Les questions qui dérangent à travers « Botala Mindele »

Rémi De Vos frappe fort avec sa nouvelle pièce « Botala Mindele »

Botala Mindele qui signifie « regarde l’homme blanc »,  c’est la nouvelle oeuvre de Rémi De Vos, un des plus grand auteurs vivants de théâtres français. Le dramaturge perçoit le théâtre comme une façon de poser des questions qui dérangent l’ordre et le système de pensée établis. Et on peut dire qu’il a réussi son coup.

Un soir à Kinshasa… Ruben, interprété par l’excellent Phillippe Jeusette, regarde par la fenêtre. Lui et Mathilde sa femme (Valérie Bauchau) attendent Corine, joué par Stéphane Bissot, et Daniel (Benoît Van Dorslaer) un couple d’amis qu’ils ont invité à dîner. Ce dernier, a un projet concernant le caoutchouc  et impliquant les pouvoirs publics congolais. Il a donc besoin de Ruben pour rentrer en contact avec Dyanbanza (Ansou Diedhou), le ministre compétent en la matière. Quand celui-ci finit par arriver, c’est pour dire à Ruben que l’important chantier public qu’il était sensé décrocher auprès du gouvernement congolais à été accordé aux chinois.

Bien que n’étant pas une oeuvre sur le colonialisme, Botala mindele, nous renvoie tout de même au passé coloniale de l’Europe tout en nous rappelant, le lien étroit qui lie encore aujourd’hui ce continent à l’Afrique, représentée ici par les deux domestiques noirs Louise et Panthère, respectivement interprétés par les talentueux Priscilla Adade et Jérémie Zagba. La pièce, met en avant deux couples de bourgeois blancs hyper maniérés, emplis de préjugés à l’égard des africains et qui ne sont visiblement sur cette terre riche que pour se remplir les poches. C’est là, une façon de tourner en dérision cette classe qui peut parfois se sentir supérieure au reste du monde. Cet homme blanc qui éventuellement se demande « que serait l’Afrique sans moi? » mais qui, dans ce scénario, se rend compte qu’elle n’a plus besoin de lui. Cela nous laisse croire, que les questions véritables à se poser seraient peut-être : « n’est-ce pas plutôt l’homme blanc qui a besoin de l’Afrique » et « que serait-il sans ce continent ? ».

Hypocrisie et tension sexuelle reignent en maître tout au long de cette pièce, présentée par une mise en scène simple mais super efficace. Si le suspens n’est pas réellement à son comble, l’excellent jeu des acteurs et les dialogues très audacieux teintés d’un superbe cynisme et d’humour noir, font qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde. Finalement quand vient la fin, c’est presque un sentiment de tristesse qui nous envahit à l’idée de dire au revoir à ces personnages auxquels on s’attache très vite.

La troupe se produira pour la dernière fois à Bruxelles ce 14 octobre au théâtre de poche et partira ensuite en tournée dans toute la Belgique.

 

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