensemble était au courant de la grande tournée musicale de l’icône camerounaise et de son passage en Belgique. L’événement était prévu et insistance sur l’horaire du commencement : 20 heures. Une fois de plus, une énième fois encore malheureusement, nous avons voulu croire en nos organisateurs d’événements africains. Une fois de trop, hélas !
À 22 heures 30, soit deux heures 30 après l’heure à laquelle aurait dû débuter le « Show », la salle était encore vide au 1/4. Ou plutôt, remplie au 1/4, tout dépendra du regard de chacun. Le retard du public ne doit pas être mis sur le dos de l’organisation. Là-dessus, c’est à nous, communauté africaine, de choisir grandir en maturité professionnelle ou toujours demeurer dans cette caractéristique qui nous dessert même si on la prend très souvent avec le sourire.
Par contre, là où l’organisation a péché c’est à un tout autre niveau. Entre 20 heures et 23 heures, les personnes présentes dans la salle étaient livrées à elle-mêmes. Sans aucune animation pour faire passer le temps et l’attente. Le comble dans tout cela c’était de voir les sourires sur les visages. Une situation totalement ubuesque. Comme si l’africain étant tellement habitué à la médiocrité qu’il en a fait une norme. Venir à l’heure à un événement mais que l’on ne nous ait rien proposé comme divertissement trois heures plus tard, c’est tout à fait normal. On aurait pu penser à de jeunes artistes qui auraient chauffé la salle dès 20 heures jusqu’à ce que les organisateurs décident de débuter ENFIN la soirée musicale avec Charlotte Dipanda. Rien n’a été fait. Aucun artiste, aucune animation même humoristique. Rien. Rien de neuf sous le soleil.
Arrivée de Charlotte Dipanda : elle enchante le public
Dès ses premiers pas sur le podium de la salle de spectacle du Palais des Congrès de Liège, la golden voice a mis du baume sur les coeurs échaudés d’une partie du public exigeante qui était déjà lasse de cette longue attente. De 23 heures 30 à 2 heures 30, elle a ainsi offert une prestation type concert extra extra extra large ! Plus doux que le miel, il y a eu Charlotte Dipanda. Douceur, volupté, finesse, telle une reine et héroïne d’Afrique des temps anciens, la déesse Dipanda était debout sur la scène, amenant par sa voix et les mouvements de son corps, le public vers un univers féérique.
Sa troupe musicale n’était pas en reste. De Jal Hohy le bassiste, Petit William Ombe au tambour percussion, à Julien Pestre à la guitare et Alexandre Millet au clavier, toute l’équipe de musiciens évoluait à un très haut niveau d’Excellence. Qui pourra oublier les petits pas de danse de Julien Pestre sur un air du bikutsi qu’il faisait résonner par sa guitare ? De mémoire de jeune trentenaire vivant en Belgique depuis quelques petites années, aucun autre grand nom de la musique camerounaise de passage en Belgique n’a pu faire mieux que la performance « dipandesque » !
Ses illustres aînées à l’instar de Myriam Makeba ou Angélique Kidjo se sont vu attribuer le titre de « Mama Africa » pour l’ensemble de leur carrière. Charlotte est encore à la fleur de l’âge de sa vie d’adulte et de sa riche carrière et pourtant, elle mériterait objectivement d’être appelée « Mama Africa ». Non pas pour une question du nombre d’années, mais plutôt par tout ce qu’elle véhicule comme message d’amour, paix, famille, par ses chansons et sa voix.
Bref ! Contrat pleinement rempli pour Charlotte Dipanda cette nuit du 23-24 octobre 2015 au Palais des Congrès à Liège. Mais une soirée qui s’était annoncée comme extraordinaire de bout en bout n’a eu au final que 3 heures de rêve. 3 heures durant lesquelles l’ange nommé Dipanda a fait oublier les nombreux manquements d’une organisation événementielle. L’événement qui devait être un 2 en 1 : une partie concert Live par Charlotte et une autre partie Gala Night. Le public n’a eu droit qu’à la partie Live, malgré l’énorme retard. Quant à la partie Gala Night, une animation d’une heure trente avant d’être éjectés de la salle, on ne pourra pas dire que cela a été une réussite.
Troisième acte : un dénouement raté
La fin du spectacle donné par Charlotte Dipanda devait sonner la deuxième chance donnée aux organisateurs de rattraper les tares de la première partie de soirée. Une fois de plus, on a voulu croire… Bis répétita. C’était une fois de trop encore. À 4 heures du matin, le public a tout simplement été invité à « déguerpir ». De façon plus polie, l’on dira qu’il a été invité à « quitter » la salle. L’événement tirant ainsi à sa fin, au grand étonnement de tous les acteurs présents sur la piste de danse et autour des tables qui ne s’attendaient pas du tout à ça. L’événement pensé jusque 5 heures 30 du matin au minimum s’est vu finir en queue de poisson avec un public qu’on pressait de sortir dès 4 heures « parce qu’il fallait nettoyer et ranger la salle ». Du rarement vu.
Au final, la conclusion est implacable. Au-delà d’un subjectivisme envers l’artiste invitée qui nous fait tout de même apprécier la soirée sur une note positive, l’honnêteté journalistique et l’engagement pour la conscientisation des masses africaines nous empêchent de ne regarder cet événement que sous le seul aspect de la prestation parfaite d’une artiste au vaste talent.
Il était important de révéler ces points négatifs. Les organisateurs d’événements africains ont une responsabilité autant importante que celle des médias africains de Belgique, une responsabilité envers leur public. Si le public a des manquements, c’est aux organisateurs de rehausser leur niveau d’Excellence et d’amener par leur savoir-faire le public à adhérer à cet esprit d’excellence. Surfer sur la vague d’un public habitué à la médiocrité et se réjouir du stricte minimum quand on a pourtant eu la possibilité de faire preuve d’excellence, tel est le pari pour un changement radical qui continuera à être mis face aux organisateurs d’événements africains de Belgique en particulier, voire au-delà en général.
Il existe désormais une nouvelle génération d’africains qui ne se contentera pas de la médiocrité, du stricte minimum. L’Afrique et les africains aspirent à l’Excellence. Nous avons eu un passé glorieux et nous espérons le retrouver. Cela passera par les attitudes et les initiatives personnelles de chacun. L’amateurisme et la médiocrité doivent définitivement laisser place à l’Excellence africaine.