Interview exclusive de Calypso Rose au festival Esperanzah en Belgique
La reine du Calypso, pour ne pas dire la Déesse, était cette année présente à Esperanzah pour venir faire découvrir la Calypso Music à ceux qui ne la connaîtraient pas encore.
Fort d’un dernier album produit par Manu Chao, Calypso Rose a su faire vibrer un public conquis du début à la fin ! Fatiguée par son voyage jusqu’en Belgique, elle nous a quand-même accordé une interview exclusive pour un petit voyage dans le temps…
Ça fait des années que vous voyagez aux quatre coins de la planète. Quel est votre sentiment en tant qu’ambassadrice de la Calypso Music dans le monde entier ?
Je suis heureuse et fière d’être encore en vie après les épreuves que j’ai traversées. Je suis fière de représenter mon pays, Trinidad & Tobago, à travers sa musique, sa culture. Je suis encore là pour tous mes fans. Tous ces gens qui ont découvert la Calypso Music via mes albums.
D’où vient la Calypso Music à la base ?
Initialement, elle est née en Afrique de l’Ouest. Pas du Nord, pas du Sud, mais de l’Ouest ! C’est de là que mes ancêtres sont originaires. C’est pour ça que je peux dire que « je suis Calypso ».
Qu’avez-vous ressenti en devenant la première « Reine » du Calypso ? Initialement, les concours étaient réservés aux hommes…
Tout d’abord, il y a eu une « Lady », mais pas une « Queen ». Je suis en effet la première et l’unique reine du Calypso. J’avais 15 ans la première fois que je suis montée sur scène. C’était en 1955. A l’époque, j’ai dû me battre contre les clichés. On me disait que le Calypso est réservé aux hommes uniquement. Le plus dur a d’ailleurs été de convaincre les femmes ! Selon elles, je ne respectais pas la tradition. Mais ça fait partie de notre culture, peu importe qu’on soit un homme ou une femme.
J’ai le Calypso dans le sang, dans les veines ! Je n’ai jamais fait d’études de musicologie. Je n’ai jamais été au solfège. J’ai appris en regardant mes aînés, en particulier mon grand-père. Et pour le reste, j’avais cette musicalité, ce rythme dans le sang. Et j’ai donc créé mon propre style, mon Calypso ! C’était en moi. C’est pour ça que je suis là aujourd’hui, en Belgique et partout dans le monde. J’ai le Calypso dans la peau, et je ne peux rien faire d’autre que de le partager avec le monde entier.
On pourrait presque penser à vous écouter que c’est un devoir d’être sur scène…
Ça l’est ! C’est un bonheur de voir la foule danser comme tout-à-l ’heure. Mais c’est un devoir de faire connaître la culture de Trinidad & Tobago à travers le monde ! Et je continuerai jusqu’à mon dernier souffle !
Votre vie a été pleine de combats. N’êtes-vous pas fatiguée ?
Non. J’ai dû combattre beaucoup de choses sur le plan personnel, c’est vrai. Mais aujourd’hui, mon seul but, la seule chose qui m’anime, c’est de partager ma culture avec les autres. C’est tout ce qui m’importe. Et quand je vois des milliers de jeunes sauter et danser devant mes concerts, je dois dire que c’est tout sauf fatiguant. Ça me donne de la force et du bonheur. Ça me maintient en vie !
Interview menée par Ammouna pour Brukmer Magazine