Chris Brown et Rihanna en Côte d’ivoire pour des Kora en échec
C’était l’ultime couac de la cérémonie: le chanteur de R&B Chris Brown, qui devait être l’attraction du show, a finalement fait faux bond aux Kora. Il était au même moment devant ses fans, tête d’affiche d’un concert – très retardé – au grand stade de la capitale économique ivoirienne, à quelques minutes de l’historique hôtel Ivoire où avait lieu l’équivalent africain des Grammy Awards.
Le groupe ivoirien Magic System a été sacré dimanche à Abidjan aux Kora Awards, la grande fête de la musique africaine ternie cette année par de nombreux ratés, tandis que le chanteur américain Chris Brown a donné un concert « pour la paix en Afrique ».
Prévue samedi soir, la cérémonie des Kora avait pourtant été reportée in extremis pour lui permettre d’y assister, car il n’avait d’abord pu monter dans son avion pour la Côte d’Ivoire, selon l’homme d’affaires béninois Ernest Adjovi, le médiatique et controversé patron des Kora.
Chris Brown avait fini par atterrir à Abidjan dimanche dans la nuit en compagnie – supplément d’âme et de paillettes – de la star Rihanna. De quoi réjouir les amateurs de potins « people », qui ne ratent rien de la chronique de leurs amours tourmentées.
« Pardon »
Sur la fin de la cérémonie d’environ trois heures, Ernest Adjovi a dû demander « pardon » à la Côte d’Ivoire pour cette avalanche de « dysfonctionnements », largement commentée à Abidjan.
Malgré l’absence de nombre d’artistes – officiellement en raison du report – la musique fut à l’honneur, à commencer par celle de Côte d’Ivoire. Le quatuor ivoirien Magic System, qui enchaîne les succès depuis son premier tube « Premier Gaou », a été consacré (en son absence) meilleur groupe africain de l’année.
Vedette du coupé-décalé, genre musical ivoirien ultra-syncopé, DJ Arafat, plus star que jamais en blouson de cuir et lunettes noires, a été couronné comme meilleur artiste du continent, sous les yeux de l’icône Didier Drogba, leader de l’équipe ivoirienne de football.
La gracieuse Chidinma, venue du Nigeria, a enchanté la cérémonie et est repartie avec le trophée de la meilleure artiste ouest-africaine. Le chanteur algérien de raï Cheb Khaled a été distingué pour l’Afrique du Nord, tandis que la « mama » Patience Dabany, ex-Première dame du Gabon et mère de l’actuel chef de l’Etat Ali Bongo, a été célébrée comme « femme de l’année ».
Pour la « diaspora africaine » aux Europe, le groupe de rap français Sexion d’Assaut a été honoré. Côté Etats-Unis, c’est Chris Brown – « Breezy » pour ses fans – qui a décroché le prix.
L’édition d’Abidjan – marquée non seulement par la confusion autour de Chris Brown, mais aussi par le retard dans l’acheminement d’une partie du matériel – est un épisode de plus dans le parcours heurté des Kora, événement créé en 1994 en Afrique du Sud et qui a eu comme invités l’ex-président sud-africain Nelson Mandela et Michael Jackson.
La star sénégalo-américaine du R&B Akon avait fait défection lors de la précédente édition, en 2010 au Burkina Faso, montée après des années de léthargie pour cause de difficultés financières et une édition avortée au Nigeria. Le gouvernement du président Alassane Ouattara a mis la main à la poche pour aider à financer le grand raout 2012, qui pour lui est une marque de la normalisation en Côte d’Ivoire depuis la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011 aux quelque 3.000 morts.
Avant même les ratés dans l’organisation finale, l’événement a été atteint par une polémique sur le prix des places, qui allait jusqu’à un million de francs CFA (1.500 euros). Un tarif hors de portée pour la plupart des Ivoiriens.