Rencontre avec Henri Désiré N’zouzi: De la diplomatie au journalisme

Connu pour son rôle de présentateur et directeur de Radio Mboté, Henri N’zouzi nous présente son énorme parcours et sa vision.

Henri Désiré N’zouzi est un incontournable de la scène médiatico-culturelle afro-belge. Journaliste et directeur de Radio Mboté fondée par Jean-Jacques Beyne en 2013, Henry N’zouzi est également consultant pour les questions diplomatiques depuis 14 ans à l’institut royale des relations internationales où il encadre un module de formation donné aux diplomates africains et financé par Wallonie Bruxelles international. Originaire de RDC, ce présentateur hors pair maîtrise l’art oratoire qui combinée à son bagage intellectuel, s’est vu propulser à la télévision, notamment sur Vox Africa et La voix de l’Amérique où il revêt le costume de consultant politique.

henry desire n'zouzi
Henry Désiré N’zouzi

Henri N’zouzi est donc omniprésent, tant il est sollicité. Capable de présenter ou modérer des événements d’envergure, tels l’ABBW (Africa Belgium Business Week) ou le KINFOR (Kinshasa international forum) et passer aussitôt, avec le même enthousiasme aux choses beaucoup plus modestes, mais tout aussi importantes comme des soirées associatives et caritatives.

« j’essaie de me rendre utile tant que possible à la diaspora et à ceux qui travaillent étroitement avec elle. Il faut comprendre qu’au delà des projecteurs et des paillettes, il faut garder les pieds sur terre. C’est une manière aussi pour moi de garder mon équilibre. Quand on est passionné on trouve toujours du temps de faire ce qu’on souhaite. Mon rôle c’est de proposer et contribuer à la valorisation et à la promotion des diasporas. j’aime bien être dans l’accompagnement, faire connaître ceux qui méritent de se faire connaître. Je n’en tire aucun profit personnel, mais c’est mon moteur, je le vis intensément, c’est ma vocation. »

Henry N’zouzi est le fruit d’un cursus scolaire varié et d’une passion exacerbée pour le monde de la diplomatie. Après son diplôme supérieur en journalisme, il obtient une licence en sciences économiques et sociales de l’université de Mons avant de faire une maîtrise en sciences fiscales à l’Ecole Supérieure des Sciences fiscales. Il travaillera une année au sein d’un cabinet new-yorkais d’Audit d’entreprises avant que la diplomatie ne lui tombe dessus.

Consultant politique reconnu, mais pourquoi ce silence sur les questions épineuses congolaises?

Il faut savoir que j’ai déjà servi mon pays la RDC, j’ai été directeur de cabinet adjoint d’un ministre des affaires étrangères et conseiller diplomatique de deux ministres. j’ai assumé ces fonctions de manière intérimaire à la présidence de la république, j’ai participé à des négociations de paix notamment l’accord de cessation des hostilités de Lusaka. De retour en Belgique en 2002, je suis resté attentif à ce qui s’y passe, mais je suis passé à autre chose. j’ai plus tendance à organiser les débats qu’à prendre position. j’interviens sur vox Africa et la voix de l’Amérique sur ces questions là, et on ne peut pas être plus exposé que ça. je donne un point de vu qui se fonde sur une analyse objective, il est vrai que je me nourris d’avantage des échanges des autres.

Quel regard sur l’évolution des diasporas afro-belges?

Il faudrait plus de travail dans la mutualisation des efforts pour se faire entendre. Quand je regarde les diasporas arabo-musulmanes, je les trouve très bien représentées à tous les niveaux de pouvoirs. Ils ont des ministres, des chefs de cabinets, des sénateurs, des députés… Il y a à peine 4 députés subsahariens et encore, ils restent au niveau régional. Je pense que lorsqu’on évolue ensemble, il est important d’identifier celui ou celle qui a des compétences particulières; une fois qu’on les identifie, on s’appuie ensuite sur ces personnes pour pouvoir avancer et non les combattre à cause des ressentis personnels. Ceci est un problème récurrent au sein de nos diasporas.

Qu’y a t-il de positif?

Une grande forme de conscientisation, l’idée que nous devons nous unir si on veut s’en sortir, même si chacun l’exprime à sa manière. Je m’attend à une belle surprise aux prochaines élections car je le pense que les gens vont se ressaisir.

Un état des lieux du parc médiatique afro-belge…

Chacun défend son bifteck, mais le problème c’est lorsqu’il y a un engorgement dans certaines thématiques, certains se mettent sur le même créneau au même moment alors que des convergences sont possibles. je rappelle qu’en 2014, radio Mboté a été le seul média africain à organiser des débats contradictoires entre candidats issus de l’immigration et appartenant à des partis politiques différents. Nous avons été les premiers à créer des ponts avec d’autres médias, nous avons co-produit des émissions avec d’autres médias et avons toujours été demandeurs de synergies de ce type, mais malheureusement la réciproque n’est pas évidente.

Pourquoi ne pas initier une fédération de médias afro-belges?

Le problème est qu’initier ce genre de choses, pousse des gens à penser que vous allez en avoir le contrôle. Il y a des suspicions en tout genre.

Vous avez toute de même une certaine crédibilité.

Certes, c’est vrai et je peux vous dire par la même occasion que je suis assez insensible aux états d’âme des uns et des autres, car j’aime bien évoluer et nous nous connaissons depuis assez longtemps pour savoir que nous avons toujours été très demandeur pour coopérer. Si à un moment, le besoin se fait ressentir d’institutionnaliser ce cadre là, nous le ferons mais en temps et en heure, car il faut ménager les susceptibilités et laisser à chacun l’espace de liberté dont-il a besoin.

Que pensez-vous des journées de l’Afrique organisées par le Parti socialiste?

C’est une initiative je crois de Maria Arena, Bea Dialo et Caroline Désir. C’est intéressant dans le sens où les associations viennent à la rencontre des mandataires du PS, Il y a des recommandations prises chaque année, encore faut-il que l’on puisse en faire une évaluation. Moi je mets cela plus sur le compte de la convivialité, c’est une manière pour le PS de rappeler à la communauté subsaharienne qu’elle est sensible aux problèmes qui la concerne. Tout parti politique qui se lance dans ce type d’exercice le fera à la fois pour fidéliser ce type de communauté et rappeler évidemment qu’électoralement parlant, elle représente un poids. Cette diaspora a besoin d’être valorisée et c’est l’objectif je pense de cette journée. Après, il y a peut-être d’autres considérations, ne soyons pas naïfs, ça reste de la politique.

Vous redéployer en politique au Congo?

Il y a une certitude, c’est que je ne serai pas candidat aux prochaines élections. Mon épouse est déjà engagée politiquement là bas. Je la soutiens, je l’accompagne, mais je reste attentif à ce qui va se passer. Je continuerai à la place qui est la mienne de faire preuve de pédagogie pour expliquer quand il le faudra et où il le faudra ce qui va, ce qui ne va pas et ce qu’on peut faire. je compte pouvoir m’appuyer raisonnablement sur les médias avec lesquels je travaille.

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