CHRISTELLE PANDANZYLA : RÊVER ET ENTREPRENDRE

Brukmer vous plonge dans l’univers personnel de cette femme travailleuse, rieuse, qui a su transformer les claques que la vie lui a infligées pour en faire la personne qu’elle est devenue aujourd’hui : positive, engagée.

De parents congolais, Christelle est née un 24 octobre au coeur de la capitale européenne avec la soif de découvrir le monde qui l’entoure, de multiplier les expériences enrichissantes et assouvir sa passion pour le genre humain. Benjamine d’une fratrie de 4 filles, c’est une jeune femme, rêveuse, engagée, pleine d’étoiles dans les yeux lorsqu’il s’agit à chaque fois de valoriser les richesses de son Afrique. Sa mère : « modèle de force et de courage. Elle a toujours pris et continue de prendre son bâton de pèlerin pour sa famille et défendre des causes justes. Je suis la digne fille de mes parents. Les actions que je déploie aujourd’hui, c’est à eux seuls que je le leur dois ».

ENTRETIEN…

Un petit aperçu des nombreuses casquettes que vous portez ?

Je co-anime l’émission Africana sur Radio Campus qui est diffusée tous les jeudis soirs de 19h30 à 21h30. Cette émission est une incontournable du paysage radio de la diaspora depuis 26 ans déja! Vous pouvez également me voir sur des chaînes télés en Afrique dans émissions telles le #CFR6Show dans laquelle j’anime une rubrique culturelle « Just Follow Me ». Avec Roots Events, nous organisons également les Afro’péros : les apéros networking mensuel des entrepreneurs et des professionnels de la diaspora. Je présente des événements, j’écris pour certains magazines, j’interviens dans des conférences sur les thématiques d’empowerment de la femme, de l’entrepreneuriat de la diversité, de la communication et du marketing ethnique etc. Bref! J’ai une soif d’apprendre et de partager…

Où puisez-vous votre énergie ?

La force de la conviction et la passion. Je n’ai pas besoin de café pour me booster le matin. Je n’ai pas besoin d’alcool pour me redonner un coup de fouet. Je n’ai pas besoin de drogues pour tenir debout. 
J’ai juste besoin de continuer à croire en ce que je fais et que même si les effets ne peuvent parfois pas directement se ressentir, j’aurai réussi à toucher au moins une personne qui en touchera une autre et ainsi de suite…

Quelle période considérez-vous comme le véritable tournant de votre vie ?

Le décès de mon père le 22 janvier 2011. Il était mon repère, le phare de ma quête à l’accomplissement de moi. J’étais à ce moment-là au Gabon pour un voyage caritatif et avant de partir j’avais eu une discussion avec lui sur mon voyage, mes aspirations etc. Je suis originaire du Bandundu en RDC et il me parlait du fait que notre peuple avait migré au Gabon et dont la famille du président était issu.
Une discussion rapide car comme je vivais ma vie : je courrais tout le temps et me disait qu’on avait toujours le temps. Rendez-vous était pris à mon retour pour continuer la discussion. Cela peut sembler naïf mais c’est vraiment le cas : mon père était une source intarissable de connaissance.


Sur place durant mon séjour de 10 jours, il m’est arrivé à maintes reprises de le citer dans mes conversations, jusque dans mes interviews radios et écrites. Je crois fermement aujourd’hui qu’il m’insufflait sa force. La veille de mon départ, d’un simple coup de fil : mon monde s’écroule. Ca a été un moment douloureux : loin de ma famille, dans une chambre d’hôtel entourée d’inconnus. En Belgique les discussions ont été vives, à savoir si on m’appelait pour me prévenir ou si on me laissait revenir en paix pour que je n’ai pas à gérer toutes ces heures de vol, toute seule.

L’équipe du Gabon parmi laquelle se trouvait ma meilleure amie, Tatiana Raway m’a beaucoup soutenue. L’équipe à bord de l’avion a même fait en sorte également que je puisse être un peu isolée et pleurer calmement si le coeur m’en disait.
Le retour à Bruxelles s’est avéré difficile dès l’accueil par mes soeurs et mes cousines à l’aéroport. Après ça, je me suis rendue compte de ce que je pouvais peut-être faire en ce qui concerne la promotion de notre culture. Je devais pour cela m’y atteler sérieusement car les personnes et les témoins ne sont pas éternels. Parce que d’autres branches poussent et sans racines n’auront pas de futur…

La Tanzanie. Moment important de votre vie.

Oui! Après quelques années où je n’avais plus foulé la terre mère. À la faveur d’une opportunité, le hasard m’y a donc amenée en passant d’abord par Nairobi au Kenya. Depuis lors, je suis convaincue que le hasard n’existe pas et que je devais être là à cet instant, à ce moment. J’ai été à la rencontre d’un peuple, d’une culture qui étaient à la fois proches de ce que je pouvais connaître de par mon éducation belgo-congolaise mais en même temps assez éloignés pour qu’en 2 semaines, je ressorte de là enrichie au-delà de toute imagination.
C’est là bas que l’idée de Roots Events ( qui devait s’appeler Héritage à la base) est née. En phase avec la terre mère et notre bagage européen, que la philosophie de Roots Events a été écrite.

« Célébrons la création Afro-caribéenne ». Faire un pont entre l’Afrique et la Caraïbe. En quoi est-ce si important à vos yeux ?

Nous sommes une famille séparée : des rejets et des incompréhensions peuvent plomber nos rapports. Il est primordial pour moi que ces liens soient resserrés et que l’on ne se voit pas parfois comme des ennemis mais que l’on travaille main dans la main pour de meilleurs lendemains. Ca peut paraître naïf mais là, je suis réaliste et pas ultra optimiste. Nous n’arriverons à rien en étant séparés. Faire un pont entre les africains eux-mêmes est aussi l’un de nos leitmotivs. J’ai lu il y a quelques mois sur les réseaux sociaux : « Ce que l’africain connaît le moins bien, c’est l’Afrique ». C’est clairement vrai et nous voulons aller au-delà des frontières qui ont été crées, des séparations ethniques qui ont été exacerbées pour revenir au sens même du panafricanisme.

Passionnée, rêveuse ou utopiste ?

J’adore voyager. Les voyages forment la jeunesse dit-on mais je crois que l’on ne cesse jamais de grandir donc voyager ouvre l’esprit. Je suis foncièrement une rêveuse mais je ne reste pas perchée sur mon nuage en attendant qu’il se réalise tout seul. Ce qu’il ne fera pas car il faut se bouger et se donner les moyens pour essayer d’atteindre ses rêves. Je suis une rêveuse oui car au-delà de mes rêves personnels, j’ai des rêves collectifs et là encore j’embarque qui veut me suivre dans cette aventure! Rêver c’est bien. L’accompagner d’action, c’est mieux!

Je ne suis clairement pas une utopiste. La vie et ses vicissitudes m’ont clairement fait comprendre que nous ne vivons pas dans un monde de bisounours. Et c’est tant mieux comme ça! Vous imaginez-vous vivre entouré d’arc-en-ciel et de poneys roses et bleus? Non merci, je préfère vivre dans un monde de mille et une couleurs et nuances…

INTERVIEW COULEUR :

Verte de rage? La mauvaise foi flagrante


Jaune de jalousie? Je n’ai pas un tempérament de jalouse donc j’ai du mal à trouver ce qui pourrait m’amener à vouloir posséder ce qu’autrui possède sans en connaître ses sacrifices, ou à ne pas laisser suffisamment de liberté à l’être aimé pour qu’il puisse s’épanouir.

Noire de colère? La colère monte chez moi petit à petit : ce sont de petites accumulations qui mises bout à bout font déborder le vase. Les causes peuvent être donc multiples.

Rouge de plaisir? J’ai dû mal à accepter les compliments et en même temps, je ne peux pas mentir que cela peut parfois tomber à point nommer et faire plaisir…

Peur bleue? Être enfermée avec des serpents, vers de terre et autres petits insectes

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