Golden Afro Artistic Awards 2023: le palmarès

Bruxelles a accueilli le 21 octobre dernier, la 8ème édition des Golden Afro Artistic Awards, une cérémonie prestigieuse de récompense et de reconnaissance des projets culturels et d’artistes afrodescendant(e)s en Belgique. Cet événement, créé par le magazine Brukmer il y a 8 ans, vise à mettre en lumière le talent, l’art et la créativité dans toute leur diversité, contribuant ainsi au rapprochement des civilisations et des cultures.

Depuis sa création en 2016, les Golden Afro Artistic Awards ont récompensé et mis en avant plus de 70 artistes, propulsant leurs carrières vers de nouvelles hauteurs. Des artistes tels que Marc Zinga, Kody, Jeny BSG, Cécile Djunga, Lubiana et bien d’autres ont reçu reconnaissance lors de cette cérémonie.

Le thème choisi cette année est « Ujamaa », un terme swahili signifiant la famille élargie. Cela incarne un message puissant d’unité, de partage et d’égalité, inspiré par le concept cher à Julius Nyerere, premier président de la Tanzanie. « Ujamaa » prône l’égalité en éliminant toute forme d’exploitation et en promouvant un partage équitable des ressources et des talents au sein de la société. Voici le palmarès 2023

MUSIQUE : Mesquerem Mees

Meskerem Mees est une comète de 22 ans qui a captivé le monde de la musique avec sa guitare acoustique, sa voix céleste et ses paroles poétiques, transportant les auditeurs dans un univers enchanté.

Dès ses débuts, Meskerem a suscité un engouement immédiat. Son premier single, « Joe », l’a propulsée en tête du classement de la radio flamande Studio Brussel, déclenchant une série de succès. La sortie de son premier album a confirmé son talent, récoltant de multiples récompenses, notamment le Talent Award du prestigieux Montreux Jazz Festival en Suisse, les Grands Prix du Humo’s Rock Rally en Belgique et les Music Moves Europe Awards, honorant l’émergence musicale européenne. Nommée dans quatre catégories pour les Music Industry Awards de la VRT, elle a également conquis des festivals majeurs comme le Printemps de Bourges et les Francofolies de La Rochelle.

Meskerem a le visage empreint de douceur, ce regard émerveillé et cette petite voix douce qui vous berce. Née à Addis-Abeba en Éthiopie, trouvée dans la rue par une personne qui la dépose à l’orphelinat, Meskerem Mees est adoptée à l’âge de dix mois par un couple belge qui l’emmène vivre à Merendree, un petit village en Flandre-Orientale, à quelques kilomètres de Gand. Un début d’existence déjà chargé d’émotions.

Elle grandit ainsi dans une ferme, avec des moutons, des poulets, des cochons et un âne appelé Julius, qui a l’honneur d’être le titre de son premier album et de figurer sur la pochette. « Grandir dans cet environnement tranquille a défini ma personnalité car je suis une rêveuse, j’ai la tête dans le ciel en permanence » dira t-elle. Mesdames et messieurs, les Golden Afro Artistic Awards ont l’honneur de vous présenter Meskerem Mees !

2- DANSE & CHOREGRAPHIE : Alessandra Seutin

Alessandra Seutin est une pointure mondiale de la danse, performeuse et créatrice pluridisciplinaire. Née à Harare au Zimbabwe, de parents sud -africains et belges, elle trimbale dans sa besace deux décennies d’expériences internationale. Directrice artistique, chorégraphe, interprète, mentor, enseignante, écrivaine pour performance et musique, Alessandra a suivi sa formation au Conservatoire de musique et de danse de Trinity Laban et à l’Université Middlesex de Londres.

Son temps, elle le partage entre le Royaume-Uni, la Belgique et le Sénégal où elle est co-directrice artistique de la célèbre École des Sables depuis 2020. Ayant elle-même été formée dans cette institution auprès de la doyenne Germaine Acogny, Seutin est une ambassadrice mondiale et enseignante de la technique Germaine Acogny.

Alessandra Seutin a fondé en 2007 la compagnie « Vocab Dance » et a progressivement bâti sa réputation en créant des performances artistiques de haut vol. Réputée pour sa chorégraphie typiquement théâtrale et son mélange de vocabulaire gestuel, de texte et de danse, le travail de la compagnie se concentre sur l’exploration de sujets qui ont un impact sur nos sociétés, embarquant ainsi son public dans un voyage de théâtre dansé captivant et franc.

Seutin est récemment revenue sur scène en tant qu’interprète, chorégraphe et directrice de mouvement pour « Dear Winnie », une performance multidisciplinaire primée sur la vie de Winnie Mandela.

Le monde est sa muse et à travers ses créations, elle commente la réalité sociale, politique et économique avec la danse, le chant et la musique.

PHOTOGRAPHIE :Teddy Mazina

Teddy Mazina, né au Burundi en 1972, est le parfait photographe-artiviste de la mémoire, un défenseur visuel de l’histoire politique de son pays. Son engagement débute en 1993, lorsqu’il prône la non-violence et co-fonde l’organisation Jeunesse Future pour lutter contre l’extrémisme et la manipulation politique de la jeunesse burundaise. Cela lui vaut un premier exil en Belgique en 1995. Revenu au Burundi, il constate le manque de documentation de l’histoire contemporaine de son pays, ce qui alimente l’amnésie collective et la récurrence des problèmes socio-politiques.

Convaincu que la photographie peut lutter contre cette amnésie, Teddy Mazina crée une archive mémorielle de l’histoire politique du Burundi. PIGA PICHA, le mouvement qu’il fonde en 2010, se concentre sur la collecte d’images photographiques des élections diffusées par les médias locaux, cherchant à informer la population burundaise.

Son premier livre « Des tambours sur l’oreille d’un sourd, » publié en 2015, documente en photo la répression des manifestations politiques au Burundi par la photographie. Censuré au Burundi, Teddy Mazina est contraint à un second exil vers la Belgique. Il recevra le prix Martine Anstett pour son engagement en faveur des droits de l’homme et la liberté d’expression.

Son projet photographique « Muzungu Tribes » explore les racines des crises politico-ethniques et du racisme dans la région des Grands Lacs africains et au-delà, questionnant les archives photographiques coloniales et leur utilisation pour créer des stéréotypes racistes et propager la propagande coloniale.

Actuellement en résidence de recherche à l’Africa Muséum, Teddy Mazina poursuit son projet « Muzungu Tribes » avec « My name is No Body, » une exploration de la photothèque coloniale belge et de son impact sur nos imaginaires collectifs et la persistance des stéréotypes raciaux. Un grand monsieur de la photographie se trouve parmi nous.

COUP DE CŒUR DU JURY :Collectif Faire-part 

COLLECTIF FAIRE-PART est un ensemble d’artistes belges et congolais qui se sont mis ensemble pour raconter autrement à travers le cinéma, de nouvelles histoires sur le Congo, sur la Belgique dans la complexité des relations les unissent.

Le groupe a été fondé par Anne Reijniers, Paul Shemisi, Nizar Saleh et Rob Jacobs, rejoint ensuite par  Stephanie Collingwoode Williams.

Lorsqu’ils ont commencé à travailler ensemble en 2016, Leur propre collaboration déjà complexe a servi de prisme important à travers lequel ils tentent de comprendre le monde dans lequel ils évoluent. Ils réalisent des films des photographies, des ateliers, des workshop et surtout un festival hors du commun appelé le SOKL.

Ce festival où se mêlent engagement et créativité est une sorte d’agencement artistique d’actions décoloniales.

Au départ, SOKL a vécu comme une installation qui accompagnait le film « Echangeur » lors de ses projections à Anvers et Bruxelles. Au fur et à mesure, SOKL est apparu comme une invitation aux artistes et activistes à s’exprimer, à intervenir.

Désormais, Durant un mois de festival, SOKL accueille des performances, des installations, des ateliers et des projections hors du commun. Au cours de ces dernières années, le collectif s’est transformé en un groupe plus large de collaborateurs réguliers entre la Belgique et la République démocratique du Congo, dans lequel la répartition des rôles change à chaque projet.

THEÄTRE & CINEMA :François Ebouele

François Ebouele est un Acteur, comédien et metteur en scène d’origine camerounaise. Formé au Cameroun et en Belgique, depuis 2004 il a mis en scène plus d’une dizaine de spectacles dont « le rêve du tarmac » de Muriel Verhoeven, « M’appel Mohamed Ali » de Dieudonné Niangouna, « Dounia » d’appolinaire Djomou, ou plus récemment encore « Sankofa » de Sabiha El Youssfi.

Aussi percutant à l’écran qu’explosif sur scène, François Ebouele impressionne dans son rôle dans combat de nègre et de chiens de Bernard Koltes.

En tant qu’acteur, ses rôles ne se dénombrent plus entre séries télévisées, longs et courts métrages. En 2016 et 2017, il joue dans « Le plombier » et « l’ours noir » de Meryl Fortunayt et Xavier Serron qui recevront tous les deux le Magritte du meilleur court métrage.

Travailleur acharné, ses seul en scène « Quand sonne le Glas » de Kouam Tawa et « le mono délire de la rue case tout » lui ouvriront les portes de la comédie française où il réussi l’exploit d’être diffuseur de pièces dans lesquelles lui-même joue.

François Ebouele c’est bien plus que des planches et les caméras, sa fibre sociale le met en permanence en contact avec des populations défavorisées à travers des projets de lecture pour tous. Depuis 2014, son projet « Donner une chance à demain » a généré la construction et l’équipement de plusieurs bibliothèques dans des zones socialement difficiles au Cameroun et en RDC. Monsieur Ebouele, vous êtes une chance pour nous !

MODE & DESIGN : Ndiaga Diaw

Ndiaga Diaw incarne l’essence même de l’exclusivité et de l’artisanat précis dans l’industrie de la mode.

Autodidacte passionné, Propriétaire d’une boutique de haute couture exclusive au Sablon, à Bruxelles, il a su charmer les amateurs de mode par ses créations uniques, alliant élégance, innovation et diversité culturelle.

 Fort d’une carrière de plus de deux décennies, Ndiaga Diaw est un créateur de haute couture renommé originaire du Sénégal.

Depuis 2005, il s’est imposé une place dans l’industrie de la mode par son engagement en faveur du développement durable. Ndiaga a une vision audacieuse qui assoie une marque de mode au-delà de l’esthétique, en intégrant des principes de responsabilité sociale et de durabilité. Il croit fermement que la mode peut être un instrument puissant pour promouvoir la diversité, l’inclusion et l’égalité tout en minimisant l’impact environnemental de l’industrie.

Ndiaga Diaw s’est donné pour mission de responsabiliser les communautés en intégrant l’artisanat traditionnel dans ses créations. En préservant et célébrant les savoir-faire traditionnels, il aspire à élever les artisans, à honorer leur patrimoine et à les promouvoir.  

Sa démarche veut pallier au manque d’accès à des vêtements de haute qualité, uniques et inspirés par les cultures traditionnelles. Son engagement en faveur de la mode lente, du design intemporel et de la production éthique vise à offrir une alternative durable et significative dans l’industrie de la mode, remettant ainsi en question la domination de la fast fashion.

Ndiaga Diaw rêve de redéfinir le luxe en y intégrant un profond respect pour la planète et ses habitants.

ART PLASTIQUE : Sammy Baloji

Sammy Baloji est un artiste visuel de renom qui incarne la quête incessante de mémoire et d’histoire de la République Démocratique du Congo à travers son œuvre captivante.

Depuis 2005, il explore les méandres du patrimoine culturel, architectural et industriel de la région du Katanga, interrogeant les séquelles de la colonisation belge et scrutant les multiples facettes des identités en perpétuelle métamorphose.

Sa collaboration avec Rosa Spaliviero a abouti à la création de la Twenty Nine Studio & Production en 2017. Cette entreprise polyvalente offre des services de conseil, de recherche, de prospection et de production dans le domaine de l’art, englobant les arts visuels et audiovisuels.

Cofondateur de Picha en 2008, Sammy Baloji a joué un rôle majeur dans la mise en place de la Biennale de Lubumbashi. Il a façonné des expositions marquantes telles que « Style Congo. Heritage & Heresy », qui explore les politiques de représentation et d’appropriation culturelles. L’exposition propose une chronique visuelle de la représentation du Congo lors des expositions internationales entre 1885 et 1958, en prenant l’Art nouveau comme point de départ, connu alors sous le nom de « Style Congo ».

Les œuvres de Baloji bousculent les récits conventionnels et les racines coloniales de ce patrimoine, remettant en question les marques de la colonisation dans les paysages urbains de Bruxelles et du Congo. Elles visent à décoloniser les espaces privés et publics, à réécrire les marges de l’histoire et à proposer une reconfiguration décoloniale des identités.

Son parcours académique est jalonné de réussites, incluant un doctorat en recherche artistique à Sint Lucas Anvers, en Belgique. Cependant, Les racines de sa formation remontent à l’Université de Lubumbashi, où il a étudié les sciences de l’information et de la communication ainsi que les arts et les humanités, faisant de cet héritage éducatif une source d’inspiration fondamentale pour son remarquable travail artistique.

VALORISATION CULTURELLE :Ras el Hanout

L’association Ras El Hanout, établie à Molenbeek-Saint-Jean depuis 2010, incarne l’essence du brassage culturel et de l’engagement citoyen à Bruxelles. Le nom « Ras El Hanout », symbolise un mélange d’épices du monde entier, évoque la richesse de la diversité culturelle et l’ardeur à soulever des questions cruciales.

À travers son action culturelle engagée, Ras El Hanout veut susciter des réflexions par le biais de la médiation culturelle comme levier d’émancipation et de dialogue social ; permettant ainsi d’aborder les enjeux sociétaux sous des perspectives différentes. Pour cela, l’association propose une variété d’ateliers, de stages et de créations artistiques innovantes ouverts à un large public aux horizons divers.

Fondée par un groupe d’amis bruxellois passionnés par le théâtre et son pouvoir émancipateur, sa présidente Bachira Boulaich et son directeur Salim Mohamed Haouach mettent un point d’honneur à promouvoir l’égalité des genres, la diversité, l’inclusion sociale, tout en déconstruisant les stéréotypes et en luttant contre les discriminations.

Ras El Hanout agit comme actrice de démocratie culturelle en offrant des activités d’éducation permanente, d’expression créative et d’art amateur et professionnel, favorisant l’autonomisation et la cohésion sociale.

Au fil des années, Ras El Hanout s’est structurée et offre aujourd’hui un espace d’expression, de partage d’expérience, de connaissance et de compétences, qui contribue ainsi à une transformation sociale positive.

9- LITTERATURE : Marie Darah

Marie Darah se défini.e comme une personne de genre fluide et vegan·e. Iel. poète fluide et engagée, représente la puissance de l’expression artistique à travers des mots qui défient les frontières et les catégories. Champion·ne de Slam de Belgique et d’Europe en 2021, iel s’est imposé·e dans le monde de l’art par sa poésie novatrice. Née à Charleroi en 1989, cette artiste multidisciplinaire a choisi Bruxelles comme terre d’accueil et de création.

Formé·e au Conservatoire de Bruxelles en art de la parole, iel a affiné ses compétences artistiques et cultivé sa passion pour l’écriture, le chant et la comédie musicale. Marie Darah évolue au sein de la compagnie des Voyageurs Sans Bagage, où iel se produit régulièrement en tournée. Sa créativité s’exprime dans son écriture, son slam, un univers où iel brille aux côtés de poètes renommés.

Marie Darah ne se limite pas à la scène artistique ; iel se bat contre les inégalités et les violences systémiques. À travers ses textes, elle tisse un lien profond entre son vécu et les problématiques d’une société marquée par le capitalisme, le post-colonialisme et le patriarcat. Son premier ouvrage, « Depuis que tu n’as pas tiré », est une œuvre poétique engagée écrite en slam, publiée chez MaelstrÖm ; et sera suivie d’un second en 2022 intitulé “Sous le Noir du Tarmac ». 

ARTISTE MUSICAL EMMERGENT DE L’ANNEE: ÂA

Dans la catégorie musicale, un concours est organisé depuis deux ans, avec pour but de mobiliser les pépites artistiques en état d’émergence.

Cette année, 80 artistes ont participé au concours et 10 d’entre eux ont été retenus par le jury pour la finale. Ces 10 artistes se sont produits en concert sur la scène du cirque Royal (The club) le 17 septembre 2023. Des artistes au talent pur, des profils variés et des univers d’une extrême richesse. Les 10 artistes ont ensuite été soumis au vote du public en salle, par le jury et par le grand public. Le gagnant de ce long processus est l’artiste ÂA.

Crédit Photo – Nine Louvel

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