La mort de l’histoire « officielle » face aux réseaux sociaux

Chaque individu connecté devient une source d’information, donc d’histoire!

« Il n’y a donc pas un sens à l’histoire ou un sens de l’histoire, mais un sens donné par l’historien à l’histoire qu’il raconte et qui prend forme sous la pression sculptante de son verbe. Le verbe fait la chair de l’histoire. » – Michel Onfray (Décadence).

Une vision réaliste de ce qu’est l’histoire, ou du moins de ce qu’elle n’est pas. Le tout se complique quand on s’imagine ce qu’elle sera. Nous sommes amenés à penser que l’histoire n’appartient plus aux historiens. Les faits sont les faits et leur réalité est intrinsèquement vraie, mais l’expression de ces faits par des mots apporte toute la subjectivité du conteur qui n’en fait qu’un agrégat de récits de perceptions.
Plus jamais nous ne serons à la merci des mots d’historiens validés par leurs maisons d’éditions elles même influencées par les financiers et les courants politiques.

Le déclin « Fernand Nathan »

Le monde moderne et ses nouvelles technologies ont mis un terme à l’éternel monopole de Fernand Nathan & Cie sur le sens de l’histoire. La télévision emboîtait ensuite le pas, partageant un demi-siècle durant, ce règne dictatorial. A cette époque, il était établi que Christophe Colomb avait découvert l’Amérique, que les noirs n’avaient pas d’âmes, que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massives, que Jésus reviendrait juger les vivants et les morts.

Où en sommes-nous aujourd’hui alors que 97% des belges de plus de 15 ans détiennent un smartphone ? que chaque individu connecté devient une source d’information, donc d’histoire ? à quoi ressemblera l’histoire de demain et surtout quelle légitimité aura-t-elle ? quel crédit un petit fils de réfugié soudanais de 2018 donnera-t-il à l’histoire officielle de son peuple quand il ira dans le cloud découvrir les photos prises par son grand-père, les publications facebook ou le blog de sa grand-mère créé 50 ans plus tôt ?
Qui dans 50 ans aura la lourde tâche de constituer ce que les Etats valideront comme étant l’histoire officielle ? Seraient-ce les même qui décident aujourd’hui de qui fait l’histoire ?

Le paradoxe Will Aime

Il faut être aveugle pour nier le fait qu’il existe deux mondes en conflit de légitimité. Le monde ancien incarné par Fernand Nathan et dame télévision dont les enfants sont entre autre Michel Drucker, Emmanuel Macron, Pascal Vrebos, Patrick Bruel, Stephane Pauwels, Issa Doumbia, Laurent Ruquier… Encore puissant, ce monde s’effondre et sa chute ne cesse de s’accélérer à cause de sa négation des nouveaux phénomènes dont il est jaloux de ne point en être le géniteur. Si non, comment expliquer l’inexistence médiatique [dans l’ancien monde] du jeune Will Aime qui à lui tout seul fait plus d’audience qu’RTL et RTBF réunies ? Will Aime, c’est 10 à 60 millions de vues par vidéo postée sur facebook, 4.600.000 followers, soit l’équivalent de la population belge francophone. Ce jeune afro-français n’est que le symbole d’un monde parallèle nié du monde officiel. Le web a offert inéluctablement la place aux parias des médias, aux talents discriminés par l’ancien monde, aux génies rebelles et aux accidents de la vie.

Vers quoi nous mène l’avenir? un chaos historique définitif dans lequel plus personne ne croira en rien? ou un accaparement du monde 2.0 par l’ancien monde en vue de le « normaliser »? 

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